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sur 365 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'exercice était difficile , relater un épisode peu glorieux du " transfert " dans les départements français en "mal d' équilibre démographique " d'enfants de la Réunion....Le " terrain " était "ciblé " , les familles en grandes difficultés pour qui la métropole représentait pour l'avenir de leurs enfants un incroyable Eldorado , une planche de salut salvatrice pour des milliers d'enfants ...Sauf que le véritable dessein était bien loin de cet élan de générosité de la " mère nation " , en témoigne le peu de documents relatant cette " déportation " , et surtout , cette omerta , cette chappe de plomb qui "couvrait " l'événement.." Dans les années dont on parle , j'allais au lycée de garçons de Guéret et jamais je n'ai entendu parler d'un quelconque trafic d'enfants , et si nous avions dans les classes de jeunes à la peau plus mate que l'ensemble des autochtones , ils étaient nos copains , on partageait avec eux les avantages et inconvénients de la vie lycéenne, on draguait , on jouait au foot , sans exiger de savoir , de vérifier, de contrôler.....C'était les copains , les copines , on se marrait, on s'engueulait parfois , on se prenait un coup pour avoir trop longtemps lorgné sur la petite amie d'un plus grand ....C'était ça la vie avec , parmi nous , des jeunes dont la" différence " n'était qu'un mystère de plus dans la longue liste des parcours souvent chaotiques des jeunes insouciants que nous étions....
Par contre , l'âge aidant , les blessures se rouvrent , au hasard de la découverte d'un document mal caché, d'une remarque , d'une interrogation , d'une information qui éclate comme une bombe et vient détruire " un ordre " finalement bien établi ....La naïveté, l'insouciance , la résignation s'estompent face au besoin de savoir ...On ne peut vivre indéfiniment sans comprendre qui on est , d'où on vient ....Souvent , on puise sa force dans l'obstination de " suivants " les enfants de la seconde génération qui , avec le recul , veulent , avec raison , je crois , retirer tous les liens de leur passé .
C'est par le " biais " de ce profond désir de vérité qu' Ariane Bois nous fait partager le quotidien de Pauline Isabelle et l'entêtement de Caroline ....C'est alors l'humain qui s'exprime , qui se prend en charge pour reconstituer le labyrinthe de l'existence , qui pallie l'hypocrisie d'une administration bien silencieuse et d'une population bien ignorante .
Grâce à Ariane Bois , j'ai pu remonter" un peu" , un tout petit peu à cette époque où....Un roman plein de sensibilité, de peur , d'effroi , d'incompréhensions , d'interrogations , de "beaux" personnages qui , à un moment de ma propre histoire , se sont trouvés là, près de moi ....Ceux et celles que j'ai côtoyés portaient sur eux l'envie de vivre , mais quelles interrogations peuplaient leurs pensées , peuplaient leurs rêves....Quant à nous , potaches creusois , la seule excuse me vient de Daniel Guichard , " Mais quand on a juste quinze ans , on n'a pas le coeur assez grand , pour y loger toutes ces choses - là, tu vois , c'est con...".
Un sujet difficile traité avec tact . Un roman qui mérite l'attention du plus grand nombre d'entre nous .
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.
1963 ...
L'île de la Réunion présente une situation démographique explosive et un fort taux de chômage . En métropole , l'exode rural provoque la désertification de certains départements comme la Creuse , le Gers ou la Lozère .
Alors , Michel Debré , premier ministre de Charles de Gaulle et député de la Réunion décide d'organiser la déportation d'enfants réunionnais , des bébés parfois . Déplacés comme de simples choses . Leur traumatisme est complètement occulté .

Ils sont choisis dans les familles les plus démunies : souvent analphabètes , les parents se laissent duper . Sur promesse d'avenir meilleur , on leur arrache leurs enfants , ils ne les reverront jamais .
On leur avait pourtant dit qu'ils reviendraient pour les vacances ...

