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1954, Rodolphe Meister va diriger la Neuvième symphonie de Beethoven à la salle Pleyel, il arrive en avance pour sentir le public, l'apprivoiser. Succès total, ovation pour le jeune chef.

Le passé revient le hanter : Berlin, les dignitaires nazis qui se targuent de musique et veulent l'utiliser comme outil de propagande, tentant de manipuler pour ce faire le grand chef d'orchestre Wilhelm Furtwängler. Il a rencontré ce génie alors qu'il allait assister à une répétition, sa mère Christa étant une cantatrice réputée. Lorsque le Maître le hisse près du pupitre, Rodolphe remarque qu'il n'est pas à la bonne page de la partition lors de la pause, celui-ci lui explique que le chef doit connaître toute la partition par coeur. Rodolphe décide qu'il deviendra plus tard chef d'orchestre lui aussi.

Durant l'hiver 1932, Wilhelm Furtwängler, qui doit donner le soir-même en concert « le Requiem allemand et Première symphonie de Brahms est sommé de se présenter devant Hitler, déjà persuadé que la victoire aux élections ne lui échappera pas. Ce qui donne une entrevue d'anthologie entre les deux hommes !

Il pense que musique et politique n'ont rien à faire ensemble et que jamais Hitler ne sera élu, puis que cela ne durera pas, c'est impossible, les gens réfléchissent quand même ! Pourtant, il y a déjà des affiches partout, des agressions de personnes juives.

Il va tenter de tenir son cap quand même contre vents et marées, malgré les convocations de Goebbels, ou de Göring qui se détestent cordialement mais sont prêts à unir leurs forces pour intimider, menacer le Maître.

Rodolphe est alors âgé de huit ans, il est amoureux d'Eva, sa nurse, ouvertement pro-nazie, au grand dam de sa mère Christa, toujours en tournée, alors il faut bien lui faire payer ses absences. Elle a compris le danger, tout comme le Premier Violon qui s'exile à Paris. Goebbels tente de la séduire aussi mais, elle ne cède pas, alors il va lui dénicher un grand-père juif.

« Attendre sa mère, attendre sa voix à travers un combiné que retient un fil. Écouter la douceur de cette voix, rien que pour lui, et pas pour un public dans la pénombre. »

Rodolphe a une autre cause de souffrance, il ne sait pas qui est son père, Christa ayant eu plusieurs liaisons en même temps pour tromper l'angoisse, la solitude des tournées où elle a tendance à boire aussi. Autre source de grief.

On va revivre de l'intérieur la montée du nazisme, la prise du pouvoir, la nuit des longs couteaux, la nuit de cristal, à travers les yeux de Rodolphe et de Wilhelm Furtwängler

Christa finit par choisir l'exil à Paris aussi mais la guerre arrive et plus personne n'est à l'abri, tandis que l'entreprise d'extermination des Juifs se met en place inexorablement, la bête immonde ne rampe plus…

Dans le prologue, l'auteur nous prévient que : « seuls, les personnages de Christa et Rodolphe Meister relèvent de la pure fiction, les autres appartenant à l'histoire la plus sombre de l'humanité, celle du Troisième Reich ». Mais Xavier-Marie Bonnot a su leur donner une telle puissance qu'on les sent aussi vivants que les personnages ayant réellement existé.

Une scène est particulièrement intense : les nazis obligent Furtwängler à jouer la Neuvième symphonie pour l'anniversaire d'Hitler alors que celui-ci ne vient pas et il doit s'exécuter devant une chaise vide !

J'ai retrouvé avec plaisir la plume de l'auteur, découvert avec « Les vagues reviennent toujours au rivage » qui m'avait beaucoup plu j'ai encore deux romans dans ma PAL : « le tombeau d'Apollinaire » et « Néfertari dream »

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Plon qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur et ce livre,vous l'aurez compris est un immense coup de coeur et comme toujours dans ces cas-là, ma chronique me laisse insatisfaite; j'espère vous avoir convaincus que cette lecture est indispensable.

