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Critique de Alfaric


Merci Babelio, merci Masse Critique, merci Nestiveqnen et merci Olivier Boile ! Je ne suis un grand lecteur de nouvelles, mais j'ai lu celles-ci sans aucun déplaisir (d'autant plus quelles peuvent constituer un chouette vivier d'idées). Déjà le thème de la Russie nous change des anglo-saxonneries habituelles, mais en plus les récits sont trop courts pour lasser : on change rapidement d'époque, de lieu, de ton, d'ambiance, de genre, de registre… Mais cette atout est aussi une faiblesse car j'ai souvent eu l'impression que les récits finissaient avant d'avoir vraiment commencé, du coup le schéma préférentiel de démarrer par un présent pour aborder le passé m'a paru prendre inutilement des pages : dans des récits aussi court, il faut aller à l'essentiel pour être efficace. Point positif, plusieurs nouvelles piochent dans le folklore russe pour prendre la forme de contes de fées qui en étant universel peuvent s'adresser à tous les publics (mais attention aux contes de fées noirs)…
Pour ne rien gâcher le livre-objet est réussi, les mots d'Olivier Boile à chaque récit sont intéressants, et la couverture de Pierre Droal et les illustrations intérieures de Rolland Barthélémy apportent un vrai plus.


"Et tu la nommeras Kiev" :
On part de l'Ukraine sous Staline pour rejoindre le Moyen-Âge pour nous raconter la fondation de la ville de Kiev. Et c'est l'immortel Saint André qui fait le lien entre le présent pétri de désenchantement et le passé plein de belles pensées...

"Vassilissa et le Cavalier de la nuit" :
Le Cavalier de l'Aube doit éternellement guider le soleil sur terre pour amener la lumière à toute la Russie. Mais le coeur à ses raisons que la raison ignore, et en recontrant Vassilissa il se devoir de la voie du devoir quitte à plonger la Russie dans les ténèbres. C'est une histoire d'amour, et les histoires d'amour finissent mal en général...

"Que jeunesse se passe" :
A travers un miroir magique, un jeune criminel en col bleu converse avec un vieux criminel en col blanc : lui même ! Peut-on éviter l'inévitable malédiction des ans qui transformerait l'enthousiasme en pragmatisme, l'optimisme en pessimisme, les flammes en braises ? Olivier Boile pioche chez les grands auteurs russes qui contrairement à d'autres n'ont jamais dédaigné écrire des récits fantastiques, mais au final cela ressemble quand même un peu à un détournement d'"Un Chant de Noël" de Charles Dickens ^^

"Coule, rivière Soukhman" :
L'auteur reprend une byline, un poème épique, pour écrire sa propre version de l'épisode finale d'une geste chevaleresque. Nous sommes dans l'exercice de style et les mécanismes sont communs aux épopées du monde entier ^^

"Vingt-cinq millions de pardons" :
Un histoire de fantôme très originale et très plaisante qui dans une station balnéaire ukrainienne met en relation une employée des postes et un général de la Horde d'Or !

"Le Chevalier gris" :
Au soir de sa vie, un paladin déchu se confie avant de rencontrer sa tragédie. le récit aurait pu prendre n'importe quel décor, mais Olivier Boile a choisi celui de la Russie médiévale pour l'y placer : mission réussie !

"L'Arbre d'Oumila" :
Pour redonner vigueur aux Vikings, le dieu des mers Aegis féconde l'infertile Oumila, épouse slave du roi danois Harald… Sauf que les demi-dieux issus de cet union défende le peuple de leur mère et nom celui de leur père et Loki qui a orchestré tout cela en rigole encore ! Une nouvelle sympa que ne renierait pas Neil Gaiman ^^

"Un Garçon venu d'un autre monde" :
Dans un monde Eduard Streltsov est une idole déchue condamnée à un goulag sibérien, dans un autre monde il est un rockstar du football qui est entrée dans la légende de son sport en ayant remporté la coupe de monde avec l'équipe d'URSS… Marina Vladimirovna qui se sent responsable de la chute du premier (à juste titre), aimerait bien rencontrer le second et l'étrange va permettre au miracle d'avoir lieu !
Entre conte philosophique et fable existentialiste, Olivier Boile réalise une nouvelle 100% moorcockienne ^^

"Le Chant de la Roussalka" :
Un père en deuil, un adolescent en quête de liberté. Une créature surnaturelle capable d'apporter la damnation ou la rédemption. Olivier Boile réalise sa version d'un classique du folklore russe, et c'est bien fichu !

