AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Azur noir (16)

Ce fut en décembre, juste avant Noël que Rimbaud dut quitter l'hôtel des Etrangers. Il n'était pas malheureux d'aller se battre avec l'hiver. Il avait déjà souvent dormi dans la neige, avait allumé des feux tout au bord d'étangs gelés, n'avait plus senti ses doigts dans les bourrasques glacées mais c'était comme au soleil qu'il imaginait aux pays chauds, la même brûlure des sens, la même blessure féconde, la même danse enflammée du corps offert à tout un monde merveilleux car il était cruel.
Commenter  J’apprécie          130
Ebloui, malgré quelques mots trop rares ou trop crus, effrayé, même, par la violente splendeur de certaines visions féroces, Verlaine répondit aussitôt, parlant de l'effet prodigieux de ces vers, demandant un peu de patience le temps de préparer l'accueil. Il organisa une quête à Paris auprès de ses amis poètes pour ce jeune inconnu. Après avoir convaincu Mathilde et ses beaux-parents de l'héberger un temps rue Nicolet, il envoya un mandat à Rimbaud pour le billet de train, accompagné de son adresse et de quelques mots: "Venez, je m'occupe du reste."
Commenter  J’apprécie          130
Mais maintenant, avec tous ces cataclysmes, ces gens qui meurent déjà par centaines de milliers... ce ne sont plus les corps qui souffrent et qui meurent, c’est la Terre, n’est-ce pas ? Rassurez-vous, elle est déjà presque invivable et vous non plus, et tous les autres, vous ne serez pas tristes de la quitter.
Commenter  J’apprécie          80
A son arrivée, Verlaine avait trouvé deux lettres, que lui avait fait suivre son éditeur Lemerre, d'un poète inconnu qui disait avoir dix-sept ans - il apprit plus tard qu'il ne les avait pas encore-, habitant Charleville dans les Ardennes et dénommé Arthur Rimbaud. Les deux avaient été écrites à quelques jours d'intervalle, à la fin du mois d'août. La première l'appelait au secours, implorait qu'il l'accueille à Paris car il étouffait dans le malheur, l'ennui, la misère d'une mère bigote et pingre à Charleville. Elle contenait cinq poèmes.
Commenter  J’apprécie          40
Ces poèmes te ressemblent, ce qui est une première qualité. Inactuels mais pleins d’une sensibilité qui manque précisément à la plupart de tes camarades greffés à leur téléphone portable comme des sortes de monstrueux bébés.
Commenter  J’apprécie          40
L'idée était venue de Julie. Car ils avaient conversé un peu après l'amour, l'amour la première fois, pour de vrai. Julie l'avait entraîné dans sa chambre, s'était déshabillée dans un strip-tease qui avait affolé Leo, l'avait attiré dans son lit et devinant un embarras l'avait gentiment guidé là où il fallait aller, puis tout s'était passé très vite, peut-être un peu trop.
Commenter  J’apprécie          30
En 1869, Paul Verlaine de vingt-cinq ans s'était épris de leur très jeune fille de seize ans, Mathilde, et ils avaient accepté que ce poète bohème, trop souvent abreuvé d'absinthe et quasiment inconnu, mais qui percevait quelques rentes familiales, l'épouse.
Commenter  J’apprécie          30
Rimbaud se mit à rire. Il passa sa grosse main dans ses cheveux en désordre puis sur son visage comme s’il voulait en débarrasser l’air heureux d’enfant récompensé.
Il dut y avoir entre eux encore quelques phrases banales, puis la vieille les entraîna de l’autre côté du couloir, dans la salle à manger où la table était mise. Il y avait de l’argenterie, du cristal et de la porcelaine sur une nappe de dentelle. Il y avait la bonne postée dans la cuisine au sous-sol qu’on appelait avec une clochette et qui passait les plats, il y avait la belle-mère qui ne cessait d’épier les manières du petit provincial, la façon dont il coupait la viande et avalait son pain, il y avait Mathilde qui ne levait pas les yeux de sa soupe, il y avait sa petite sœur Marguerite qui n’avait pas faim et se tortillait sur sa chaise, il y avait une jeune parente qui s’appelait Emma, il y avait un chien qui s’appelait Gastineau, il y avait Verlaine qui parfois posait sa main sur la sienne, il y avait Cros qui l’emmerdait avec des questions si embarrassantes, pourquoi bleuissait la prunelle : parce que l’azur est bleu ; comment lui était venue la virgule des pollens : tombée du ciel ; et quel était le sens de ce cœur qui bavait à la poupe : aucun sens, un sentiment. Verlaine riait de ses réponses, mais lui aurait voulu planter son couteau dans la gorge de ce Cros. Il laissa retomber ses couverts qui tintèrent avec fracas dans son assiette vide, prit dans sa poche les seules choses qu’il avait emportées avec ses poèmes, une pipe en terre, des allumettes et quelques brins de tabac, alluma le fourneau, souffla sur les dîneurs éberlués, qui traînaient encore sur leur flan à la vanille, une fumée âcre. Rompant un long silence, il dit qu’il était fatigué et voulait dormir.
Commenter  J’apprécie          20
Devant lui, de l'autre côté de la table, un maigre adolescent aux longs cheveux blonds qui tenait son verre de rouge avec deux doigts et singeait la féminité en une savante chorégraphie maniérée, se laissait caresser et embrasser par un colosse à barbe rousse.
Commenter  J’apprécie          10
Je vois que vous avez chaud, je suis vraiment désolé de ne pas avoir de ventilateur, murmura-t-il. Et vous savez pourquoi ? Parce que j’ai toujours froid. Je crois que les vieux ont toujours froid et c’est pour ça qu’ils meurent de chaud, ajouta-t-il en riant, ils se foutent du réchauffement climatique ».
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (115) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les écrivains et le suicide

    En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

    Virginia Woolf
    Marguerite Duras
    Sylvia Plath
    Victoria Ocampo

    8 questions
    1713 lecteurs ont répondu
    Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}