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Citations sur Histoires désobligeantes (35)

La mort n'est que la séparation avec l'Argent. Ceux qui n'en n'ont pas n'ont pas de vie, et, dès lors ne sauraient mourir.
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J'ouvre ici une parenthèse, complètement inutile d'ailleurs, pour déclarer que le téléphone est une de mes haines.
Je prétends qu'il est immoral de se parler de si loin, et que l'instrument susdit est une mécanique infernale.
Il est bien entendu que je ne puis alléguer aucune preuve de l'origine ténébreuse de cet allonge-voix, et que je suis incapable de documenter mon affirmation. Mais j'en appelle aux gens de bonne foi et d'esprit ferme qui en ont usé.
Le bruissement de larve qui précède l'entretien n'est-il pas comme un avertissement qu'on va pénétrer dans quelque confins réservé où la terreur, peut-être, surrabonde... si on savait ?
Et l'horrible déformation des sons humains qu'on croirait étirés sous un laminoir, qui ont l'air de n'arriver à l'oreille qu'à force de se distendre monstrueusement, n'est-elle pas aussi quelque chose d'un peu panique ?
Il y a peu de jours, un vieux garçon de bains scientifiques, appointé spécialement pour le massage des découvertes utiles, au hammam d'un puissant journal, célébrait la gloire d'une usine anglaise qui venait d'exterminer l'Ecriture.
Il paraît qu'une lumineuse machine va destituer la main des hommes qui n'auront plus du tout besoin d'écrire, et le fantoche invitait naturellement plusieurs peuples à se réjouir d'un tel progrès.
J'imagine que le téléphone est un attentat plus grave, puisqu'il avilit la Parole même.
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Car les pauvres ne possèdent même pas leur carcasse, et quand ils gisent dans les hôpitaux, après que leur âme désespérée s’est enfuie, leurs pitoyables et précieux corps promis à l’éternelle résurrection, — ô douloureux Christ ! — on les emporte sans croix ni oraison, loin de vos églises et de vos autels, loin de ces beaux vitraux consolants où vos amis sont représentés, pour servir, comme des charognes d’animaux immondes, aux expérimentations des charcutiers ou des faiseurs de poussière…
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On racontait aussi l’histoire, devenue fameuse, d’une soupe fantastique trempée régulièrement le dimanche soir et qui devait le nourrir toute la semaine. Pour ne pas brûler de charbon, il la mangeait froide six jours de suite.

Dès le mardi, naturellement, cette substance alimentaire devenait fétide. Alors, avec les révérencieuses façons d’un prêtre qui ouvre le tabernacle, il prenait, dans une petite armoire scellée au mur et qui devait contenir d’étranges papiers, une bouteille de très vieux rhum vraisemblablement recueillie dans quelque naufrage.

Il en versait des gouttes rares dans un verre minuscule et se fortifiait à l’espoir de les déguster aussitôt après avoir englouti son cataplasme. L’opération terminée :

― Maintenant que tu as mangé ta soupe, disait-il, tu n’auras pas ton petit verre de rhum !

Et déloyalement, il reversait dans la bouteille le précieux liquide. Recommandable finesse qui réussissait toujours, depuis trente ou quarante ans.
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Levant sur lui ses vieux yeux liquides, sanguinolents, ― miroirs éteints qui semblaient avoir reflété toutes les images de la débauche et toutes les images de la torture, ― elle le regarda avidement, de ce regard effroyable des noyés qui contemplent, une dernière fois, le ciel glauque, à travers la vitre d’eau qui les asphyxie…
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