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3,71

sur 276 notes
Quelle beauté.

Sans doute suis-je plus particulièrement sensible au récit mettant en scène les rapports père-fils, mais celui-ci m'a beaucoup touché à maints égards.
Outre l'évocation de ce père sous le regard de son fils, il y a aussi cette humanité grandiose qui transparait quand il y est décrit des hommes qui ne sont ni intellectuels, ni manuels, ni artistes, mais un peut de tout ça en même temps. Bien loin de ce qui rétrécit souvent l'homme en le réduisant à une étiquette, ici, en filigrane, c'est cette grandeur de l'homme, aussi, qui est là.
L'homme qui forge dans le froid d'un côté et de l'autre qui a un don artistique... et puis, et puis, le passage du temps, les gens qui s'étiolent, presque jusqu'à disparaitre, ce père qui rétrécit, tandis que le fils grandit, plus ou moins bien.
J'en parle sans doute mal. Mais, c'est vraiment, un très beau livre.
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« Mon roi d'éternité »

Bref roman de Guy Boley pour évoquer la figure paternelle. Et, ô miracle, ce père n'est ni violent, ni incestueux…

Un homme simple, digne, riche de rêves secrets pudiquement dissimulés. Un père qui n'a pas fait d'études, un ouvrier, forgeron à 14 ans, boxeur à ses heures de loisirs, amateur d'opérettes et de majorettes, vaguement acteur et surtout amoureux fou des mots de la langue française, ceux que l'on ne trouve que dans le dictionnaire… Mots lus, admirés mais jamais utilisés, mots trop mystérieux, intimidants, condamnant au mutisme. Un père en prise avec le déterminisme social.

Un père mal connu, mal aimé, méprisé le temps de l'adolescence, de la jeunesse.

Mais aussi, un père fracassé par la mort du second enfant, ce bébé tant espéré. Oubliant ses bonheurs, ses joies, ses rêves passés, noyant sa détresse dans l'alcool, persuadé d'être un raté.

Un père retrouvé sur le tard, sa vie à recomposer, son parcours à décrypter, tant de fantaisie, d'enthousiasme, d'investissement alors ignorés par le fils. Un père tout à la fois humble, modeste et grandiose.

Hommage rendu de la plus belle façon qui soit : des farandoles de mots, des flots de phrases, des geysers de paroles tour à tour joyeuses, impétueuses, nostalgiques, désespérées. La langue imagée de Guy Boley.

De la vie à la mort : on sourit, on rit, on pleure aussi. Et l'on pense à celles et ceux, aimés, qui s'en sont allés, à leur éclat, leurs frémissements enfuis à jamais.


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Il y eut d'abord le choc de l'écriture et de la description de la ville de Besançon (cf citation), puis la cocasserie au coin des phrases de ce roman.
Cheminant de manière mi anecdotique, mi humoristique, Guy Boley nous présente son père qui fut champion de France de boxe et Jésus Christ dans une représentation théâtrale paroissiale.
Le titre aurait d'ailleurs pu être : “Jésus Christ boxait en amateur”, mais de ce père, rejeté parfois, l'auteur dresse un portrait sans concession et pourtant déifié : “Tu n'as jamais été un raté, papa, tu es mon unique Dieu, le seul auquel je crois, le seul auquel, jamais, je ne cesserai de croire.”