Et , s'ils se rebellent , ne veulent par partir , c'est le foyer disciplinaire sur l'île " Hell-Bourg " , un bagne pour enfants pour les forcer à accepter ce voyage sans retour .
Déracinés , ils arrivent bien souvent en souffrance extrême car séparés et effrayés .
Certains , les plus chanceux seront adoptés , d'autres iront en famille d'accueil et parfois , placés dans des fermes , ils seront exploités comme des esclaves . La maltraitance n'est pas le souci premier des services sociaux .


C'est sur cette tragédie historique qu'Ariane Bois a bâti son ouvrage .
On va suivre l'évolution de deux petites filles et de leur descendance qui nous réserve bien des surprises ...
L'accent est mis sur la quête d'identité entravée par les non-dits ou les mensonges , le déni et autres impacts psychologiques .
Elle aborde aussi les méthodes éducatives de l'époque et les droits de l'enfant inexistants .


Malgré la connaissance de ce drame , plonger vraiment dans l'effroyable réalité est un bouleversement .
Ce récit , s'il prend une allure fictive , a cependant la force et la justesse d'un excellent documentaire et ses personnages , judicieusement choisis , le servent parfaitement .
De surcroît , c'est vivant et bien écrit .
Malgré la dureté du sujet j'ai beaucoup apprécié cette lecture . Il n'y a pas d'excès , pas de voyeurisme , pas de pathos . Les choses sont dites , le ton est juste .

Je remercie beaucoup l'équipe de Masse Critique et les Éditions Belfond .
Un cadeau qui m'a permis de revenir vers Ariane Bois .
Après " Dakota Song " , c'est le deuxième ouvrage de l'auteure que je découvre et que j'apprécie . Alors ... à suivre bien sûr !

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****Acquis en avril 2019--- Lu 16 septembre 2020

Une grande et violente émotion et rage… en découvrant cet « incident »…si peu glorieux du gouvernement français…Et je salue le plume très efficace de Ariane Bois. Une lecture bouleversante, qui laissera des traces !

Années 1960… il faut repeupler les campagnes françaises en pleine désertification… et ce Bon Monsieur Debré, ministre de De Gaulle, ne trouve pas mieux que d'aller faire enlever, sans la moindre considération , les enfants des réunionnais les plus pauvres, démunis…en séparant, en plus, comble de la cruauté, les fratries…en les rapatriant en France, dans les différentes campagnes dépeuplées, en premier, La Creuse !

« Il passe tant de temps seul qu'entendre sa voix le surprend, comme s'il s'agissait de son fantôme. Pour s'inventer une compagnie, il parle aux arbres.
- Moi, je vais à l'école.
- Eh bien, tu en as de la chance. je vais voler chemin [ : "Fuguer" ] si ça continue .(...) ici, même les oiseaux volent sur le dos pour ne pas voir la tristesse des champs. » (p. 46)

Ce petit garcon, Gaëtan, se retrouve “bête de somme », souffre-douleur dans une ferme de la Creuse, enfant enlevé à sa famille sur les ordres de l'Etat français, comme tant d'autres enfants de la Réunion, dans les années 60. Une réalité peu glorieuse provoquée par le gouvernement français. Comme tant de personnes, j'ai découvert cet épisode très, très tardivement. L'ouvrage d'Ariane Bois a d'autant plus de mérite, qu'elle offre ainsi une sorte de réparation, d'hommage aux souffrances de tous ces enfants arrachés à leur terre, et à leur famille, à qui on a ôté leurs racines et leur histoire...

A peine imaginable qu'un « gouvernant », un politique, être humain au demeurant ( !!...) ait pu induire autant de malheurs par une décision inhumaine et inacceptable. Traiter des enfants comme des marchandises, des paquets… allant de foyers en familles d'accueil , quand ils n'étaient pas traités comme des vulgaires « esclaves » dans les fermes de la Creuse et d'ailleurs , de la main-d'oeuvre gratuite…en somme!!

