Parfois,il la compare à ces fleurs de courage, les coquelicots, dont la beauté parfaite, écarlate comme le sang des hommes, se rit des champs labourés par la guerre.
La nuit se termine sur un mauvais rêve. On ne dort jamais seul, l'insconscient se permet tous les coups tordus.
Les civilisations finissent toutes en ruines, disait son père. C'est la première chose que tu apprends quand tu es archéologue. L'orgueil des plus grandes civilisations, ce sont aujourd'hui que des tas de pierres.
Rodolphe se met à espérer. C’est bête on ne croit jamais vraiment au pire. L’homme est ainsi fait, il n’envisage jamais vraiment le mot de la fin. À moins d’en avoir la certitude absolue.
J’ai bien connu Nikish, dit il notre père à tous. Il savait faire chanter un orchestre chose extrêmement rare. Il ne se préoccupait que de la sonorité, de la création et de l’accomplissement de cette sonorité. Pour moi, diriger un orchestre, c’est comment s’y prendre pour qu’il ne joue pas seulement de façon rythmique précise, mais qu’il chante avec toute la liberté indispensable à une réalisation vivante de la phrase mélodique. N’oubliez jamais que diriger signifie pouvoir créer librement.
urtwängler ne l’avait pas pris au sérieux le mépris est toujours mauvais conseiller. L’homme au physique de garçon coiffeur tient à présent le destin de l’Allemagne dans ses mains qui paraissent fragiles. Il l’éventre, son pays le balafre en tout sens, fait sortir de terre le monde d’en dessous, celui des mauvais génies. Des grues et des bennes vont et viennent. Berlin est devenu un vaste chantier qui patauge dans la boue froide. L’ Allemagne n’est plus à genoux devant l’Europe. Elle accueillera les jeux Olympiques dans un an.
Le pays est envahi par des uniformes, des bruns des fauves, des oriflammes noir et rouge pendent aux fenêtres, avec cette croix ridicule au centre de chacun. Le nombre d’uniformes augmente chaque jour, depuis les élections. Pareil pour les drapeaux.
Furtwängler fend la foule qui s’est agglutinée autour d’un crieur de journaux. Des policiers patrouillent, raides et sévères dans leur uniformes verts. Les gros aigles de fer sur le front de leurs képis jettent des éclats dans le soleil rasant de la fin de journée. Des SA marchent à leurs côtés, un chien en laisse la gueule bavant dans une muselière.
Vous êtes le plus grand chef du siècle et c'est pour cela que je ne peux pas vous pardonner. Vous ne deviez pas, par votre présence en Allemagne, apporter quelque caution que ce fût, même passive, à la barbarie.
Thomas Mann - Lettre à Wilhelm Furtwangler P141.
Tout a commencé par un pacte entre Hitler et Staline. Tout le monde en a parlé. Rodolphe ne connait rien à la politique mais il s'est souvenu qu'en Allemagne les nazis détestaient les communistes. Comment pouvaient-ils tomber d'accord pour s'acoquiner et ensuite se jeter sur la Pologne ? P153
La vie reste aujourd'hui, plus que jamais, une question de courage.