UN JEUNE POÈTE PENSE À SA BIEN AIMÉ
QUI HABITE DE L'AUTRE CÔTÉ DU FLEUVE
La lune, dans la nuit sereine,
Monte au coeur du clair firmament;
Elle y monte, et, comme une reine,
S'y repose amoureusement.
Sur l'eau voluptueuse et lasse
Qu'un rêve bleu semble bercer,
Une brise légère, passe,
Repasse, ainsi qu'un long baiser.
Quel accord pur, quelle harmonie,
Quel espoir calme en l'avenir
Respire l'union bénie
Des choses faites pour s'unir!
Mais rien n'est complet dans nos fêtes,
Le bonheur est rare ici-bas!
Et la plupart des choses faites
Pour s'unir - ne s'unissent pas.
A Emile Blémont. Paul Verlaine.