Gaëtan va trouver un bref moment un soutien, un réconfort en Pauline, petite fille de 6 ans, elle aussi, arrachée à son île et aux siens, séparée de sa petite soeur, Clémence…Une souffrance, un chagrin sans nom… et puis tant c'est douloureux… Pauline sera gravement malade, une méningite rare, et la mémoire s'effacera… plus la volonté sûrement inconsciente de Pauline de survivre à toutes ces séparations violentissimes…Pauline sera adoptée par un couple aimant et accueillant ,sauf le secret, le non-dit qu'ils ont entretenu sur les origines de Pauline, perdus eux-mêmes. Ils lui donneront même un nouveau prénom : Isabelle !

Isabelle, en apprenant les mensonges de ses parents adoptifs traversera une période de rébellion et d'autodestruction… heureusement, elle rencontrera l'homme de sa vie, avec qui elle aura deux enfants, Caroline et Sébastien ; elle reprendra une formation, deviendra fleuriste, montera sa boutique… Pour survivre, elle fera un trait sur sa vie d' »avant » , jusqu'à ce que sa fille, Caroline, étudiante –journaliste, entende à la TV cet épisode scandaleux et qu'elle interroge sa mère ; ce qui replonge celle-ci dans un état second de souffrance , de violence et de déni !…Elle se mettra à enquêter pour comprendre les traumatismes de sa maman et comprendre sa propre histoire !!

[ C'est Caroline, la fille de Pauline, qui parle ]…« Une chose est sûre: on m'a menti, volé la mémoire de ma famille. Et je ne le supporte pas, la rage m'habite désormais. est-ce sa faute, celle de mes grands- parents, de l'état ? le besoin de savoir m'éperonne. (p. 123)” .

Texte de qualité, documenté, qui à travers le destin de Pauline, de son histoire, de son enfance saccagée, de sa reconstruction, de ses enfants interrogeant avec acharnement leur « arbre généalogique » a le mérite de rendre hommage et mémoire à tous ces enfants , ainsi qu'à leurs familles, de l'Ile de la Réunion, qui ont été littéralement « sacrifiés » pour une décision
d'Etat, aberrante et dénuée d'humanité. Cet ouvrage m'a rappelée une autre lecture très lointaine, qui m'avait mise dans une colère et une rage aussi intenses : il s'agit de l'excellent ouvrage, fort documenté de Marie Rouanet, « Les enfants du bagne »…
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1963, La Réunion. Pauline et Clémence, six et sept ans environ, sont arrachées à leur île et à leur famille. On les emmène elles ne savent où, et se retrouvent dans une sorte de pensionnat, puis...en France, en hiver, dans la Creuse. Et elles sont...séparées ! Et chacune recueillie dans une famille, sans plus avoir aucune nouvelle l'une de l'autre...C'est une histoire de kidnapping, de trafic d'enfants d'une mafia quelconque...Non ! C'est l'Etat français qui a organisé ces enlèvements, sur une idée lumineuse de Michel Debré : pour repeupler les départements français désertés à cause de l'exode rural, qu'imaginer de mieux que les redensifier par l'apport de sources nouvelles : des enfants des îles miséreuses de l'océan indien...Adieu La Réunion, bonjour la Creuse et le Limousin. C'est tellement abracadabrantesque, traumatisant et raciste qu'on a du mal à croire que c'est arrivé il y a si peu de temps...Et pourtant c'est vrai : de 1963 à 1982, des services sociaux de l'Etat français ont participé à ce mensonge et à cette traite. Merci à Ariane Bois de nous le raconter. Bien entendu, on ne s'en vante pas, et je n'en avais jamais entendu parler.
Ariane Bois crée le personnage de Pauline, qui sera renommée Isabelle, pour raconter cette histoire, et celui de Caroline, la fille d'Isabelle, qui part à la recherche de ses origines. le début est excellent : il est raconté à hauteur d'enfant, l'enlèvement tel que le vivent Pauline et Clémence, l'arrachement, l'arrivée en France, la première famille, son comportement, l'absolue incompréhension des enfants livrés aux mains d'adultes inconscients...La suite est très bonne aussi : la jeunesse d'Isabelle, sa vie dans le déni de son traumatisme...mais il ne faut pas trop en dire.
Je remercie vivement Babelio et les éditions Belfond pour l'envoi de ce livre extrêmement instructif, et qui dénonce en France des comportements récents d'un racisme primaire, barbare et primitif, qui font honte et qu'on espère disparu pour toujours.
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L'île aux enfants Ariane Bois chez Belfond mars 2019.