Un hommage en forme d'uppercut fait de la synthèse des métiers de l'auteur : ouvrier, chanteur des rues, cracheur de feu, directeur de cirque, funambule, chauffeur de bus, dramaturge…
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C'est un roman touchant, émouvant que l'auteur nous offre ici. C'est aussi autobiographique car Guy Boley parle de son père, de ses liens d'amitié avec un ami d'enfance devenu prêtre.
L'auteur raconte qui était son père et de quelle manière il a inspiré sa vie. le récit est simple, bien écrit et agréable. Cette histoire est universelle. J'ai passé un joli moment de lecture.
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Quelle magnifique plume, quel style puissant et fin à la fois !
Guy Boley raconte son père, qui a été forgeron professionnel, boxeur amateur, et comédien à l'occasion. Alors, était-il Dieu le père ? Pas tout à fait, loin de là, car il y a eu tout de même des conflits entre eux, et même de gros, mais pour son vieil ami Pierrot, entré dans les ordres, ce père acceptera de jouer le rôle du fils de Dieu sur la scène du petit théâtre paroissial.
Le soir vacille comme un ivrogne. René a les mains encore pleines des lumières de la forge et l'abbé Delvault, qui sort d'un après-midi de confessions, a la soutane qui sent le péché véniel et ses parfums absolutoires. Ils ont, chacun à leur manière, élégamment rempli leur journée de travail, l'un rougeoyant l'acier, l'autre blanchissant les âmes, martelant ce pour quoi ils sont faits, du mieux qu'ils le pouvaient, sur la petite enclume de leurs destins.
Ce père, en plus, était passionné par les mots et les dictionnaires. Si la vie avait été plus clémente pour lui, peut-être aurait-il pu devenir autre chose qu'un type qui a dû subir l'existence jusqu'à être débordé par elle.
C'était un véritable artiste. La vie l'avait taillé pour ça, mais pas son destin, la première se chamaillant fréquemment avec le second en faisant payer aux hommes les pots cassés de leurs sottes divergences.
On sent de la culpabilité dans le récit de l'auteur, car il n'a pas toujours été tendre avec son père, et il le regrette, trop tard. Est-ce pour ce faire pardonner qu'il a écrit ce livre en forme d'hommage ? Peut-être. Quelle qu'en soit la raison, le bouquin est excellent, soutenu par une Écriture impeccable et des tournures de phrases alertes et percutantes comme les uppercuts que l'ancien boxeur distribuait pendant les matches.
Il faut reconnaître que sa mère (ma grand-mère par ricochet, mais morte avant ma naissance, donc ne ricochant pas sur grand-chose, hormis quelques photos et quelques racontars) n'est pas une tendre.
Le lecteur suit l'ascension et la décadence de cet homme avec émotion. Il le voit se battre dans la vie comme sur le ring pour atteindre l'objectif qu'il s'est fixé, puis recommencer pour parvenir à endosser le difficile rôle de Jésus pour satisfaire son ami. Puis l'âge le rattrape et les choses tournent mal…
Je ne suis pas particulièrement amateur de biographies, histoires vraies et autres témoignages, mais je ne dédaigne pas ce genre quand un bouquin se détache du lot, et c'est le cas avec celui-ci. Je me suis régalé avec ce récit plein de nostalgie, d'humour et de bon sens.
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Après Victor Hugo et les Frères Lumière, René est né à Besançon, en 1926. Orphelin de père, il vivait avec sa mère dans un quartier populaire. « Ce quartier fut toute sa vie, sa seule mappemonde, sa scène de théâtre, son unique opéra…il y passa sa vie, de forgeron, y aima l'enclume, la boxe et l'opérette. Et le théâtre par-dessus-tout ».

René avait un ami, Pierrot, qui devint abbé. Grâce à lui, René avait interprété « La Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Malgré l'autorité que sa mère déployait pour éloigner René de ces objets (les livres) « qui zigouillent les méninges et abîment les yeux » René avait une âme d'artiste.

Hélas, il fallut que son père soit victime d'un AVC à 64 ans et qu'il meure un peu plus tard, pour que Guy , le fils de René, réalise qu'il était passé à côté d'un homme sans le connaître.
« Il faut que les gens meurent pour que leur linceul devienne ce palimpseste où leur vie fut écrite avec leur destinée, et non avec celle qu'on leur avait, de leur vivant, forgée. »

D'une histoire qui pourrait être banale, un rendez-vous manqué entre un fils et son père, la réparation qui arrive à la lumière de regrets et de remords illumine ce roman. C'est forcément triste et pourtant, c'est très beau. Guy rend un bel hommage à son père à travers les mots, les phrases, les références littéraires que ce dernier aimait.

Quant à l'écriture, l'humour voire l'ironie qui la compose m'ont fait penser à la soupape que nous utilisons parfois pour cacher nos vraies émotions ou les sentiments que nous n'osons pas extérioriser.
Bel hommage au père, ode à l'amitié, et honneur à l'écriture, aux mots, à la musique, au théâtre… à la culture en général.

