Le vent s’est levé sans avertir en fin d’après-midi, vent de suroît qui souffle en rafales, tord les vagues ; on dirait que la mer boue.
La pêche avait été quelconque ; un peu de langoustine, quelques soles, du merluchon, et une belle araignée que Pierre avait rapporté pour dîner. Nous achevions de la déguster. Il a mis le nez au carreau : le ciel disparaissait sous les embruns.
- Probable qu’il passera un moment avant qu’on puisse sortie, a-t-il soupiré.
Il m’a adressé un clin d’œil :
- Qu’est-ce qui t’as bien pris, Marie, d’épouser un pêcheur ?
Me voici au dernier échelon. Pas facile avec ce vent qui vous plaque à la coque, la houle qui creuse, ce coeur qui bat trop fort. La peur ? Pas vraiment. Pas le temps. On verra plus tard pour la peur. Je trouve quand même les trois secondes nécessaires pour faire un voeu idiot avant de m'affaler sur le pont de "la Joyeuse".