#BerlinRequiem #NetGalleyFrance
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Wilhelm Furtwängler fut un grand chef d'orchestre, peut-être même le plus grand qui dirigea l'Orchestre philharmonique de Berlin ! Cette biographie romancée le raconte pendant la montée en puissance du nazisme jusqu'à la fin de la guerre.

Il n'a jamais voulu s'exiler, n'a jamais voulu quitter son pays, son Orchestre, ses musiciens, juifs pour les plus talentueux ! Il n'avait pas pris la mesure de la détermination des nazis et a fait preuve de pas mal de naïveté à ce niveau, ce qui ne l'empêcha pas de défendre ses musiciens et la Philarmonique. le régime l'a utilisé à des fins de propagande alors qu'il refusât toujours de faire le salut nazi et que sa popularité était quelque part le garant de sa survie !

La peinture faite par l'auteur de Furtwängler est très réaliste jusque dans sa relation à la musique où l'on a pu sentir ses douleurs, ses joies, les messages qu'il voulait faire passer ! Un être hyper-sensible, timide, mal à l'aise en société, tourmenté !

A-t-il eu raison, a-t-il eu tort ? Est-ce possible de savoir ce que d'autres auraient fait à sa place ? Comment imaginer se mettre dans la peau des personnes qui ont vécu à cette période ? Je ne m'autoriserais pas une jugement à ce sujet !

Ce que j'ai beaucoup moins aimé, c'est le langage franchement trop familier qui est utilisé régulièrement et qui enlève de la véracité au récit ! Quant aux personnages créés pour l'occasion, s'il n'y avait pas eu la fin romantico-rocambolesque, je les aurais bien mieux appréciés même si je n'ai pas vraiment compris l'intérêt qu'ils représentaient dans cette histoire !

#BerlinRequiem #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2021

Challenge ABC 2021/2022
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Voici encore un roman qui enchâsse histoire et fiction.
Ici il s'agit de la période 1933 à 1954, en Allemagne et plus particulièrement à
Berlin.
Trois personnages principaux : le chef d'orchestre Wilhem Fürtwangler , un jeune musicien Rodolphe Meister et sa mère Christa , cantatrice. Ils sont tous nés à Berlin
A ses trois personnages s'ajoute un personnage tentaculaire : le Troisième Reich dont les tentacules ont comme nom : nazisme , Hitler , Antisémitisme, Goebbels , Goering , Camps de concentration.
A partir de cette base Xavier Marie Bonnot va construire un roman où s'entrechoquent des questions essentielles :
Comment Fürtwangler a t il pu rester en Allemagne et accepter la reconnaissance du troisième Reich ?
L'art , en l'occurrence la musique, peut-il être placé eu dessus de la morale ?
Ces deux questionnements sont la pierre centrale du livre. François Xavier Bonnot ne prend pas position. Il rappelle les faits réels de cette époque bouleversée.
A chacun en son for intérieur de dire.
Et l'adage nous rappelle que la musique adoucit les moeurs.
c'est l'autre grand sujet de se roman : la musique allemande de Beethoven à Wagner , Bruckner, Brahms ou Mendelssohn.
Avec Fürtwangler nous sommes au plus près des symphonies et sonates.
La ligne musicale de la neuvième Symphonie de Beethoven s'impose d'elle même. tout comme les envolées de la Tétralogie de Wagner.
Cette musique sublime que le troisième Reich accaparera à son profit.
Cette musique que Fürtwangler mets au dessus de tout , même au dessus d'un exil.
La petite histoire du livre retiendra que la musique n'est pas le seul lien qui unit Fürtwangler et le jeune musicien. Artifice de roman un peu facile mais qui n'enlève rien aux questionnements existentiels.
Un joli roman pour nous rappeler ce qu'était Berlin et la Grande Allemagne , et pour ne pas oublier les persécutions et qu'en ces années noires choix rimait avec exil et perte.
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Non, il ne faut pas toujours se fier à sa première impression !
J'avais deux raisons, qui me paraissaient excellentes pour découvrir ce livre ;
tout d'abord son titre, Berlin Requiem, qui a fait gambader mon esprit vers la ville fascinante des années 20 et, sous la botte nazie, épouvantable des années 30 et 40 pour finir vaincue et martyrisée à la fin de la guerre.
et puis ... il y avait Furtwängler un des plus grands chefs d'orchestre du 20è siècle, dont j'imaginais que cet ouvrage allait me permettre d'appréhender la personnalité et le mystère, celui d'un artiste, qui, bien qu'opposé au nazisme, s'est senti incapable de quitter son pays. Pourquoi ?


