Citations sur Vous aimer (29)
Je ne suis pas quelqu'un qui plaît, je t'assure. Jamais un type ne se retourne sur moi dans la rue. Et je ne voudrais pas du tout que ça m'arrive.
Cette subtile conjugaison de faits et gestes, de regards et de mots, de tout et de rien, de vide et de plein. Tout la nourrissait, la présence comme l'absence, l'inconnu comme le connu, l'amour pour lui, naissant, et l'amour qu'elle recevait de lui, déjà, en demi-teinte, pudique encore mais qu'elle sentait plein. Ce n'était pas même du désir, du stupre, de l'avidité sexuelle, non, c'était l'union de deux enfants devenus grands. (p. 41)
On sous-estime le baiser. Lorsqu'il se donne, pleinement, entièrement, c'est une étreinte des âmes. (...)
Le baiser est un conquérant et un seigneur, un chevalier, un mousquetaire, c'est un océan, un monde sauvage, un horizon sans fin, une éternité, un paradis. (p. 108)
Il faut une vie pour s'aimer. Se pardonner ce qu'on n'est pas, apprivoiser ses défauts, comprendre enfin qu'il n'en sont pas, être tendre avec soi. À quarante-cinq ans, enfin, elle avait appris à s'apprécier.
C'était un de ces jours difficiles, au milieu d'une semaine difficile. Il fallait accepter la réalité du quotidien. Un mari qui ne sait formuler que des remarques, se plaint constamment de sa femme, de ce que fait et ne fait pas sa femme, un homme qui n'apprécie jamais rien, rien, rien. Si bien qu'elle n'était plus très motivée, comme amputée d'elle-même, de sa nature profonde.
Je n'attends rien mais j'espère tout, lui avait-elle dit un jour, à propos de la vie, avait-elle précisé. Il savait que ces mots-là, prononcés par elle, étaient aussi pour lui. Il n'en avait rien fait. (p. 133)
Alors ce qu'ils vivaient, et comment, cela demeurait un grand mystère. S'ils vivaient quelque chose. Mais même s'ils ne vivaient rien, ils vivaient quelque chose, puisque le peu qui était là lui était, à elle, un tout, enveloppant, merveilleux. Et ce peu était si fort et si beau. Rien que cela, elle aurait vécu.
Le soir chez elle, devant tous ses enfants, et son mari, elle l'avait dit: elle avait rencontré, au déjeuner, quelqu'un d'absolument extraordinaire. C'était sortit d'elle, comme ça. Et elle l'avait répété. Quelqu'un d'absolument extraordinaire. La jeune étudiante qui s'occupait de surveiller leurs enfants jusqu'à leur arrivée était encore là, en train de mettre son blouson, de regrouper ses affaires avant de partir, et elle avait répété avec étonnement: absolument extraordinaire? Et là, tous les adjectifs qui s'étaient échappés de sa bouche avaient rivalisé d'éclat. Elle avait stoppé, assez vite, son énumération, comprenant que certaines choses, ou plutôt certains moments peut-être ne se partagent pas. Du reste, à part la jeune fille, personne n'avait vraiment relevé quoi que ce soit. Ses yeux brillaient déjà, son cœur en joie, sa légèreté, ni même cette robe qui lui allait un peu trop bien.
Elle marchait dans la rue, comme des tas de femmes marchent dans des tas de rues : sans que quiconque connaisse leurs rêves secrets, leurs bonheurs intimes, la joie pure, ou bien, aussi, le coeur un peu serré
Homme libre, toujours tu chériras la mer. La mer est ton miroir et tu contemples ton âme dans le déroulement infini de Sa lame et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer. (Page 167)