Cet inconnu signalé par toutes les polices de l'Europe, avait une de ces figures en mastic où il semble que les figures les plus compliquées pourraient s'empreindre et sur lesquelles un chiromancien découvrirait la "ligne de vie" du téméraire qui les souffleta ; – une de ces figures modifiables et impersonnelles qui ne paraissent avoir d'autre emploi que de refléter la blafarde peur de la multitude.
Personnage débile qui eût pu être fauché d'un seul coup de poing décoché par un faible bras et trituré sous n'importe quel talon, sans que la pitié la plus attentive s'en émût, sans que l'idée même d'un malheur ou d'un préjudice quelconque s'éveillât, tellement on le devinait absent de toute solidarité sublunaire.
C'était un de ces Êtres engendrés par la Colère silencieuse, qui ont juste assez de surface humaine pour incorporer le Danger social dont ils sont les simulacres effrayants.
Colis étranges cahotés dans les trains rapides ou les paquebots transatlantiques pour apparaître au moment précis où la tige de l'universelle Inquiétude s'élance du coeur des agonisants qu'on outrage.
Les ressources de la répression n'y peuvent rien. Ils sont incolores et dilués comme le crépuscule des soirs et c'est toujours un fantôme qui s'interpose quand la main pénale croit les saisir.
Mais la Mort soudaine obéit à ces coutumaces, comme une chienne de voleur de nuit, et l'Épouvante marche devant eux dans des brodequins de velours...
Extrait de la nouvelle : "Une recrue"
Ces deux créatures douloureuses le possédaient chaque fois qu'il s'accoudait, en regardant couler sa propre vie, sur le parapet de sa mémoire.
Et ces deux créatures douloureuses le possédaient chaque fois qu'il s'accoudait, en regardant couler sa propre vie, sur le parapet de sa mémoire.
Sa mère, complètement saoule, rentrait à tâtons, bousculant tout, rotant le blasphème et l'ordure, et finalement se vautrait en grognant comme une truie dangereuse.
Nul ne sait son propre nom, nul ne connaît sa propre face, parce que nul ne sait de quel personnage mystérieux - et peut-être mangé des vers -, il tient essentiellement la place.
On avait, en le regardant, la sensation de manger de la moelle de veau. Ses modestes mains déversaient toutes les clémences disponibles et son menu pas lui donnait l'air d'un bonhomme en sucre qui marcherait sur des entrailles de lapin.
Hargneuse, en même temps, à faire avorter des chiennes, et pudibonde comme l'arithmétique, elle accueillait sans trop d'aigreur, dans son lit très pur, les suffrages crépusculaires de quelques boucs épuisés du petit négoce.
Le regard du drôle était particulièrement insupportable aux femmes élégantes qu'il paraissait exécrer, les fixant parfois d'un rayon plus pâle que le phosphore des charniers, oeillade funèbre et visqueuse qui se collait à leur chair, comme la salive des brucolaques, et qu'elles emportaient en bramant d'effroi.
Je suis athée, autant qu'on peut l'être et je fais tout ce qu'il me plaît de faire. J'ai horreur des pauvres, j'exècre la douleur et j'aime mieux une mauvaise conscience qu'une mauvaise dent.
Je me moque de votre Dieu sanglant et n'ai que faire des absolutions que vous prodiguez aux petites bonnes gens de ce village.
L'aspect de ce vieillard fécondait la vermine. Le fumier de son âme était tellement sur ses mains et sur son visage qu'il n'eût pas été possible d'imaginer un contact plus effrayant. Quand il allait par les rues, les ruisseaux les plus fangeux, tremblant de refléter son image, paraissaient avoir l'intention de remonter vers leur source.