L'avant propos annonce la détermination du chef dès la prise de pouvoir de Hitler :"fallait-il continuer à faire de la musique sous un régime d'une telle férocité ? Au fond, était-il possible de séparer la musique et l'art de la politique ? Furtwängler estimait qu'art et politique n'avaient rien à faire ensemble et que continuer à faire de la musique sous le régime hitlérien était un acte de résistance." Etait-il aveuglé par sa mission ou tout simplement naïf ?


Hélas, je suis restée cruellement sur ma faim.
En effet, le maestro, tel que nous le décrit l'auteur, n'apparaît comme rien d'autre qu'un fantoche des pontes nazis. Il n'a pas de chair, on ne le sent pas exister ... Jamais l'âme et les tourments de cet immense artiste n'affleurent dans la plate évocation qu'en fait Xavier-Marie Bonnot !
Curieusement les deux personnages inventés par l'auteur, en l'occurrence la cantatrice Christa Meister et son fils, le jeune Rodolphe qui deviendra chef d'orchestre, ont beaucoup plus de réalité ! Xavier-Marie Bonnot leur a transmis une véritable épaisseur, tant physique que psychologique, ce dont est totalement dépourvu Furtwängler, dont la personnalité devrait pourtant éclairer cet ouvrage qui lui est en partie consacré. Ce n'est qu'en toute fin d'ouvrage que l'on sent percer l'humanité du maestro, mais c'est un peu tard !


Bien sûr, l'ouvrage fait le tour (très rapide) des événements essentiels de cette sinistre période : incendie du Reichstag, nuit des longs couteaux, nuit de cristal, rafle du Vel d'Hiv, horreur des camps de concentration et évocation de l'orchestre de femmes du camp d'Auschwitz ....

Mais pourquoi ce titre de Berlin Requiem que rien ne justifie ?
J'attendais une plongée dans la ville, ses malédictions, ses souffrances, les ravages de la guerre et de la folie de ses dirigeants. Mais à part un seul court moment où les musiciens déambulent dans les ruines de Berlin à l'agonie, la ville n'apparaît que comme un décor de carton-pâte !
Alors, passons pour le requiem !
Quant à la musique, à part quelques vagues allusions aux répétitions d'orchestre et la citation des oeuvres de Beethoven, Wagner et Brückner, il n'en est guère question. Tout ce que l'on sait, c'est que Furtwängler vit par et pour la musique, car l'auteur nous le dit, sans jamais nous le montrer ! Jamais au grand jamais, on ne sent battre le coeur de l'Orchestre Philharmonique de Berlin, auquel son chef tenait tant ! quel dommage.

Furtwängler, sa seule défense sera, après guerre, d'invoquer que "l'art doit se placer au dessus de la politique". Défendu par Yehudi Menuhin pour sa protection envers les musiciens juifs de l'orchestre, mais condamné par Thomas Mann, un des géants de la littérature germanique, ayant fui le nazisme dès 1933, qui lui écrit : "vous êtes le plus grand chef du siècle et c'est pour cela que je ne peux pas vous pardonner. Vous ne deviez pas, par votre présence en Allemagne, apporter quelque caution que ce fût, même passive, à la barbarie" page 141.
A chaque lecteur de réfléchir sur le comportement de ce chef d'exception, car Xavier-Marie Bonnot, par son propos, n'aide pas le lecteur à le comprendre !

En outre, pour parfaire le désastre. tout cela nous est conté de manière très factuelle dans un style froid et plat ; c'est sans vie et sans relief. On est loin, si loin des évocations sidérantes de la vie au camp d'Auschwitz dans le choix de Sophie de William Styron. Et sans aller jusqu'au génie de Styron, on est également à des parsecs de l'ambiance pesante et irrespirable que Philip Kerr a su insuffler dans sa trilogie berlinoise et tous ses autres ouvrages consacrés à cette période !

