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Citations sur Le livre de sable (127)

Le nouveau directeur de la Bibliothèque est, me dit-on, un homme de lettres qui s'est consacré à l'étude des langues anciennes, comme si les modernes n'étaient pas suffisamment rudimentaires, et à l'exaltation démagogique d'un imaginaire Buenos-Aires de truands. Je n'ai jamais cherché à le connaître.
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Il était intelligent mais il avait tendance à prendre les choses au sérieux, y compris les congrès et l'univers, qui n'est peut-être lui-même qu'une plaisanterie cosmique.
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Sauf dans les pages sévères de l'Histoire, les faits mémorables se passent de phrases mémorables ... Notre situation était unique, et, à vrai dire, nous n'y étions pas préparés. Nous avons, fatalement, parlé de littérature ...
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Sans m'écouter, il m'expliqua que son livre chanterait la fraternité de tous les hommes. Le poète de notre temps ne saurait tourner le dos à son époque.
Je demeurai pensif, et lui demandai s'il se sentait véritablement frère de tous. Par exemple de tous les croque-morts, de tous les facteurs, de tous les scaphandriers, de tous ceux qui habitent à des numéros pairs, de tous les gens aphones, etc.
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Le livre de sable


… thy rope of sands…
George Herbert (1593-1633)

   Il ouvrit sa valise et posa l’objet sur la table.
C’était un volume in-octavo, relié en toile. Il
était sans aucun doute passé par bien des
mains. Je l’examinai ; son poids insolite me
surprit. En haut du dos je lus Holy Writ et en
bas Bombay.
   — Il doit dater du dix-neuvième siècle,
observai-je.
   — Je ne sais pas. Je ne l’ai jamais su, me
fut la réponse.
   Je l’ouvris au hasard. Les caractères
m’étaient inconnus. Les pages, qui me paru-
rent assez abîmées et d’une pauvre typogra-
phie, étaient imprimées sur deux colonnes à la
façon d’une bible. Le texte était serré et disposé
en versets. À l’angle supérieur des pages figu-
raient des chiffres arabes. Mon attention fut
attirée sur le fait qu’une page paire portait, par
exemple, le numéro 40514 et l’impaire, qui
suivait, le numéro 999. Je tournai cette page ;
au verso la pagination comportait huit chiffres.
Elle était ornée d’une petite illustration,
comme on en trouve dans les dictionnaires :
une ancre dessinée à la plume, comme par la
main malhabile d’un enfant….

p.138-139
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Le livre de sable


… thy rope of sands…
George Herbert (1593-1633)

   Je vis seul, au quatrième étage d’un immeu-
ble de la rue Belgrano. Il y a de cela quelques
mois, en fin d’après-midi, j’entendis frapper à
ma porte. J’ouvris et un inconnu entra. C’était
un homme grand, aux traits imprécis. Peut-
être est-ce ma myopie qui me les fit voir de la
sorte. Tout son aspect reflétait une pauvreté
décente. Il était vêtu de gris et il tenait une
valise à la main. Je me rendis tout de suite
compte que c’était un étranger. Au premier
abord, je le pris pour un homme âgé ; ensuite je
constatai que j’avais été trompé par ses che-
veux blonds, clairsemés, presque blancs,
comme chez les Nordiques. Au cours de notre
conversation, qui ne dura pas plus d’une
heure, j’appris qu’il était originaire des
Orcades.
   Je lui offris une chaise. L’homme laissa
passer un moment avant de parler. Il émanait
de lui une espèce de mélancolie, comme il doit
en être de moi aujourd’hui.
   — Je vends des bibles, me dit-il.
   Non sans pédanterie, je lui répondis :
   — Il y a ici plusieurs bibles anglaises, y
compris la première, celle de Jean Wiclef. J’ai
également celle de Cipriano de Valera, celle de
Luther, qui du point de vue littéraire est la plus
mauvaise, et un exemplaire en latin de la
Vulgate. Comme vous voyez, ce ne sont pas
précisément les bibles qui me manquent.
   Après un silence, il me rétorqua :
   — Je ne vends pas que des bibles. Je puis
vous montrer un livre sacré qui peut-être vous
intéressera. Je l’ai acheté à la frontière du
Bikanir.
...

p.137-138
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Le livre de sable


… thy rope of sands…
George Herbert (1593-1633)

   La ligne est composée d’un nombre infini de
points ; le plan, d’un nombre infini de lignes ; le
volume, d’un nombre infini de plans ; l’hyper-
volume, d’un nombre infini de volumes… Non,
décidément, ce n’est pas là, more geometrico, la
meilleure façon de commencer mon récit. C’est
devenu une convention aujourd’hui d’affirmer
de tout conte fantastique qu’il est véridique ; le
mien, pourtant, est véridique.


p.137
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Après un silence, il me rétorqua :
- Je ne vends pas seulement des bibles. Je puis vous montrer un livre sacré qui peut-être vous intéressera. Je l'ai acheté à la frontière du Bikanir.
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Pour voir une chose, il faut la comprendre. Un fauteuil présuppose le corps humain, ses articulations, ses divers membres ; des ciseaux, l'action de couper (...). Le sauvage ne perçoit pas la bible du missionnaire ; le passager d'un bateau ne voit pas les mêmes cordages que les hommes d'équipage. (p. 67)
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Les mots sont des symboles qui postulent une mémoire partagée (p. 55)
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