Le Troisième Reich a été écrit par Roberto Bolano en 1989 et publié seulement en 2010. Je l'ai lu avec moins de plaisir que les autres oeuvres de ce génial écrivain.
Pourtant on y retrouve bien la poésie propre à l'auteur et ses préoccupations existentielles et politiques.
Un jeu de stratégie nommé "Le Troisième Reich" occupe une place centrale dans ce roman. Son objectif consiste à rejouer les phases de la seconde guerre mondiale avec le moins d'erreurs possible. On devine dès les premières pages qu'il est doté d' une importance symbolique énorme, et on le prend au sérieux. Bien plus qu'un jeu, il tient le rôle du psychopompe qui met à disposition le terrain d' une véritable guerre livrée par le narrateur contre lui-même et son monde d'hier comme le seraient les lames d'un tarot initiatique belliqueux : remise en cause de sa vie passée, de ses choix de vie, de ses relations amoureuses et amicales. Les diverses parties, menées contre un adversaire inquiétant et peut-être malveillant "Le Brûlé" ( probablement l'autre versant de lui-même mais toutes les interprétations sont ouvertes) le mènent de la certitude de la victoire à la perte progressive de ses avantages et à la défaite finale. Est-il fou de s'acharner ainsi contre vents et marées ? Cet échec le livrera-t-il aux terribles dangers qu'il pressent ou lui permettra-t-il de s'engager dans une nouvelle voie : la sienne ?
Tout cela aurait un grand intérêt, mais l'énumération interminable des généraux, des fronts de combat, des forces engagées, des pertes en hommes, en munitions et des manoeuvres offensives ou de contournement sur ce terrain de plastique et de carton est venue à bout de ma bonne volonté : j'ai terminé le roman en survolant les longues pages consacrées aux tactiques des combattants.
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Vous affirmez avoir commis plusieurs fois le même crime. Non, vous n'êtes pas fou. C'est en cela, justement, que consiste le mal.
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