Tout cela, hélas, exhale un relent d'encyclopédie vite digérée et non moins vite retranscrite à la sauce littéraire !
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« L'art peut-il se placer au-dessus de la morale? »
C'est ce qu'a tenté de faire Wilhelm Furtwängler (1886-1954), chef d'orchestre réputé de Berlin, alors que le nazisme refermait sa poigne de fer sur l'Allemagne, condamnant son travail et sa musique à devenir les instruments de la propagande hitlérienne. Avec plus ou moins de succès, si l'on en juge ce qui est raconté dans ce roman aux faits historiques rigoureusement exposés.
Des personnages fictifs côtoient les réels protagonistes de l'époque dans une intrigue somme toute conventionnelle. le seul reproche qui m'est venu à l'esprit durant ma lecture et une fois celle-ci terminée, c'est l'absence de charge émotive, cette petite pointe de chamboulement que l'on peut éprouver pour les créatures romanesques. Il régnait dans ce roman une froideur narrative où les descriptions d'élève appliqué à reconstituer l'Histoire s'amalgamaient de force au récit imaginé par l'auteur.
Une lecture en demi-teintes à laquelle j'attribue trois étoiles pour l'exactitude de la recherche car le style littéraire ne m'a pas tellement emballée.
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Coup de projecteur sur l'Allemagne de 1933 à 1962 à travers le récit de deux allemands opposés aux idées nationales socialistes : de la montée du nazisme au pouvoir au procès d'après-guerre en passant par la gouvernance même d'Hitler de 1939 à 1945.

Premier récit , celui de Wilhelm Furtwanger: un imminent chef d'orchestre, de renommée internationale, et bien que contre les idées prônées par le Reich, est contraint par Hitler et sa garde rapprochée (Goebbels et Goerin) de rester sur le territoire allemand, sous peine de représailles envers ses proches.

Autre regard, celui de Rodolphe Meister: le garçon de Christa Meister, célèbre cantatrice, qui, parce que farouchement opposée au gouvernement allemand, quittera l'Allemagne avec son fils et sera internée à Birkenau.

Un double témoignage saisissant et réaliste qui interroge une fois de plus sur la démesure tragique des événements de cette époque et l'opiniâtreté des alliés de trouver des coupables coûte que coûte une fois le conflit armé terminé.
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La question qui émane de ce livre est : l'Art peut-il se placer au-dessus de la politique? 

À chacun d'y réfléchir et d'argumenter.

Il s'agit de l'histoire réelle de Wilhelm Furtwängler, le célèbre chef d'orchestre berlinois, à la réputation internationale, de son cas de conscience lors de la montée du nazisme, la pression de Hitler, Goebbels, Goering, etc…, de ses choix (discutables pour certains), de la fin de la guerre, de la condamnation puis le blanchiment grâce notamment à des voix qui se sont élevées pour défendre l'homme qu'il fut (notamment Yehudi Menuhim).
Et puis la fin artistique douloureuse et l'effondrement d'une vie.

Parallèlement une histoire fictive, celle d'un jeune prodige de la musique et de sa mère, une diva connue.
S'en suivent une description de l'époque, de l'atmosphère, de l'exil, de l'envoi en camp pour la mère d'ascendance juive et de l'orchestre des musiciennes du camp.

La musique est présente dans tous les chapitres, mêlée à la folie nazie (exclusion des musiciens juifs, prestations devant les autorités, participation à l'anniversaire de Hitler, etc…).
Le questionnement est continuel, faut-il abandonner l'orchestre, les musiciens, fuir une Allemagne cauchemardesque ou continuer en espérant une Allemagne qui redeviendra celle des grands poètes et compositeurs? L'art avant toute chose et c'est là que le bât peut blesser. Quid des camps, quid des souffrances infligées? L'art oui mais à quel prix? L'art est politique quoiqu'en dise Furtwängler.

Les non musiciens ressentiront les vibrations qui animent les interprètes et la leçon donnée par le fictif Mayer au futur chef d'orchestre Rodolphe est explicite.

