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EAN : 9782841567171
75 pages
Editions du Rouergue (17/01/2006)
4.05/5   315 notes
Résumé :
Mortagne n'est pas un patelin tranquille. Ceux qui travaillent le bois ne peuvent pas encadrer les vignerons et inversement. La haine fouette les murs. Les coups tordus pleuvent sans prévenir. Martial préfère apprendre la mécanique le plus loin possible. Pour fuir la scierie. Éviter les incidents. Et échapper à la phrase que répètent aussi bien les scieurs que les gars de la vigne : " Je suis né chasseur ! je mourrai pas gibier ! " Parce que la chasse, ici, tout le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (83) Voir plus Ajouter une critique
4,05

sur 315 notes
J'ai eu une joyeuse conversation, pas plus tard qu'hier, avec mon conjoint, conversation qui tournait d'abord autour des films de fantômes, puis des films d'horreur, puis des films gore, trash... Bref, une conversation qui tournait mal ! C'est parce qu'il m'a parlé d'une particularité des scénarii de Massacre à la tronçonneuse et de Hostel (je vous avais prévenus que c'était une conversation dégueulasse), à savoir la conversion de la proie en prédateur, que j'ai pensé à ce très court roman de Guillaume Guéraud et que je me suis mise à lui en parler. Rien à voir avec le genre du gore, c'est juste un bouquin extrêmement sordide qui m'a traumatisée.
 
En 2007, ce livre a remporté le prix Sorcières - prix du livre jeunesse (oui, oui) attribué par les libraires et les bibliothécaires - dans la catégorie "roman ado". Je ne dirai pas que ce prix n'était pas mérité, au sens où il est excellent d'un point de vue littéraire. C'est juste que le faire concourir pour un prix destiné à la jeunesse, c'est un peu... malsain. Ainsi, et surtout, bien entendu, que de l'avoir publié dans une collection destinée aux adolescents (si vous voulez provoquer des suicides collectifs ou des shootings, y'a pas mieux à proposer). A cette époque, je travaillais à la section jeunesse de la bibliothèque municipale de Dijon et tout le monde en parlait... avec un air bizarre. Une de mes collègues m'a même dit : "J'adore les films d'horreur, les films gore, j'en regarde plein, j'adore ça, mais en lisant ça, j'étais traumatisée". Bref, je l'ai lu. Et il était bien à la hauteur de sa réputation sulfureuse.
 
Je choisis donc de vous raconter l'histoire, parce que si je ne le faisais pas, ça n'aurait aucun sens (rassurez-vous, lire le résumé est supportable ; enfin, plus ou moins). le narrateur, Martial, est un adolescent coincé dans le village de Mortagne, où les gens (tous les gens) se divisent en deux clans : ceux de la scierie et ceux des vignes. Ils se détestent, mais ont tous un point commun (du moins les hommes) : la chasse. Et de répéter inlassablement : "Je suis né chasseur ! Je mourrai pas gibier ! ". Martial les déteste tous, y compris sa propre famille (il faut dire qu'il y a de quoi). Pour échapper à cette fatalité de la vie à Mortagne, il part en internat pour étudier la mécanique. Et se lie d'amitié, pendant les week-ends où il revient dans sa famille, avec la seule personne agréable et gentille du village, Terence, handicapé mental, considéré par tous comme l'idiot du village (quand on voit le niveau intellectuel des autres, on se demande pourquoi...). Et comme du gibier. C'est là, vous vous en doutez, que ça tourne au sordide. Pour sceller une pseudo-alliance entre "ceux de la scierie" et "ceux de la vigne", le frère et le beau-frère de Martial décident donc de se bourrer la gueule, puis d'aller se défouler sur Terence. Arrivée de Martial après les dégâts, qui soigne son ami, mais... ne réagit pas. Quelques temps plus tard, re-alliance et re-séance de défoulement sur Terence. Que Martial trouve à nouveau, dans un état... bref, dans un état qui le rend complètement fou, au sens propre. A un point qu'il en oublie toute compassion pour Terence, à un point que son unique but, son obsession soudaine, c'est la vengeance. le roman se termine par un carnage (tout le monde y passe, et surtout la famille de Martial, à coups de hache, puis de fusil).
 
