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Citations sur Le désespéré (86)

L'Orgueil et sa bâtarde, la Colère, se laissent brouter par leurs flatteurs ; la pacifique Envie lèche l'intérieur des pieds puants de l'Avarice, qui trouve cela très bon et qui lui donne des bénédictions hypothéquées avec la manière de s'en servir ; l'Ivrognerie est un Sphinx toujours pénétré, qui s'en console en allant se soûler avec ses Œdipes ; la Luxure, au ventre de miel et aux entrailles d'airain, danse, la tête en bas, devant les Hérodes, pour qu'on lui serve les décapités dont elle a besoin, et la Paresse, enfin, qui lui sort du vagin comme une filandre, s'enroule avec une indifférence visqueuse à tous les pilastres de la vieille cité humaine.
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Jamais il ne s'était vu un coeur plus simple. Le langage moderne a déshonoré, autant qu'il a pu, la simplicité. C'est au point qu on ne sait même plus ce que c'est. On se représente vaguement une espèce de corridor ou de tunnel entre la stupidité et l'idiotie.
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Le christianisme, qui n'avait su ni vaincre ni mourir, fit alors comme tous les conquis. Il reçut la loi et paya l'impôt. Pour subsister, il se fit agréable, huileux et tiède. Silencieusement, il se coula par le trou des serrures, s'infiltra dans les boiseries, obtint d'être utilisé comme essence onctueuse pour donner du jeu aux institutions et devint ainsi un condiment subalterne, que tout cuisinier politique put employer ou rejeter à sa convenance. On eut le spectacle, inattendu et délicieux, d'un christianisme converti à l'idolâtrie païenne, esclave respectueux des conculcateurs du Pauvre, et souriant acolyte des phallophores.
Miraculeusement édulcoré, l'acsétisme ancien s'assimila tous les sucres et tous les onguents pour se faire pardonner de ne pas être précisément la volupté, et devint, dans une religion de tolérance, cette chose plausible qu'on pourrait nommer le catinisme de la piété.
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Au fait, que diable voulez-vous que puisse rêver, aujourd'hui, un adolescent que les disciplines modernes exaspèrent et que l'abjection commerciale fait vomir ? Les croisades ne sont plus, ni les nobles aventures lointaines d'aucune sorte. Le globe entier est devenu raisonnable et on est assuré de rencontrer un excrément anglais à toutes les intersections de l'infini. Il ne reste plus que l'Art. Un art proscrit, il est vrai, méprisé, subalternisé, famélique, fugitif, guenilleux et catacombal. Mais, quand même, c'est l'unique refuge pour quelques âmes altissimes condamnées à traîner leur souffrante carcasse dans les charogneux carrefours du monde.
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Marchenoir méprisait, haïssait Paris, et cependant il ne concevait habitable aucune autre ville terrestre. C'est que l'indifférence de la multitude est un désert plus sûr que le désert même, pour ces coeurs altiers qu'offense la salissante sympathie des médiocres.
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La surdité des riches et la faim du pauvre, voilà les seuls trésors qui n'aient pas été dilapidés!
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Des yeux immenses, illimités, dont personne n'avait jamais pu faire le tour. Bleus, sans doute, comme il convenait, mais d'un bleu occulte, extra-terrestre, que la convoitise, au télescope d'écailles, avait absurdement réputés gris clair. Or, c'était toute une palette de ciels inconnus,
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Manger de l’argent ! Qui donc a remarqué l’énormité symbolique de cette locution familière ? L’argent ne représente-t-il pas la vie des pauvres qui meurent de n’en pas avoir ? La parole humaine est plus profonde qu’on ne l’imagine. Ce mot est étrangement suggestif de l’idée d’anthropophagie, et il n’est pas tout à fait impossible, en suivant cette contingente idée, de se représenter un lieu de plaisir, comme un étal de boucherie ou un restaurant-bouillon, où se débiterait, par portions, la chair succulente des gueux. Les gourmets, par exemple, choisiraient dans la culotte, et les ménagères économes utiliseraient jusqu’aux abatis, tandis que des viveurs délabrés d’une noce récente, se contenteraient d’un modeste consommé de leurs frères déshérités. On est étonné du tangible corps que prend un tel rêve, quand on interroge ce propos banal.

Tout riche qui ne se considère pas comme l’intendant et le domestique du Pauvre, est le plus infâme des voleurs et le plus lâche des fratricides. Tel est l’esprit du christianisme et la lettre même de l’Évangile. Évidence naturelle qui peut, à la rigueur, se passer de la sanction du surnaturel chrétien.

C’est heureux pour les détrousseurs et les assassins, que l’animal soi-disant pensant soit si réfractaire au syllogisme parfait ! Il y a diablement longtemps qu’il aurait conclu à l’étripement et à la grillade, car la pestilence, bien sentie, du mauvais riche, n’est pas humainement supportable ! Mais la conclusion viendra, tout de même, et probablement bientôt, — étant annoncée de tous côtés par d’indéniables prodromes…

Les riches comprendront trop tard, que l’argent dont ils étaient les usufruitiers pleins d’orgueil, ne leur appartenait absolument pas ; que c’est une horreur à faire crier les montagnes, de voir une chienne de femme, à la vulve inféconde, porter sur sa tête le pain de deux cent familles d’ouvriers, attirés par des journalistes et des tripotiers dans le guet-apens d’une grève ; ou de songer qu’il y a quelque part un noble artiste qui meurt de faim, à la même heure qu’un banqueroutier crève d’indigestion !…

Ils se tordront de terreur, les Richards-cœurs-de-porcs et leurs impitoyables femelles, ils beugleront en ouvrant des gueules, où le sang des misérables apparaîtra en caillots pourris ! Ils oublieront, d’un inexprimable oubli, la tenue décente et les airs charmants des salons, quand on les déshabillera de leur chair et qu’on leur brûlera la tête avec des charbons ardents, — et il n’y aura plus l’ombre d’un chroniqueur nauséeux, pour en informer un public de bourgeois en capilotade ! Car il faut, indispensablement, que cela finisse, toute cette ordure de l’avarice et de l’égoïsme humains ! (pp. 415-416)
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Je regarde l'état de comédien comme la honte des hontes. J'ai là-dessus les idées les plus centenaires et les plus absolues. La vocation du théâtre est, à mes yeux, la plus basse des misères de ce monde abject et la sodomie passive est, je crois, un peu moins infâme. Le bardache, même vénal, est, du moins, forcé de restreindre, chaque fois, son stupre à la cohabitation d'un seul et peut garder encore - au fond de son ignominie effroyable, - la liberté d'un certain choix. Le comédien s'abandonne, sans choix, à la multitude, et son industrie n'est pas moins ignoble, puisque c'est son corps qui est l'instrument du plaisir donné par son art.
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Vous avez promis de revenir, criait-il à Dieu,
pourquoi donc ne revenez-vous pas ?
Des centaines de millions d'hommes ont compté sur votre Parole, et sont morts dans les affres de l'incertitude.
La terre est gonflée des cadavres de soixante générations d'orphelins qui vous ont attendu.
Vous qui parlez du sommeil des autres, de quel sommeil ne dormez-vous pas, puisqu'on peut vociférer dix-neuf siècles sans parvenir à vous réveiller ?
P356.
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