Un « bémol » personnel : je n'aime pas l'Histoire romancée. Quelque chose me dérange dans l'évocation de gestes, de pensées… attribuées à des êtres qui ont vécu.
D'autre part, les grands faits sont intégrés dans l'histoire sans approfondissement.
Je déplore aussi l'absence des sources (citations, lettres, textes en italique…).

Quant à l'écriture même, il m'apparaît que le niveau de langue n'est pas à la hauteur du sujet : comparaisons et clichés, tournures de phrases, longueurs, choix de vocabulaire… le tout créant une dichotomie dans le cadre d'une histoire délicate et douloureuse.
Le chapitre 41 contient un modèle du genre.
En revanche, l'échange entre Furtwängler et Rodolphe recèle d'éléments intéressants sur la direction d'orchestre.
Quant à la fin, elle contentera ceux qui associent roman et sentimentalisme.
En fin de compte livre inégal avec des élans désuets.

Mon avis est donc mitigé tout en reconnaissant que ce livre peut plaire aux amateurs du genre.

Merci à Babelio et aux Éditions Plon pour cet envoi.


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Entre fiction et réalité, le destin croisé et tourmenté de Rodolphe jeune chef d'orchestre et celui d'un maître incontesté de la musique Wilhelm Furtwängler qui mena l'orchestre philharmonique de Berlin à son apogée.
On suit avec beaucoup d'émotion Christa la cantatrice et son fils Rodolphe hanté par le mystère de son père dont il modélisera une figurine de substitution.
Xavier-Marie Bonnot immerge le lecteur dans l'Allemagne de 1938 où la montée de l'antisémitisme suscite de nombreuses inquiétudes et délivre une réflexion sur la responsabilité personnelle et collective, de même plus globalement quel est le rôle de l'artiste dans la vie publique, à quelle fin de propagande l'art sous toutes ses formes peut-il être utilisé ?
Furtwängler tourmenté par des choix difficiles plaçait la musique (et par extension toute forme d'art) au-dessus de toute considération morale ou politique.
Le style est clair précis et parfois très imagé. le roman se lit d'une traite avec un suspense permanent jusqu'au dénouement final.
Un bel opus émouvant proposé par Xavier-Marie Bonnot.
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Berlin 1934, les nuages noirs s'accumulent.
Ils s'accumulent sur la tête de Rodolphe, jeune garçon de 9 ans dont la mère la grande cantatrice Christa Meister a toujours refusé de lui dire qui est son père.
Et portant Rodolphe est fasciné par les beaux uniformes que portent les nazis, et est influencé par Eva l'employée de maison qui s'occupe de lui lors des absences bien trop fréquentes de sa mère, et qui il en est sûr l'épousera lorsqu'il sera grand.
Christa Meister, elle ne se fait pas d'illusions sur ce que sont vraiment Hitler et sa clique, même si elle a chanté pour le Führer, elle ne se cache pas pour dire tout haut ce qu'elle pense.
Les nazis vont alors lui découvrir un ancêtre juif, ce qui suffira à la mettre au ban de la société.
Elle décidera alors dès 1938 de se réfugier à Paris avec Rodolphe, même si quitter l'Allemagne est un véritable déchirement pour les deux.
Mais les armées nazies ne tarderont pas à les rattraper.
Pendant ce temps, le chef d'orchestre Wilhem Furwängler continue à diriger l 'Orchestre philharmonique de Berlin, essayant par son influence sur les plus hauts dignitaires nazis de sauver les musiciens juifs du philharmonique.
Mais même si Furwängler n'a pas totalement adhéré aux idées nazies, il ne les a pas non plus dénoncées, ce qui lui vaudra bien des problèmes après-guerre
Et ce n'est qu'en 1954, au soir de la vie du grand chef que Rodophe fera sa connaissance mêlant ainsi sa propre histoire avec la grande histoire.
L'auteur nous fait ici un superbe récit mélangeant à la fois biographie de Wilhem Furwängler au cours des années noires de l'Allemagne qui est resté à Berlin se compromettant ainsi à jamais, et le parcours Christa et Rodolphe Meister personnages de fiction qui eux ont fui.
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Paris, le 6 mai 1954. Rodolphe a vingt-neuf ans. Il est chef d'orchestre et, ce soir, il a dirigé la Neuvième symphonie de Beethoven. A son retour, sa mère l'informe que son imprésario a téléphoné : « le Théâtre national du Danemark cherche un chef pour Tristan et Isolde. » (p. 18) Christa connaît les raisons de l'hésitation de son fils : cet opéra en trois actes a été composé par Wagner, celui que les nazis aimaient tant. Elle lui indique qu'il s'agit de remplacer le célèbre maestro, Wilhelm Furtwängler. Elle ajoute que c'est un devoir pour lui d'accepter. Rodolphe a été Résistant et sa mère a été déportée. Aussi, avant de prendre sa décision, il accepte de rencontrer Furtwängler. Les deux hommes, chacun de leur côté, se sont interrogés sur ce qui avait permis l'arrivée d'Hitler au pouvoir. L'un était un jeune enfant, l'autre, un artiste adulé par une nation entière et son image a été utilisée par la propagande nazie.


