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4,08

sur 368 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Avant le 3 novembre 1963, pour Pauline et Clémence, deux petites réunionnaises insouciantes, la vie avait le confort spartiate d'une case, la douceur divinement sucrée des litchis et des mangues, l'odeur des beignets de banane de Gramoune, la saveur épicée du cari, les sonorités chantantes du créole, la voix forte parfois rhumée du papa et le souffle rauque de la maman asthmatique.

Mais des gens bien attentionnés, auréolés de leur pouvoir politique et administratif, ont décidé de quantifier la misère et de distribuer des parcelles de chance à tous ces pauvres petits créoles qui allaient souffrir de tant de pauvreté. La France et ses départements sinistrés seront là pour les sauver. Même les bonnes soeurs, investies d'une mission divine, leur promettent un joyeux voyage et de belles vacances. Avec quelle facilité a-t-on pu se jouer de l'innocence de ces innombrables enfants, de la naïveté, de l'illettrisme et de la pauvreté de leurs parents !

Comment des assistantes sociales, sous prétexte d'appliquer des directives, ont pu fermer les yeux et suivre les consignes comme séparer les fratries ? Comment affirmer que le petit Gaëtan a bénéficié d'une grande chance en mangeant les restes d'une famille, en recevant des taloches et en travaillant et dormant comme une bête ?


Mais revenons à Pauline car la première partie de ce roman s'attache à ses pas qui doivent s'ancrer dans une nouvelle famille, dans une misérable ferme de la Creuse.
L'hiver s'installe dans son coeur, une maladie qui la terrasse effacera ses souvenirs qui partiront se noyer dans la brume creusoise.
Cette première partie m'a transpercée. Cet arrachement, à grand renfort de mensonges et d'indifférence face à ces enfants est déchirant.
Ariane Dubois soulage tout de même ce déracinement en esquissant avec beauté les liens qui se créent avec sa seconde famille adoptive, même si leur amour est parfois maladroit.
J'ai enchaîné les pages, portée par cette écriture rythmée, avide de découvrir comment Pauline allait construire sa vie confrontée si tôt aux mensonges de tous ces adultes.

En seconde partie, la fille de Pauline tente de lever le voile sur les origines de sa mère qui reste hermétiquement fermée sur son passé.
Ses recherches bien prévisibles ne m'ont pas captivée. Je suis restée, indifférente, sur le bord des routes de cette île luxuriante. Cette moitié, enrichie d'une bluette inutile et agaçante, fait chuter sensiblement ma note sur ce roman. Toutefois, je considère qu'il a le mérite de mettre en lumière un des épisodes peu glorieux de l'histoire de France longtemps enterré.
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Un bruit de moteur qui se rapproche, la 2cv camionnette, celle dont tout le monde dans l'île sait qu'il ne faut pas s'approcher. On les saisit par les épaules, les pousse à l'intérieur en refermant la portière sur elles. Jamais on ne revoit les enfants capturés par la voiture rouge. Pauline et sa soeur Clémence se retrouvent dans un foyer en attendant de partir pour la France.

Dans ce roman, à travers l'histoire de Pauline, Ariane Bois revient sur le drame des enfants réunionnais exilés dans la Creuse. En 1963 la situation de l'île de la Réunion est explosive, sept enfants en moyenne par famille, un fort chômage, la misère. Sur le continent, les campagnes se dépeuplent, on manque de bras. Alors Michel Debré, député de la Réunion va déporter 1600 enfants. Une minorité de ces enfants étaient orphelins, ils seront cependant tous déclarés pupilles de l'Etat c'est-à-dire que leurs parents n'auront plus aucun droit sur eux. Si certains ont la chance d'être adoptés par des familles aimantes beaucoup vont connaître une vie proche de l'esclavage.

Bonnes à tout faire, travailleurs sans salaire, Les humiliations, les gifles qui pleuvent à la moindre incartade, une main — d'oeuvre gratuite et corvéable à merci, on les prête à des voisins comme de vulgaires outils. Ils oublient leur île, leurs racines, leur langue, leur famille.

Même si l'histoire de ces deux soeurs séparées ne m'a pas vraiment émue, le mérite de ce livre est donc de mettre en lumière cette déportation assez méconnue, le traumatisme subit par ces enfants, le préjudice inestimable pour les parents.
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J'ai repéré depuis quelques temps le nom de cet auteur et surtout j'avais l'envie d'en connaitre plus sur ce sujet.

En effet c'est un sujet qui est très peu souvent évoqué et je l'ai moi-même appris il y a peu en étant justement très surprise que cette partie de l'histoire soit passé injustement sous silence.

J'ai tout de suite aimé la plume d'Ariane Bois et j'ai d'ailleurs très envie de lire d'autre de ses titres à présent, ici nous suivons deux soeurs vivant sur l'île de la Réunion qui vont être enlevée et emmener en France.

Elles seront par la suite être séparées pour officiellement être "adopté" mais la réalité est plus proche de l'exploitation car ses jeunes enfants sont souvent envoyer dans des fermes des zones dépeuplés de France comme la Creuse pour aider.

