Citations sur Colette (42)
Coup de foudre ? Willy, dans ses Indiscrétions, prétend que c’est Colette, séduite dès l’abord, qui fit à Georgie « une cour ardente, brutale, tenace et qui scandalisa, par son impudence, les Paul Adam, les Henri de Régnier, tous les ménages littéraires… » Colette, dans Claudine en ménage, montre au contraire son héroïne, tentée certes, mais inquiète, hésitante…
Où il va connaître un triomphe : « Léo me dit que ç’a été un succès inouï à Paris ; on a fait des comédies, des chansons plus ou moins morales mais qui accentuaient le succès du livre et le faisaient acheter. » Et, dès le mois de juin, Colette peut manifester sa joie : « Claudine en ménage vous salue, et vous avertit qu’on a tiré cette semaine le 70e mille. »
L’état d’enfance et la protection maternelle qui l’entoure, l’innocence, les dons de toutes part reçus, de la nature et des créatures, comment appeler cela autrement que le bonheur ? « J’ai été une enfant pauvre et heureuse comme beaucoup d’enfants qui pour toucher une vive sorte de bonheur n’ont besoin ni d’argent ni de confort. »
Ce qu’on peut certainement lui reprocher, c’est d’avoir laissé faire son époux. D’avoir eu confiance en lui, « cette confiance lisible dans ses yeux gris ». Quitte à le regretter ensuite : « J’ai été dupe de l’incurie de papa : que ce soit un exemple à ne pas suivre pour toi. » Ou bien : « [Les] mensonges que me faisait ton père exprès et que je croyais toujours. Mensonges, pieux mensonges,omissions,silences...
Nous sommes au XIXe siècle, époque où les femmes, mineures à vie au regard du Code Napoléon, se mêlent rarement de gestion. Même quand il s’agit des biens qu’elles ont apportés en dot. Il est fort probable que Jules Colette, auréolé de sa compétence supposée de percepteur, a pris en main l’administration du patrimoine de sa femme et de ses beaux-enfants. Avec le résultat que l’on sait.
N’était-il pas simple, pour ces êtres dépourvus de sens moral, de s’attaquer aux fermes et aux bois des enfants du premier mariage ? De mémoire d’homme, à Monti, on ne vit un tuteur plus malhonnête que M. Barbenzinc – militaire retraité et décoré. »
C’est vrai, la vanité, voire la fatuité, ne sont pas absentes de son caractère. Ex-militaire, ex-percepteur, poète médiocre à ses heures, écrivain raté, nous le verrons, il veut néanmoins « être quelque chose ». Un notable. Les Colette vivent d’ailleurs comme des notables, c’est-à-dire bien au-dessus de leurs moyens.
« Je n’étais pas un phénomène. J’étais une petite fille sans éclat, une petite fille comme les autres. » Yvonne, née la même année, deviendra Claire, « ma sœur de communion », dans Claudine à l’école.
Quatre mois plus tard, Gabrielle Colette se présente à l’écrit du certificat d’études primaires. Où elle obtient – Ô surprise ! – 3 en rédaction. Trois sur 10. Il faut dire que le devoir proposé aux candidates – des enfants de douze ou treize ans ! – a de quoi surprendre, même en tenant compte du contexte politique revanchard de l’époque, quinze ans après la débâcle de 1870 : « Vous avez eu l’occasion de voir une carte allemande, où la province de Bourgogne, dont l’Yonne fait partie, était représentée comme ayant appartenu et devant faire retour à l’empire d’Allemagne.
Et voici l’école. Ecole des filles, école des garçons qu’entourent les jardins des instituteurs. Et l’école maternelle où la classe des grandes se réfugie, pendant les travaux, aux premières pages de Claudine à l’école… « Tout autour de nous, c’était l’hiver, un silence troublé de corbeaux, de vent miaulant, de sabots sabotant, l’hiver et la ceinture des bois autour du village… »