Lien : https://mireille.brochotnean..
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René, forgeron depuis l'âge de quatorze ans, deviendra champion de France de boxe, écrira des opérettes, fera du théâtre à la salle paroissiale........
Mais il restera avant tout forgeron et vivra en sourdine ses véritables passions.
René, c'est le père du narrateur, le père de l'auteur.
Auteur qui en fait un beau portrait et lui déclare après sa mort un amour qu'il n'a pas vraiment su lui montrer de son vivant.
D'une belle écriture cultivée, il témoigne d'une époque où le travail primait sur les aspirations.
Il y a beaucoup de sentiments, de l'humour aussi.
Si j'ai apprécié le livre, je n'ai cependant pas su me faire gagner par l'émotion et suis un peu restée en retrait.
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Avec Quand Dieu boxait en amateur, Guy Boley part à nouveau à la rencontre de son père. Mais d'un père séducteur, un père qui s'est construit dans une misère relative. René est orphelin, élevé par une mère peu éduquée et qui a peur des livres, il devient forgeron puisqu'il faut bien vivre, et boxeur, car ça fait du bien de se sortir la tête des livres ! Devenu père de famille il sera également un temps comédien amateur.

La famille vit quelque part au bord du Doubs, du côté de Besançon. L'ami Pierrot, l'ami d'enfance, appelé par Dieu, est entré dans les ordres. Revenu au pays il devient l'Abbé de ce Dieu en qui ne croit pas René, mais dont il va lui parler toute sa vie. A tel point que pendant des années René va tenir le rôle de Jésus à la fête paroissiale … Jusqu'au drame, déjà évoqué dans le premier roman, dense et destructeur, la mort d'un enfant, d'un petit, repris par un Dieu inhumain…

On entre avec ce roman comme dans un autre temps, pourtant les années 50 ne sont pas si loin. Mais ici c'est le monde de la forge et de la cure, du théâtre amateur et de Luis Mariano, le monde des ouvriers et des Abbés, des femmes qui viennent voir ce bel athlète qui incarne Jésus, toutes sans doute secrètement amoureuses du beau René. C'est nostalgique à souhait d'une époque révolue, parfois triste et souvent belle, celle de l'enfance insouciante, celle plus difficile de la famille désunie à la suite de la perte d'un enfant, une fois de trop et de la famille anéantie par un Dieu qui n'est ni bonté ni amour.
Ce sont les souvenirs d'un fils pour cet homme taiseux qui n'avoue jamais son amour, puis d'un homme affaibli, alcoolique, solitaire et abandonné y compris par ce fils qui pourtant le glorifie aujourd'hui par ses mots et son amour révélé.

lire la chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/10/26/quand-dieu-boxait-en-amateur-guy-boley/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Je vous parle un peu de Quand dieu boxait en amateur de Guy Boley.

On suit le parcours de René, orphelin de père mort « paf, entre deux wagons, comme une crêpe, le pauvre », expression tant répétée qu'il n'en gardera que cet unique souvenir, dont la mère autoritaire lui préférera la boxe à ses aspirations artistiques afin qu'il ne devienne pas une gonzesse, que jamais une émotion ne glisse sur ce visage de héros grec et ce port altier.
Il embrassera à 14 ans la carrière de forgeron, en même temps qu'il balancera ses premiers uppercuts et knowout. Il empruntera plus tard, pour son ami Pierrot ( non pas sa plume... mouais, facile ), devenu abbé, la tunique de Jésus sur scène, lors de son élévation, chaque année durant la fête paroissiale, jusqu'au drame familial.
Dans ce second roman, Guy Boley prend la plume pour rendre à son père défunt, sa couronne de lauriers, tressée de superbes phrases et d'envolées lyriques absolument sublimes.
Plus grand chose de prosaïque dans ce récit, c'est presque un poème sans vers que nous propose l'auteur, écrit avec force, respect, et une grande maturité littéraire.
Boley décrit la condition des hommes de cette époque oubliée dans un paysage populaire, un peu à la manière d'un Giono et ses visions De Grèce antique.
Dieu du ring, Zeus de la forge, fils du tout-puissant sur scène, mon missel à la main, j'ai relu plusieurs fois quelques passages, tant ils étaient beaux, en communion avec l'auteur.
Quel magnifique moment de partage et d'intimité ! de la très belle littérature pour une vie finalement chagrine.
Ce second roman permet également un coup de projecteur sur le premier Fils du feu, et de ressentir davantage ce qui était de l'ordre de l'imaginaire et de l'autobiographie... à moins que tout ne soit qu'autofiction.
Quand le texte est supérieur à l'histoire qu'il raconte, ça reste de l'or en barre.
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c'est un des livres le plus émouvant que j'ai lu depuis de nombreuses années. l'auteur nous plonge littéralement dans sa famille, dans son quartier et c'est à chaque page une découverte qui parfois laisse un goût triste-amer et parfois un goût si agréable que l'on se sent le besoin de relire le passage... un (petit) livre magnifique!!!
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