Sous prétexte de "sauver des enfants" de l'île de la Réunion ou la natalité serai trop forte, ces enfants ont été retirés à leurs parents.

Ce récit se lit d'une traite en ayant le coeur serré sur une quête d'identité qui est notre famille, pourquoi avoir changé de pays, le déracinement.

Pour un premier roman sur le sujet j'ai aimé celui-ci j'aimerai lire d'autres livres sur ce sujet ayant un côté plus approfondi.

Je recommande cette lecture au plus grand nombre par son sujet et l'écriture très accessible de l'auteur.
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Sentiment mitigé. D'un part, il faut reconnaître l'importance de ce roman, d'écrire sur ce mensonge d'Etat, sur les souffrances de ces enfants et de leurs familles pour rappeler ce douloureux souvenir aux nouvelles générations. Une sorte de devoir de mémoire. Je ne connaissais rien à cette affaire choquante et pour ça Arianne Bois a écrit un livre nécessaire.
Mais d'un autre côté, je suis un peu restée dubitative face à la manière dont cela a été traité. le style est simple, facile à livre, ce sont les ressorts de l'intrigue qui m'ont surtout fait lever les yeux au ciel. le début du roman est bien, on est pris dans l'histoire (sauf l'invraisemblable crise de Pauline à la découverte du secret de ces parents) mais toute la partie concernant l'enquête de Caroline m'a semblé bien mièvre et très arrangeante. J'ai trouvé maladroit aussi d'insérer des morceaux du journal d'Isabelle pour nous partager ses émotions. J'aurais préféré qu'elles soient suggérées à travers les yeux de sa fille pour plus de pudeur et de beauté. Je voulais lire la quête d'identité d'Isabelle pas l'enquête de Caroline. de même, un problème sérieux est à peine évoqué : la colère et la peur de certains réunionnais du retour de ces enfants qui reviennent sur l'île. Aborder plus en profondeur la complexité des sentiments, montrer également la difficulté à renouer le lien, de nouer les héritages. Tout ce fait si facilement... Je ne sais pas, je n'ai pas été convaincue, pas plus que par le flirt entre Caroline avec Sully.
Au final, je lui reproche surtout la façon dont a été abordé un sujet grave ; un peu simple, incohérente souvent et sans personnage digne de ce nom. J'ai eu l'impression de lire un roman se prenant pour l'Art de perdre d'Alice Zeniter (dans le type d'intrigue, le scandale déguisé, l'héritage générationnel etc.) mais sans le souffle, la force et le rythme, c'est dommage.
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Avis mitigé.

Avant de lire ce livre, je n'avais aucune idée de l'ampleur des événements qui ont conduits à ce drame.

Pour rappel : de 1963 à 1982, au moins 2 150 enfants réunionnais « abandonnés ou non » et immatriculés de force par les autorités françaises à la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales, furent déportés par les autorités dans le but de repeupler les départements métropolitains victimes de l'exode rural comme la Creuse, le Tarn, le Gers, la Lozère, les Pyrénées-Orientales. (Source : Wikipédia)

Bien qu'il y ait quelques mots en créole dans le texte, cela n'est absolument pas gênant grâce aux explications (notes) en bas de pages de l'autrice.

La plume de l'autrice est bonne, fluide et assez bien travaillée.

Le sujet en lui-même a été bien amené par contre c'est la construction du roman qui m'a posé problème.

Nous allons dans la 1ère partie suivre Pauline (alias Isabelle) puis dans la seconde sa fille Caroline.

Si j'ai beaucoup apprécié la première partie, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup trop de redondances et quelques longueurs dans la seconde partie.

Petit bémol : j'ai trouvé dommage de ne "suivre" que Pauline et sa fille. J'aurais aimé avoir le POV de Gaetan, de clémence et d'autres enfants enlevés...

En bref, c'est un bon livre assez complet pour un "roman tirés de faits réels", que je conseillerais si le sujet des "Enfants de la Creuse" vous intéresse !

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D'Ariane Bois je n'avais lu qu'un seul livre, le gardien de nos frères. J'en gardais un bon souvenir, celui d'un roman à l'écriture certes très classique, mais aussi reposant sur une intrigue bien construite, fondée sur un épisode de l'Histoire solidement documenté. Et c'est bien ce schéma que j'ai retrouvé ici.

Mais que cache donc ce titre propre à faire sourire n'importe quelle personne de ma génération ? Pas de monstre gentil dans ces pages, mais bien des hommes et des femmes mettant froidement en oeuvre une terrifiante opération d'Etat.
Nous sommes dans les années 60 sur l'île de la Réunion. Deux fillettes de 6 et 3 ans jouent sur les abords d'une route. Soudain, une voiture s'arrête et les happe sans ménagement. Quelques semaines plus tard, en compagnie d'une multitude de gamins ayant connu le même sort, les soeurs atterrissent à Paris, d'où elles sont conduites dans la Creuse où elles seront séparées pour être confiées à des familles d'accueil.

