AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de gerardmuller


La lumière du monde /Christian Bobin
Cette lumière du monde, Bobin nous l'offre dans un très beau livre-entretien, facile à lire et au style toujours aussi pur et émouvant, beaucoup moins abstrait que dans « La part manquante ». Une belle écriture concentrée en phrases courtes pour évoquer une suite de petits tableaux de la vie courante. Tour à tour sont abordés des thèmes chers à l'auteur, l'empathie, la nature, la littérature, la poésie , la peinture , l'enfance , l'amour et la musique. Dans sa solitude volontaire, Bobin le discret et casanier, nous confie sa passion pour Baudelaire avec quelques restrictions. Il cite aussi Cioran et Beckett, Dostoievski et Rimbaud comme ses points de repères. Et il n'hésite pas à s'attaquer aux icones tels que Flaubert, Balzac, Proust et Sartre. En musique , c'est Chopin et bien sûr le maître Bach. Une grande sincérité émane de ces lignes sublimes au coeur desquelles l'auteur n'hésite pas à se livrer. Et Bobin ne cherche ni à plaire ni à recueillir les blandices. Sa personnalité transparaît notamment lorsqu'il évoque le statut de l'écrivain. Et il s'exprime sans détour.
Quelques extraits :
Contre l'agitation de ce monde : « Enfant je me suis assis sur un escalier pendant dix ans, adolescent, je me suis allongé sur mon lit pendant vingt autres années. »
« Pendant trente ans, j'ai refusé d'entrer dans quelque chose qui m'aurait rendu fou : les contraintes et les loisirs tels qu'ils nous sont proposés par le monde. »
Les statuts inanes : « Les poètes et les artistes se donnent souvent une sorte de droit de grossièreté. Sous prétexte qu'ils ont du talent, ils croient avoir des droits. »
« Être à la mode est la pire chose qui puisse arriver à un écrivain. J'en sais quelque chose. »
Sur le requiem de Fauré : « Dans cette musique, la mort vient comme une main qui caresse un visage mourant. Sa douceur entre dans le coeur avec la précision d'une lame. »
Pensée plus générale :« On peut faire un usage faux de tout, même de la vérité. »
« Vouloir expliquer le monde, c'est comme vouloir faire entrer des roses dans un vase à coups de marteau. »
J'ai beaucoup aimé la comparaison entre le jeu de Gould et celui de Lipatti : « PourLipatti, le fil c'est le coeur, les notes sont des perles. Gould , lui, fait tomber les perles du collier des notes dans un désastre glacé. » C'est vrai, mais le jeu de Gould a quand même du caractère, et son dépouillement peut aussi séduire.
La fin de cet entretien laisse transparaître un certain désespoir : Bobin est sans illusion : « Aujourd'hui, tout a été corrompu…Il faudrait tout passer au jet, même les mots, même la religion…La religion est devenu une nourriture fade…Seule la poésie garde un ferment actif de révolte. »
A lire , sans restriction. Sans être toujours d'accord certes.

Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}