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Citations sur Histoires désobligeantes (35)

Incapable de s'ajuster à la vie contemporaine qui le pénétrait de dégoût, il résidait au fond de son propre cœur, tel que, dans son antre, un dragon d'avant le déluge, inconsolable et hagard de la destruction de son espèce.
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C'était une émulation de saleté, un assaut de crotte, un antagonisme de taches et de sédiments impurs, une compétition de pulvérulences, un conflit de déchirures et de pendeloques, un tournoi d'exhalaisons renardières, de remugles, de relents et d'empyreumes.
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On ne put jamais lui faire comprendre qu'un artiste pauvre a le devoir de sucer l'empeigne d'un avorton littéraire qui le régala d'épluchures, un certain jour, et que plus il est grand artiste, plus il a ce devoir.
Il comprit moins encore que l'emprunt d'une pièce de cent sous dût l'engager éternellement aux jeanfoutreries de la complaisance et il fut sans respect pour les importants qui le dégoûtaient. De là sa réputation d'ingratitude.
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Ayant été belle aux temps anciens, au dire des paléographes, elle s'était, en frémissant, résignée à planter l'arbre de la liberté philosophique au milieu de ses propres ruines.
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Je ne peux pas dire que j'avais eu beaucoup de confiance en allant trouver ce marchand de vins richissime, jusqu'alors inconnu de moi. Je savais trop le dénuement proverbial des millionnaires et leur guigne atroce qui ne permet jamais que la plus mince partie de leur avoir soit disponible au moment précis où on les implore.
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C'est à peine si quelques-uns savent qu'ils vient de mourir. Quand la multitude de ceux qui se croient vivants apprendra sa mort, il y aura sûrement dans les journaux de vives jérémiades clichées sur le grand écrivain défunt "qu'on a eu la douleur de perdre", après l'avoir si bassement détesté pendant sa vie.
Ces lamentations univoques et professionnelles seront ramassées à la pelle, comme la terre des cimetières, par les fossoyeurs de la chronique, jusque sous les pieds de "l'ami de la dernière heure", romancier saumâtre et vulpin, qui avait besoin de cette réclame et qui confisqua son agonie, lui faisant la mort plus amère.
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Désaccoutumé des affaires, ne retrouvant plus son ancienne astuce, il ressemblait à une vieille mouche qui n'aurait plus la force de voler sur les excréments et dont les araignées elles-mêmes ne voudraient plus.
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Mme Virginie Durable, née Mucus, était le type insuffisamment admiré de la "martyre".
C'était même une martyre de Lyon et, par conséquent, la plus atroce chipie qu'on pût voir.
Elle avait été, dès son enfance, livrée aux bourreaux les plus cruels et n'avait jamais connu le rafraîchissement des consolations humaines. L'univers, d'ailleurs, était régulièrement informé de ses tourments.
Trente années auparavant, lorsque M. Durable, aujourd'hui négociant retiré des huîtres, avait épousé cet holocauste, il ne se doutait guère, le pauvre homme, de l'effrayante responsabilité de tortionnaire qu'il asssumait.
Il ne tarda pas à l'apprendre et même en devint, à la longue, tout à fait gâteux.
Quoi qu'il eût pu faire ou dire, il n'était jamais, une seule fois, parvenu à n'être pas criminel, à ne pas piétiner le cœur de sa femme, à n'y pas enfoncer des glaives ou des épines.
Virginie était de ces aimables créatures qui ont "tant souffert", dont aucun homme n'est digne, que nul ne peut ni comprendre ni consoler et qui n'ont pas assez de bras à lever au ciel.
Elle arborait, cela va sans dire, une piété sublime qu'il eût été ridicule de prétendre assez admirer et dont elle-même ne s'arrêtait pas d'être confondue.
En un mot, elle fut une épouse irréprochable, ah! grand Dieu! et qui devait attirer infailliblement les bénédictions les plus rares sur la maison de commerce d'un imbécile malfaisant qui ne comprenait pas son bonheur.
Un jour, quelques années après le mariage, la martyre étant jeune encore et, paraît-il, assez ragoûtante, l'odieux personnage la surprit en compagnie d'un gentilhomme peu vêtu.
Les circonstances étaient telles qu'il aurait fallu non seulement être aveugle, mais sourd autant que la mort, pour conserver le plus léger doute. [...]

(Nouvelle: Une martyre)
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"Cher ami, venez, ce soir, à onze heures. La porte du jardin sera entre'ouverte. Vous n'aurez qu'à la pousser doucement. Je vous attendrai sous le berceau. Mon mari est absent pour deux jours, et il a emmené le chien. Tant pis si je me perds. Je vous aime et veux être à vous.
Rolande"

En recevant ce billet, le jeune Duputois devint si pâle que ses collègues supposèrent une catastrophe. Étant fort discret, il serra scrupuleusement le message dans le coin le plus mystérieux de son portefeuille et parla, balbutiant un peu, d'une menace de créancier. [...]

(Nouvelle: Le réveil d'Alain Chartier)
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Il est malheureusement indiscutable que la pauvreté contamine la brillante face du monde, et il est tout à fait fâcheux que les dames pleines de parfums soient si souvent exposées à rencontrer de petits enfants qui crèvent de faim. Je sais bien qu’il y a la ressource de ne pas les voir. Mais on sent tout de même qu’ils existent ; on entend leurs supplications inharmonieuses, on risque même d’attraper un peu de vermine, — vous savez bien, mesdames, cette ignoble vermine pédiculaire qui « ne se laisse pas caresser aussi volontiers que l’éléphant », comme disait notre grand poète Maldoror, et qui abandonne elle-même de bon cœur le nécessiteux pour se fourrer dans les manchons ou les pelisses d’un inestimable prix. Tout cela me plonge dans une affliction très amère, et j’applaudis avec du délire à la haute idée d’une immolation générale des indigents.
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