On suit l'aînée, Pauline, dont les nom et prénom seront changés par ses parents adoptifs pour mieux effacer son histoire. Elle finira pas oublier ses origines, s'enfermant dans une forme de déni allant jusqu'à éluder la question de sa différence de couleur avec les autres membres de sa famille. Celle-ci, lui expliquent-ils, ne serait due qu'à un taux de mélatonine plus élevé chez elle... C'est sa propre fille Caroline en quête de ses origines, bien des années plus tard, alors qu'un scandale d'Etat commence à être mis au jour, qui lui révélera sa véritable identité au terme d'une enquête menée avec pugnacité.

Alors, c'est vrai, le roman est parfois un peu cousu de fil blanc, à l'image de la manière dont Caroline s'associe à un journaliste pour obtenir des informations classées confidentielles... Mais je dirais que c'est le défaut de ses qualités : aucun temps mort, le rythme ne souffre aucune baisse de régime. Quant aux personnages, ils se révèlent attachants.

Mais surtout, l'auteure démonte parfaitement la mécanique de cette effroyable entreprise visant à repeupler les régions désertifiées de la métropole, dont j'ignorais pour ma part absolument tout. Elle révèle la manière dont l'Etat français arracha à leurs familles des centaines d'enfants, leur promettant pour eux une éducation et un avenir prétendument inaccessibles sur leur île. Combien de parents signèrent, parfois d'une simple empreinte de doigt, le document qui les séparera à tout jamais de leurs enfants. Car toute velléité de recherche qui pourrait par la suite être tentée sera vouée à l'échec. Combien de familles et d'individus furent brisés par cet acte barbare ! Et combien d'enfants se virent alors ravalés au rang d'esclaves dans des fermes du centre de la France...

Au-delà de l'histoire parfaitement déroulée par l'auteure, cette dernière lève le voile sur un épisode peu glorieux de notre histoire. La forme romanesque se révèle parfois précieuse pour évoquer des sujets graves ou difficiles à regarder en face. L'île aux enfants en est une parfaite illustration.
Lien : https://www.youtube.com/chan..
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ce récit sous forme de roman traite d'une histoire vraie assez méconnue.
Le kidnapping d'enfants à l'île de la réunion pour repeupler le département de la Creuse notamment.
Les vents premières pages sont poignantes et bouleversantes la deuxième partie est beaucoup plus lente. J'ai eu plus de mal à la lire car je me suis ennuyée. C'est dommage car le sujet est très intéressant.

Et vous connaissiez vous cette affaire &#xNaN;
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Ce récit en deux parties évoque un triste épisode de la politique française visant à repeupler la Creuse par le transfert et l' « adoption » sur place d'enfants réunionnais, ici Pauline et sa soeur Clémence. Au pays d'origine, naturel, chaleureux succèdent un milieu paysan, âpre, un climat rude, et en dépit de bonnes intentions locales, la séparation d'avec sa soeur, une série de déboires divers dus à cette transplantation forcée.
L'auteur, sans tomber dans le mélodrame, force pourtant la dose avec un kidnapping initial, de grossières tromperies sur la destination, des aperçus sur les mauvais traitements, des tentatives de suicides, les atteintes à l'identité, des attouchements, des remarques racistes etc.
Est-ce bien l'enfant ou l'adolescente qui raconte son parcours ? C'est l'auteure qui s'en charge dans un récit démonstratif qui ne craint pas les commentaires à l'usage du lecteur : « Elle est l'animal effrayé dont on change la cage, celle qu'on pousse dans la voiture si loin des siens »p.100 .
Après le milieu paysan, Pauline devient « Isabelle chez les employés», où des maladresses diverses génèrent et accentuent son malaise. Vient le temps de la Crise, quand Pauline, victime d'une perte de mémoire (!) découvre le certificat d'adoption.
Le style ne rachète pas des épisodes cousus de fil blanc : l'emploi de mots comme « maugréer » ou « morigéner » sonne mal.
J'ai donc fini la première partie sans être convaincu, la deuxième partie, jugée encore plus explicative par les Babeliotes, ne m'a pas tenté. Pourquoi à une fiction maladroite ne pas préférer un documentaire où les faits parlent d'eux-mêmes : sur France culture, « "Enfants de la Creuse" : une mémoire défaillante sur un crime impuni » . http://bit.ly/2TK0DRC
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Je découvre cette autrice à travers ce roman

L'histoire d'une petite fille réunionnaise qui va atterrir en France dans une nouvelle famille et devoir s'adapter à ce changement de vie de climat

on y apprend ce que l'on appelle aujourd'hui ce scandale d'État avec l'appui des services sociaux, des enfants qui certains sont tombés dans de "bonne famille" et qui d'autres ont été exploités dans "nos" campagnes


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C'est une histoire, celle des enfants déportés de la Réunion vers la Creuse, dont j'avais entendu parler aux infos et qui m'avait intéressée. L'aspect romancé du livre permet d'entrer dans le récit de façon rapide et simple, différentes façons d'avoir vécu ce drame sont évoquées.
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