Tout d'abord un très grand merci aux éditions Belfond et à Babelio , j'ai vraiment hâte de rencontrer Ariane Bois afin de pouvoir échanger autour de ce roman- récit réalité.
Fréquentant régulièrement les terres de la Creuse depuis de nombreuses années, je m'étais fait la réflexion "tiens il y a des locaux à peau foncée". Il m'aura fallu attendre juin 1998 pour entendre ce communiqué à la radio :"entre 1963 et 1982 plus de mille six cents enfants ont été arrachés à leur île, La Réunion..."
Alors bien sur quand j'ai su qu'Ariane Bois abordait ce sujet dans une version romancée, je n'ai pas hésité un seul instant. Grand bien m'en a pris. Non seulement j'ai enfin appris les tenants et aboutissants , eu les réponses à mes questions restées sans réponse et découvert une auteure de talent .
Alors je vous le dis sincèrement si cela n'est pas déjà fait ouvrez ce roman , ouvrez les yeux et que plus jamais ça!
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Décidément, Ariane Bois est une auteure dont les récits me touchent profondément. Déjà, lors de la lecture de son roman "Et le jour pour eux sera comme la nuit", j'avais fini en larmes et voilà qu'elle réitère l'exploit avec "L'île aux enfants". Un petit aparté juste pour dire que je trouve les titres de ses deux ouvrages magnifiquement bien choisis.

Avec ce livre, je découvre, médusée, le fait réel qui a inspiré Ariane Bois pour l'écrire. Entre 1963 et 1982, au moins deux mille enfants réunionnais ont été déracinés pour venir repeupler certains départements de métropole qui souffraient de l'exode rural, sous la houlette de Michel Debré, alors député de l'île... Parfois orphelins, mais souvent déclarés pupilles de l'état après avoir été soustraits à des familles pauvres et ignorantes, sous des prétextes fallacieux, ils ont été confiés au mieux à des parents en mal d'adoption ou au pire à des employeurs recherchant une main d'oeuvre gratuite et manipulable, sans bien sûr un quelconque espoir du retour promis.
Et c'est là que commence le roman avec l'histoire de Pauline, six ans et de sa petite soeur Clémence, purement et simplement enlevées à leurs parents démunis et embarquées pour la Creuse. Séparées dès leur arrivée, l'aînée, après une expérience malheureuse chez un agriculteur, est adoptée par une famille aimante. Une encéphalite lui fera tout oublier de son passé et ses parents adoptifs lui cacheront le secret de ses origines, qu'elle découvrira par hasard à l'adolescence.
Dans une deuxième partie, le lecteur fait connaissance avec Catherine, la fille de Pauline, qui en 1998, après avoir entendu une émission radio sur cette affaire d'état enfin mise à jour, décide de mener l'enquête, bravant l'hostilité et le mutisme de sa mère sur ses origines. La jeune fille se rend donc sur la terre de ses ancêtres potentiels contre l'avis de cette dernière.

