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Critique de ego_lector_


« Les poètes sont des monstres d'aimer la vie qui les brise. Même leurs malédictions sont plus belles que nos sourires. »

A travers l'exploration de la figure du poète, Bobin trace les contours de la charge poétique et s'entoure pour l'aider dans cette périlleuse entreprise de Rimbaud, Nerval, Block, Mandelstam, et Katerine Pozzi, Emily Dickinson, et.

« Les vrais poètes sont les êtres les plus sensibles aux mouvements des plaques tectoniques de l'invisible. »

Comme une ode à la lenteur, à tout ce qui oppose l'homme à la machine, qui, par définition, ne tolère aucune imperfection pour que le mécanisme fonctionne. le poète, lui, s'illustre par ses imperfections mises à nues, par son coeur ouvert et saignant pour mieux nous régaler. L'albatros de Baudelaire, le crapaud de Corbière, le pélican De Musset... pour Bobin se sera le monstre. Aussi grotesque, tout autant à la marge par nécessité, le verbe comme fer de lance.

« En pleine guerre mondiale, pendant des heures, deux femmes discutent passionnément de la place d'une virgule, de l'éclosion d'un silence. »

Il s'agit d' Anna Akhmatova de Lydia Tchoukovskaïa, celle qui transcrit les poèmes brûlés dans le cendrier à peine écrits, et nous livre des centaines de pages d'entretiens ( de 1938 à 1966 ) avec la poétesse russe. Figures centrales du texte.

« Jour après jour, mois après mois, mes notes décousues [...] se transformaient en épisodes de la vie d'Anna Akhmatova. Au milieu du monde trouble, fantastique et peuplé d'ombres qui m'entourait, elle seule semblait n'être pas un rêve, elle seule semblait de chair et d'os, elle dont les vers pourtant, à cette époque, ne parlaient que d'ombres. Elle était indubitable, incontestable ».* (*citation du journal de Lydia Tchoukovskaïa)

Dans cette opposition que cristallise Anna Akhmatova, se forge la figure poète, comme un «  artisan du verbe » – conception valéryenne – qui nécessite du temps, de l'expérience brûlante du monde, du regard de celui qui est enthousiasmé autant que meurtri par l'étrange nouveauté du monde :

« un coeur en acier trempé. Ce sont des penseurs primaires [...] les hommes revenus parmi nous du premier matin du monde  ».
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