"Sventovit, l'Enfant-Dieu" :
Valdemar le roi du Danemark et Absalom l'évêque guerrier donnent l'assaut sur l'un des derniers bastion des païens de Mer Baltique. Ces derniers sont résolus à mourir jusqu'au dernier, et décident de recourir à leur arme ultime : Sventovit le dieu aux quatre visages ! Un récit tragique réussi, pour ne rien gâché entièrement raconté par celui qui sert de vaisseau à la divinité…

"Na Zapad !" :
Olivier Boile reprend le schéma des grandes migrations indo-européennes pour réaliser une uchronie dans laquelle après avoir colonisé l'extrême-orient les cosaques colonisent l'extrême occident (sommes-nous dans un univers résolument post-apocalyptique?). Nous suivons au pas de course une dynastie qui refonde Bordeaux puis la Rochelle avant de s'élancer à la découverte des Amériques… L'idée est bonne et mérite d'être étendue en roman !

"Le Gardien" :
C'est l'histoire d'une porte qui ne faut surtout pas ouvrir, c'est son gardien qui le dit. Mais comme vous le savez la curiosité est un vilain défaut, n'est-ce pas ? Tous les classique du conte sont réunis pour un récit aussi intemporel qu'universel.

"Les Fils du héros" :
A sommes dans un récit dynastique en 3 temps :
- Héraclès confie son enfant à la reine des serpents Echidna
- la prophétie s'accomplit quand en pays nomade Skythès fils d'Héraclès accède à la royauté
- des générations plus tard, les descendants scythes d'Héraclès affrontent les descendants macédoniens d'Héraclès
Olivier Boile possède décidément tous les ingrédients pour réaliser de la Fantasy historique de qualité et ici il ouvre plusieurs pistes qui méritent d'être explorées !

"Les Doigts des morts" :
On part d'une vielle conteuse et d'une veillée pour développer une petite fable en forme de contre macabre. Vite lue vite oubliée ?

"Les Pies de la place Rouge" :
On place au crépuscule de la Russie d'Ivan de le Terrible une histoire de chasse et de procès de sorcières et la doyenne Nounekheïa fait tout pour sauver sa sororité des sbires du tsar totalitaire. Il existe des mythes universels et j'ai ici retrouvé toute les sensations du récit intitulé "Les Cygnes sauvages" popularisé par le conte d'Andersen (mis en image par un film d'animation soviétique, ça joue aussi ^^) On part du présent pour raconter le passé avant de revenir au présent : Olivier Boile dit ne pas donner dans la nouvelle à chute, mais comme ici parfois ça y ressemble un peu quand même ^^

"Nadejda" :
Les histoires de sacrifices humains en vue de sanctifier un lieu ou un objet sont vieilles comme le monde et communes à toutes les civilisations (il y en avait une dans le flashback chinois du manga / anime "Ushio & Tora"), ici l'originalité consiste dans la sacrifiée dont la vie continue dans l'épée à laquelle elle a été liée. Elle accompagne le bogatyr Niejdan avant de susciter l'intérêt, puis la fascination et enfin la compassion du bogatyr Aliocha : la boucle est bouclée quand Nadejda revient à Gorislav le forgeron qui l'a faite pour être défaite… Une belle réussite que l'auteur a étendue en roman, mais ici l'ambiguité entre la femme et l'épée est parfaite : cela serait géniale que quelque raconte la saga d'Elric le Nécromanien du point de Stormbringer !

"Du Sang sur des mains de givre" :
On passe à la moulinette le folklore russe avec Ded Moroz et Snegourotchka. On aurait pu avoir un Pinochio russe, mais Olivier Boile plonge les personnages dans les affres d'une tragédie familiale qui finit mal, très mal...

"Le Dernier Défi de Capitaine Soviet" :
Nous suivons les heurs et malheurs d'un superman soviétique confronté aux affres de la vieillesse, aux conséquences de l'abus de vodka, à la grogne de ses différents enfants, aux jérémiades de Papa Yougo, aux appels de Mikhaïl Gorbatchev et à des vandales berlinois… Olivier Boile fait référence au "Red Son" de Mark Millar mais cela ressemblerait presque au "Jupiter's Legacy" de Mark Millar ^^
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