Dans l'avant-propos, Xavier-Marie Bonnot précise que « seuls les personnages de Christa et Rodolphe Meister relèvent de la pure fiction. Les autres appartiennent à l'histoire la plus sombre de l'humanité, celle du Troisième Reich » (p. 9).


En 1932, quand il avait sept ans, Rodolphe avait rencontré Wilhelm Furtwängler. le petit garçon vivait seul, à Berlin, avec sa mère, une cantatrice talentueuse. Elle se produisait sur les plus grandes scènes et il souffrait de ses absences. Il était souvent gardé par Eva, une Allemande de dix-huit ans, qui admirait Hitler. Aussi, il était lui-même fasciné par le nazisme, puisque son rêve de gamin était d'épouser la jeune fille. Christa avait « choisi la rébellion » (p. 123), refusant, par exemple, de faire le salut nazi. le parti lui avait alors trouvé un grand-père juif et, en 1938, elle avait dû quitter l'Allemagne avec son enfant. Ils s'étaient réfugiés à Paris. Hélas, la France occupée n'a plus été un abri et la cantatrice a été emmenée à Birkenau.


En 1933, le Reich et Hitler avaient confié la responsabilité de l'Orchestre philharmonique de Berlin à Wilhelm Furtwängler. Alors que Goebbels avait ordonné que plus aucun Juif ne devait jouer dans un orchestre, Furtwängler a profité de son statut pour sauver des musiciens Juifs de la déportation. Refusant de mêler l'art à la politique, il a démissionné de ses fonctions, mais les nazis ont utilisé sa notoriété dans leur propagande. Après la guerre, il lui sera reproché de ne pas avoir quitté l'Allemagne. Thomas Mann lui a écrit que ce choix avait apporté « une caution passive aux nazis », alors que Yehudi Menuhin l'a soutenu. L'auteur décrit la complexité de la position de Wilhelm Furtwängler. Il a été forcé à certaines compromissions, mais il estimait que rester et continuer à faire vivre la musique était sa manière de résister. Xavier-Marie Bonnot dépeint les doutes qui ont agité le chef d'orchestre et l'image qu'il a renvoyée. Ce roman relate, également, les accusations perpétrées contre lui, après la guerre, ainsi que sa comparution judiciaire. le passage au sujet de son procès m'a fortement émue.


L'art peut-il se placer au-dessus de la morale ? C'est la question que pose l'auteur, à travers l'histoire de Wilhelm Furtwängler et celle de Christa et son fils, ce qui lui permet d'apporter plusieurs réponses à cette interrogation. La vision de Rodolphe enfant se joint à sa perception d'adulte, il raconte l'évolution de celle-ci, à la lecture des évènements qu'il a vécus. J'ai adoré Berlin Requiem, qui rappelle que chaque acte, que chaque parole et chaque refus pouvait conduire dans les camps de la mort et que ces mêmes faits ont été perçus de manière contraire, après la guerre, avec le prisme de l'Histoire. Pour prolonger la lecture, j'ai écouté les oeuvres citées dans le livre, car les descriptions de Xavier-Marie Bonnot ont attisé ma curiosité.


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