Voilà : c'est l'histoire d'un adolescent qui cherche à tout prix à échapper à un destin minable, mais qui est rattrapé par l'horreur, qui franchit la ligne et se retrouve à la fois dans le rôle de prédateur et de vengeur (on a un  sentiment presque jouissif à le voir tuer tout le village). C'est l'histoire de la cruauté des gens "ordinaires", de la barbarie au quotidien. C'est une analyse très juste des pires aspects de l'être humain. Et c'est sordide et déprimant parce que terriblement réaliste, très bien écrit, avec une grande économie de moyens. Pas de complaisance non plus : les scènes de torture ne sont pas décrites, mais avec le moment (très court, d'ailleurs) où Martial retrouve Terence qui s'est fait massacrer pour la seconde fois, on atteint le paroxysme du roman. On a envie de pleurer, de vomir...
 
A lire donc, parce qu'excellent, mais à ne pas mettre entre toutes les mains  (et prévoir un truc gai à faire juste après la lecture) !
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Dans un village divisé en deux clans rivaux, deux jeunes, Arnaud et Frédo, s'en prennent sauvagement au simple d'esprit de l'endroit, un « pleu-pleu », Térence ; Martial, le frère d'Arnaud, qui déteste tous les habitants du village y compris sa famille (on le comprend), et paraît être le seul à n'être pas un « bourrin », le venge. ● Ce court roman, ou cette nouvelle, est aussi implacable qu'une tragédie classique. Grâce à un style sobre d'une grande efficacité, le lecteur est entraîné dans la spirale de violence que raconte le livre, et qui se nourrit d'une grande misère sociale. le village est en effet sous la coupe réglée d'un châtelain propriétaire de vignes et du propriétaire d'une scierie – les habitants se rangeant dans l'un ou l'autre clan selon leur travail ; le maire est le pharmacien. Alors que les habitants auraient pu s'en prendre aux responsables de leur aliénation, la violence sociale mute en violence physique à l'encontre du bouc émissaire, ce qui déclenche une violence encore plus grande. On ressort sonné de cette lecture et admiratif du talent de l'auteur.
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Guillaume Guéraud s'est inspiré d'un fait divers pour écrire ce petit roman (très) noir pour adolescents... matures ! L'auteur aborde ici le sujet de ces jeunes tueurs devenus "fous", comme Martial, qui raconte, à la première personne et par flashbacks, comment il en est arrivé là... le jour d'un mariage.

Le contexte social du petit village de campagne où employés de la scierie et ceux travaillant pour le domaine viticole se cherchent constamment noises et querelles, est à l'origine des ressentiments de Martial. le fait que les habitants (et quelqu'uns en particulier) se comportent comme des bourrins conduit finalement l'adolescent à perpétrer un carnage.

Un petit livre poignant et implacable. L'auteur qui va à l'essentiel, assène des courtes phrases comme des coups de poings et le lecteur se prend toute la violence en pleine figure.
L'acte de Martial est certes condamnable, mais Guéraud a su retranscrire les sentiments de cet ado -d'ailleurs parfaitement sain d'esprit- avec une telle force qu'on arrive, sans mal, à comprendre son geste irrépressible.
75 pages de pure intensité.
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Un roman sombre à ne pas mettre entre toutes les mains… c'est l'histoire de Martial, un adolescent dans le village de Mortagne. Il semble coincé entre sa famille, ses souhaits, la lutte entre les camps de la vigne et de la scierie.
Sa colère monte sûrement et le drame éclate… Je mourrai pas gibier, c'est l'histoire d'une rébellion contre un monde un peu ancré dans une certaine vision des choses. Guillaume Guéraud livre ici une critique sociale très dure et difficile. Je relirai cet auteur, je me demande si ses autres livres ferront le même effet que celui-ci…
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Cela faisait plusieurs années que je voulais lire ce livre, sans vraiment savoir de quoi il en retournait. Je ne m'attendais pas du tout à ce que l'histoire se déroule ainsi.

Nous suivons Martial, un adolescent qui vit à Mortagne, un village où il ne fait pas bon vivre. Là-bas, tout le monde (à une exception près) se divise en deux clans : ceux qui travaillent à la scierie et ceux qui travaillent à la vigne. Pour les hommes, il ne semble pas y avoir d'autres choix. Malgré tout, les hommes aiment tous la chasse et répètent inlassablement : "Je suis né chasseur ! Je ne mourrai pas gibier !". Martial, qui ne veut pas suivre le même chemin que sa famille, est parti en internat pour travailler la mécanique. Il déteste tout le monde dans le village, y compris sa propre famille. Il apprécie seulement Terence, qui a un handicap mental et sur lequel tout le monde s'acharne à Mortagne...