De ce scandale d'état resté si longtemps enfoui, Ariane Bois a su tirer un roman bouleversant, raconté cependant avec pudeur et délicatesse. Je n'ai pas ressenti de la rancœur chez les personnages mais simplement le désir d'en finir avec les mensonges et les non-dits qui empoisonnent une existence. On y découvre ainsi toute l'importance de connaître et d'accepter ses origines.
Mis à part ce sujet auquel on ne peut qu'être sensible, Ariane Bois dépeint avec talent toutes les diversités qui font l'unité de la Réunion, cette île qui me tient particulièrement à cœur. J'ai retrouvé dans la poésie du texte et le langage fleuri, les odeurs, les couleurs, la saveur de ce bout de terre si bien nommé "l'île intense" et toutes les émotions qu'elle provoque chez celui qui la découvre.
Un roman coup de poing et coup de cœur auquel je ne peux qu'accorder un 20/20. Ce n'est qu'en février 2014 que les députés français ont reconnu la responsabilité de l'état envers ces pupilles...
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Des années 1960 à 1980 (oui oui !!! au XXème siècle), plus de 2000 enfants sont arrachés de leur île natale, La Réunion, puis envoyés en France pour repeupler les zones rurales désertées. Un scandale d'Etat méconnu !!! et pourtant bien réel !!!

En 1963, Pauline Rivière, six ans et sa petite soeur sont kidnappées à la Réunion et emmenées de force à Guéret dans la Creuse où elles sont séparées. Après un rude hiver dans une ferme isolée, Pauline est adoptée par un couple aimant installé en ville. Elle change de nom et devient alors Isabelle Gervais !!!

Des questionnements, des doutes, les réflexions sur sa couleur de peau assaillent Pauline/Isabelle qui ne trouvent pas les réponses.

En 1998, quelques phrases à la radio rouvrent les vieilles blessures de Pauline/Isabelle. Sa fille Caroline jeune journaliste, décide d'enquêter et découvre alors un mensonge d'Etat.

Un roman - document coup de poing !!!
Une histoire poignante à lire sans hésiter, histoire qui m'a particulièrement touchée, ma mère étant réunionnaise.
Très documenté, ce roman bien construit en deux parties ne laissera pas indemne. Toute la magie de la plume d'Ariane Bois.

Merci à Babelio pour la rencontre organisée avec @Ariane Bois
Merci aux @Editions Belfond
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voici donc une réalité qui avait été trop longtemps dissimulée, la lumière fut et cette infamie quel que peu réparée. Il était temps ! Mais hélas combien d'enfants arrachés à leur famille et placés comme des objets, traités souvent comme des esclaves par des paysans peu scrupuleux de tirer profit d'une main d'oeuvre gratuite. Honte à eux ! Même si au départ ce sont nos politiques d'alors qu'il faut incriminer, c'est bien ces familles qui ont largement profité de ces pauvres mômes qu'il convient de condamner. Heureusement bien d'autres familles ont adopté ces enfants avec amour et considérés comme tels.
C'est un récit déchirant, émouvant, qui permet de révéler sans pathos ce drame de l'époque.
J'ai beaucoup aimé la plume et les personnages, la construction du récit.
Je ne savais rien de cette histoire et certainement comme beaucoup de français à qui on cache la vérité ou on la déguise de façon à ne pas soulever le voile du mensonge et du scandale.

Hélas combien de drames se sont joués sans qu'on le sache ni même qu'on le soupçonne ! Maquillés par des faux espoirs, des vaines promesses d'un avenir meilleur. Tout ça par l'orgueil des hommes de vouloir ou croire faire mieux, laisser son nom quelque part sur une plaque rutilante de vanité, gonfler des chiffres, redresser une économie, peuplée des régions désertiques mais au nom quel droit ont ils pu clamer cette fourberie ? Certainement pas celui des droits de l'homme !

C'est bien de mettre en avant par un roman de tels drames pour savoir et ne plus laisser dans l'ombre la vérité.

