Contrairement à ma mère , mon père n'a jamais été croyant et ne donne aucun signe de doute sur une éventuelle vie après la mort . Il nous a toujours enseigné que la mort , c'est comme quand on coupe le courant .Plus rien car plus d'énergie pour faire fonctionner la machine . Aussi simple que ça. ( p 59)
"Il y a eu une tempête dans la nuit. En montagne, elles sont aussi subites que des caprices."
« - Une victime est toujours coupable, n'est-ce pas ? »
J’ai peur. J’ai toujours eu peur. C’est peut-être pour cela que je suis dangereux.
"Jamais" est un mot douloureux. Un mot cruel car au-delà de toute humanité. Il est impossible à un être humain de concevoir ce "jamais".
Je pense que la haine est le moteur de la guerre. On monte à l'assaut avec ce sentiment qui décuple les forces. La haine donne envie de tuer et de vaincre.
"Jamais" est un mot douloureux. Un mot cruel car au-delà de toute humanité. Il est impossible à un être humain de concevoir ce "jamais". Après la disparition de ma mère, cette même impression de déséquilibre a ressurgi tout d'abord puis l'infinie absence est venue au fil des mois. Je sais qu'il me faut vivre avec cette absence et que mon existence minuscule sera à jamais orpheline.
Quand j’étais gamin, on ignorait le chômage. Mon père en parlait souvent, avec des mots terribles, mais la menace nous paraissait loin. En grandissant, la crise a pourri notre petit univers aussi sûrement que les métastases d’un cancer. J’ai vu la souffrance s’installer dans les yeux de ceux qui allaient pointer, au soir de leur vie, sans plus d’espoir de retrouver la dignité du boulot.
Les mots de la mort, ma fiancée d’un temps, sont si difficiles à trouver devant un vieux tout usé par la vie. Mon père me méprisait, ma mère m’a foutu la poisse. Je le sais, je le sens. C’est tout. Elle m’a donné la mort.
La mort, je voudrais lui en parler, moi. La mort que j’ai donnée, celle que j’ai croisée trop souvent. Dire les regards qui s’éteignent, le sang qui se répand. L’odeur de la merde au soleil, la pourriture qui cisaille le bide.