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EAN : 9780813017099
365 pages
University Press of Florida (30/11/-1)
4/5   1 notes
Résumé :
Compilation d'entrevues réalisées avec Harry Crews et menées entre 1972 et 1997.
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Harry Crews a écrit une vingtaine de livres où se mêlent violence, freaks et mauvais goût, le tout dans une langue propre au sud des États-Unis. Son génie réside dans la façon qu'il a su le faire; c'est-à-dire d'une manière à la fois originale et bouleversante.

Ce livre est une compilation d'entrevues. Volubile, HC s'y dévoile sans avoir à se faire tirer l'oreille. Cet enfant terrible de la littérature américaine s'étend de long en large sur les thèmes qu'il aborde, ses origines et règle aussi ses comptes avec ses détracteurs.

Souvent attaqué pour la violence dans ses livres, il répond : « Nous, dans ce pays, sommes les plus violents de la planète…» (p 45) Plus loin, il ajoute : « … mon auditoire reflète vraiment ce qui, je pense, a causé tant de chagrin à ce pays. Ils sont presque tous uniformément violents… » (p 74) Bien sûr, sa façon de nous mettre cette violence sous le nez passe mal : « … lorsque vous commencez à écrire sur le sang et la violence et sur la prédisposition de mettre votre pied sur le cou d'un autre homme et de le laisser vous porter, tout le monde s'oppose. » (p 133)

Loin d'être gratuite, cette violence est la façon qu'il a trouvée d'exprimer sa rage : « … Pour écrire sur la violence et les sujets que j'aborde, il faut être en colère […] pour écrire avec mon indignation, vous devez être un moraliste endurci. » (p 98) Autrement dit, il combat le feu par le feu : « … Je suis amer et furieux que la situation humaine soit ce qu'elle est. Que nous détruisions des cultures entières, comme les Indiens l'ont été. Comme nous avons essayé de détruire les Chicanos. Que nous détruisions les Noirs… » (p 141)

Quant au titre du livre, il provient de sa philosophie d'écriture : « Si tu veux écrire, pour l'amour de Dieu, essaie de te mettre à nu. Essaie d'écrire la vérité. Essaie de te faufiler sous les faux-semblants, les excuses et les mensonges qui t'ont été racontés. » (p 288) Toujours sur l'écriture : « Ce que les débutants ne comprennent pas, c'est que l'important n'est pas la foutue histoire. Ce n'est pas ça. L'important est que filtrent les perceptions de l'écrivain. Sa vision sur le monde. Peu importe ce sur quoi il écrit. » (p 89)

D'une sincérité brutale, il ajoute : «… Je ne crois pas qu'on puisse être un auteur important et de mérite sans avoir de sérieux doutes sur soi-même, sur ce qu'on a fait, sur qui on est et qui on a blessé. » (p 120) L'intensité avec laquelle il pratique l'écriture n'est pas sans risque : « Être un auteur de fiction est un bon moyen pour devenir fou, c'est un bon moyen d'être à bout de nerf, c'est un bonne raison pour se saouler. Vous jouez continuellement dans la petite plaie que vous avez […] Les écrivains […] ne peuvent garder leurs doigts à l'écart de la plaie. Ils doivent continuer à saigner. Et c'est de ce sang qu'ils fabriquent leurs trucs. » (p 162)

Professeur de littérature à l'université de Floride pendant 34 ans, HC a prêché le courage à ses élèves : « … pour écrire, ça prend des tripes et du courage. […] Tout le monde vous dit que vous n'êtes pas bon, que vous ne pouvez pas le faire et que ça ne fonctionnera pas. Vous devez constamment vous encourager. Et vous dire, je suis capable! » (p 232)

Alcoolique endurci, il cesse de boire en 1990. Interrogé sur les raisons qui l'ont poussé à consommer, il répond : « … Il faut beaucoup de courage pour regarder où vous devez regarder; en vous-même, vos expériences, votre relation avec les autres, votre relation à la terre, à l'esprit ou à la cause première, ou peu importe — les regarder pour en tirer quelque chose. Les écrivains passent leur temps à réfléchir à ce que leurs concitoyens essaient d'éviter de penser. L'écrivain passe son temps à fouiller dans cette plaie, à la recherche de ce qui cloche. » (p 271)

Une compilation d'entrevues amène inévitablement son lot de répétitions et, même si on finit par deviner les réponses, HC ajoute souvent des détails, toujours avec son inimitable façon de parler. Et ce qu'on découvre, c'est que derrière son apparence grossière, son style de vie rude et son attitude pseudo-macho se cache un être lucide qui a refusé de se conformer au politically correct et qui a dénoncé à sa façon la gigantesque hypocrisie dans laquelle nous vivons.

© Alain Cliche, 2019.

note : ce livre est en anglais. Toutes les citations sont des traductions de mon cru.
Lien : https://alaincliche.wordpres..
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