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Dans les années 60, les enfants réunionnais vivant dans des familles pauvres sont nombreux. En métropole des départements essentiellement ruraux connaissent la désertification. Pourquoi ne pas déplacer ces enfants pauvres dans les régions abandonnées ? C'est la brillante idée de Michel Debré qui jamais ne reconnaîtra avoir eu tort ou avoir mal agi.
On organise donc le transfert pour ne pas dire la déportation de plus de 2000 enfants de la Réunion vers les départements désertés. Pour convaincre les parents on leur fait miroiter un avenir plus brillant pour leurs enfants qui bien sûr reviendront les voir aux vacances. Une fois la signature ou l'empreinte du pouce obtenue, les enfants sont kidnappés et installés dans un foyer sans jamais être consultés ou mêmes seulement avertis. Puis ils s'envolent vers un autre foyer à Guéret, où des familles viennent les chercher. Certains chanceux seront adoptés, d'autres surtout des garçons, sont placés en famille d'accueil dans des fermes où ils sont corvéables à merci et ne vont jamais à l'école. Des assistantes sociales visitent bien les familles mais comme leur venue est programmée il est facile de faire croire que les enfants vivent dans de bonne conditions. D'ailleurs ce n'est pas leur intérêt de faire des histoires. Les fratries sont toujours séparées pour “favoriser l'intégration”.
Il faudra longtemps pour que cette histoire soit connue et que les députés reconnaissent que l'Etat a mal agi mais sans qu'aucune demande d'indemnisation aboutisse.
Les victimes sont bien sur les enfants déportés mais aussi les familles adoptives dont toutes ne sont pas maltraitantes, les familles d'origines frustrées de leurs enfants et dont les regrets n'ont aucun pouvoir. Mêmes certains enfants restés sur l'île et qui ne comprennent pas que les enfants exilés puissent se plaindre.

Quelques romans ou documentaires font état de cette infamie, dont ce roman d'Ariane Bois qui raconte à travers l'histoire de Pauline, séparée de sa soeur Clémence, les différents destins de ces enfants volés, dont certains comme celui de Gaëtan sont dramatiques. Ces événements ont eu des répercussions sur la génération suivante Telle Caroline qui permet à sa mère Pauline de renouer avec un passé qu'on lui a caché et dont elle ne veut plus se rappeler.

Un roman court et très prenant que je recommande.
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Ce livre est remarquable et puissant, je ne connais pas du tout cette auteure et je découvre sa plume juste et imprégnée d'une émotion vive avec ce roman L'île aux enfants.

A mon sens c'est un livre nécessaire, car cette histoire d'enfants "volés" véridique est un scandale d'état inconsidérable, gardé sous silence bien trop longtemps. Et donc je remercie l'auteure qui a su avec talent, donné voix à ces enfants d'hier, adultes aujourd'hui.

Du début à la fin j'ai été prise totalement par l'histoire tragique de ces deux soeurs Pauline et Clémence Rivière. Elles ont été enlevées à leurs parents en 1963 à l'âge de 6 ans pour l'une et 4 ans pour l'autre. La France devait repeuplée certaine région désertifiée et ainsi a mis en place un plan machiavélique qui était de s'emparer d'enfants pauvres de la Réunion pour les confier à l'adoption en métropole. Ce sont dans ces conditions qu'elles sont arrivées à Guéret dans la creuse ces deux petites.

L'auteure avec force nous fait vivre l'horreur de l'enlèvement , l'arrachement à la famille, à un milieu pour découvrir un autre monde complètement inconnu à ces enfants, à l'exploitation de certains de ces jeunes... Elle souligne comment un enfant, inconsciemment pour survivre, trouve des moyens inimaginables ! Comment il doit s'adapter à ce nouveau monde, subir les maltraitances des autres, le racisme bien sur est évident dans les cours d'école ... Je suis terriblement touchée de cette lecture, tant je sais, d'un côté, combien les sentiments décrits sont pertinents, sincères et fidèles ... des douleurs que j'ai entendu si proche de moi et puis de découvrir ce passé si inhumain blesse tout simplement.

Je ne dirais volontairement pas davantage, ne souhaitant pas dévoiler cette histoire merveilleusement écrite ! Je souhaite juste que vous ouvriez ce livre et vous verrez comment il vous emporte littéralement.

Encore sous l'émotion de ma lecture, je remercie l'auteure et les éditions Belfond pour leur confiance.
#ArianeBois #NetGalleyFrance
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