Chambre 2, de
Julie Bonnie, est de ces livres très particuliers qui parlent différemment aux lecteurs que nous sommes, selon nos histoires et nos ressentis, selon que l'on soit un homme ou une femme, jeune, vieux, parent ou pas.
Dérangeant ou salvateur, ce cri de douleur de Béatrice, auxiliaire de puériculture, ne peut en aucun cas laisser indifférent. le cri d'une femme et mère qui ne peut assumer son métier.
Ayant un bébé de 4 mois, j'ai démarré cette lecture avec une certaine appréhension, parce que la maternité, c'est un lieu que j'ai fréquenté récemment; que je les ai vues sans les voir, ces dames en rose bonbon qui peuvent paraître si proches et si lointaines.
Je n'ai pas eu de plaisir à lire ce roman, parce qu'il est difficile, parce qu'il fait écho à mes propres souffrances de femme, de ce corps et cette âme malmenés, tellement bien décrits par
Julie Bonnie, qui a certainement laissé des fragments de son âme au passage dans son livre. J'ai eu mal parce que j'aime rêver et m'évader en lisant, souffrir parfois aussi quand c'est nécessaire, mais le sujet me touche ici de trop près, comme ce doit être le cas pour de nombreuses femmes.
De manière assez paradoxale, je suis pourtant contente de l'avoir lu, et je remercie
Julie Bonnie d'avoir eu le courage de pousser son cri déchirant, qui n'est pas que douleur parce qu'elle parle aussi du lien animal qui peut relier une mère à ses enfants.
Avec ses mots crus, elle est vraie, dérangeante, égratigne au passage ce qui doit l'être et me permet de me dire, ouf, je ne suis pas la seule à avoir détesté mes séjours à la maternité, mon corps et mes doutes exposés à la vue d'humains plus vraiment humains, et surtout à la vue d'une société qui t'imagine seulement bonheur et joie de donner la vie.
Merci
Julie Bonnie de permettre aux futures mamans de ne pas idéaliser les premiers jours de ce chemin douloureux et merveilleux qu'est la maternité (pas le lieu pour cette fois, mais l'état) et de rendre un peu de leur dignité à celles qui ont connu la nudité de l'hôpital, ou pire encore, ne pas donner la vie.
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