Le roman débute par le point de bascule, ce qui va déclencher l'horreur. On ne comprend pas tout de suite ce qui s'est passé, ça nous est expliqué plus tard dans le roman. Martial va partir complètement en vrille (ça n'est pas peu dire) après que son ami Terence ait été victime (de façon abjecte) de la violence d'autrui. Une fois de plus. Une fois de trop.

Ce roman s'apparente à une nouvelle, tant il se lit rapidement et adopte, selon moi, les codes du genre (les lecteur•rices sont immédiatement plongé•es dans l'histoire, tout va très vite). Je n'ai pas eu le temps de comprendre ce qui se passait que c'était déjà fini. J'ai apprécié ma lecture, mais elle se lit d'une traite, sans reprendre son souffle. On referme le livre un peu horrifié•e par ce qui s'y est passé.

C'est un livre qui traite de la violence et de la misère sociale. En seulement quelques passages, l'auteur est parvenu à nous plonger dans l'horreur absolue, qui ne se terminera qu'une fois l'ouvrage refermé. C'est un roman très, très noir qui s'adresse aux ados. Un récit poignant et terrible.
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critiques presse (1)
Lecturejeune
17 février 2012
Lecture Jeune, n°129 - mars 2009 - Mettre en image le roman de Guillaume Guéraud était un pari risqué et audacieux, mais Alfred nous propose une adaptation réussie qui permet une nouvelle lecture de l'oeuvre. Le village de Mortagne, où évolue l'adolescent Martial, est scindé en deux clans : ceux qui travaillent à la scierie de M. Listrac et les autres, qui se consacrent à la vigne, au Château Clément. Martial gravite autour de ces groupes, tout comme Terence, le simple d'esprit de la bourgade. Ce dernier est attaqué de toute part. Il est victime d'insultes, jusqu'au jour où il est passé à tabac.
Alfred a choisi de dessiner avec un simple stylo bic, sur du vieux papier. Le trait est vif, précis, les visages, comme taillés au couteau. La mise en scène graphique de l'auteur révèle de nouveaux aspects du texte de Guéraud. Ici, le malaise général et intrinsèque qui plane sur Mortagne marque le lecteur. Certainement plus que la tuerie finale. Le ciel, terne, pèse sur la campagne, les regards sont tour à tour vides ou apeurés. Les couleurs servent admirablement le dessin d'Alfred. Une adaptation réussie qui saura toucher un nouveau public, non habitué à la lecture des romans destinés aux adolescents. ? Anne Clerc
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
J'aurais certainement dû contacter les flics. Mais je ne l'ai pas fait. Je voulais pas balancer Frédo. J'aurais mieux fait. Mais je ne pouvais tout si simplement pas faire ça. Malgré le mépris soulevé par tous les coups qu'il avait portés sur Terence. Malgré la brutalité avec laquelle il avait frappé. Malgré tout.
Mais une chose était aussi sûre: je devais à tout prix éviter de le croiser. Pour éviter de le dénoncer. Ou pour éviter de me jeter sur lui. Pare que déjà, sous la vague du mépris, émergeait la haine."
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J'ai voulu chercher un téléphone pour prévenir les urgences. Un téléphone pour avertir la gendarmerie. Un téléphone pour entendre quelque chose. Sauf que Terence est un pleu-pleu. Alors Terence n'a pas de téléphone. J'ai ouvert le jet de la douche. J'ai plongé une serviette sous l'eau fraîche et j'ai passé cette compresse sur son visage et son ventre. ça l'a calmé. Le rythme de sa respiration a ralenti. (...) Et je suis resté là. Sans le lâcher.
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Le pharmacien ne fait que déchiffrer des ordonnances et vendre des médicaments. Il doit en même temps gérer les affaires municipales. Vu que c'est aussi le maire de notre patelin.
C'est un malin. Ou un crétin.
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Je ne sais pas combien de temps j'ai pensé à tous ces trucs incohérents, du haut de la chambre de mes parents, mais j'ai fini par recaler ma joue contre la crosse du fusil, j'ai orienté le canon vers le soleil et j'ai appuyé sur la détente.
Je me suis aperçu qu'il n'y avait plus de cartouches quand j'ai voulu recharger. Plus une seule.
J'ai balayé les douilles vides d'une main.
Puis j'ai posé le fusil et je me suis levé et j'ai enjambé la fenêtre.
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Tout le monde boit et il y a toujours des coups qui se mettent à pleuvoir. Des coups de poing, quelquefois des coups de fusil, le plus souvent des coups tordus.
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