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Citations sur Le baiser dans la nuque (23)

(l'accordeur de piano)
Le piano proteste, tremble quand l'homme déplace sèchement l'outil. Entre eux s'installe un rapport ambigu, un accord tacite, une douce violence de maréchal-ferrant que l'homme impose, que le piano accepte.
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Elle contourne l'instrument et disparaît derrière.
- Retire tes appareils.
Les deux contours glissent dans sa main, qu'elle vide sur le sommet du piano. Elle pose ses doigts à plat sur le bois : il est tiède.
Louis, d'un geste sûr, fait résonner l'instrument.
Elle se sent d'abord aussi indiscrète que derrière une porte, à écouter une conversation personnelle. Elle écoute avec ses mains, mais l'indiscrétion n'est pas moindre. Les vibrations irradient ses doigts, franchissent le poignet, remontent doucement jusqu'au coude, passent, affaiblies, dans l'épaule, viennent mourir dans sa poitrine. Elle sent parfaitement dans ses mains quand le piano s'exclame, ralentit, s'adoucit, ou, au contraire, prend une voix sentencieuse. Elle fait glisser ses paumes sur la planche, dans l'intervalle oblique des barres de table. Les frémissements du bois lui parlent un langage qui n'est pas aussi articulé que celui du clavier, mais qui ont sa logique. Elle a l'impression diffuse de pouvoir toucher la musique - et la vague impression de toucher Louis, mais chasse vite cette pensée. Pour elle, la musique deviendra bientôt cela : un fourmillement dans les doigts, vivant, fragile. Cette pensée l'apaise. Sourde, il lui restera ça, une main qui console.
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L'étoile a pleuré rose au coeur de tes oreilles.
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les grands pianistes ne poussent jamais les touches, ils les tirent
Leurs mains peuvent courir, glisser, voler, ralentir, s'appesantir, caresser, bousculer... mais pousser les touches, jamais.
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Reste le rythme.
Ce rythme sans lequel la musique ne peut exister. Ce rythme qui la précède en tout, et qui existe sans elle, dans le roulis du train, sous les pas, dans le froissement des arbres, le bourdonnement du frigo, le battement de la branche sur la vitre, le passage du jour à la nuit, le mouvement de l'eau, le moindre geste. Ce rythme qui fait de la musique une durée avant d'être une mélodie, une alternance de sons et de silences entremêlés, qui donne aux phrases leur respiration, lie les notes entres elles, inséparables.
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Et profitant de ce que le soleil en s'éteignant, a plongé la pièce ans une demi-obscurité, que le mur du fond a déjà disparu, que la poussière danse dans un coin de la pièce, que l'herbe du jardin s'est allumée, que l'ombre des arbres s'est allongée, et que ça lui met au cœur une une gaité, qu'il se sent, à cet instant, capable de tous les courages, dépose un baiser à la naissance de son cou.
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La scène de l'accouchement m'a particulièrement touchée, c'est le moment où la vie commence:
Elle pousse. Les mains verrouillées sur le rebord du lit, le ventre tendu en avant, les reins cambrés, le visage affreusement contracté, elle pousse. Elle souffre tout ce qu'elle peut, vit une douleur qui a quelque chose a voir avec la folie. [ ... ] Elle sent son ventre qui se vide brutalement, sa chair qui se creuse. Elle sort son petit, le hisse, et, à bout de bras, le voit, enfin. Son bébé. Laura.
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C'est le début de juillet, de la semaine, de l'après-midi.Il fait lourd et les ombres sont noires. Le silence n'est troublé que par le bruissement énergique des jets d'eau automatiques, qui dessinent dans l'herbe leur rond de pluie. Il fait tellement chaud que le bitume dégage un odeur chimique, amère. Mélangée à celle de l'herbe, c'est bizarrement un parfum de vacances, d'autoroute.
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Il la regarde, voudrait lui dire quelque chose. Non, il y a encore cette larme qui glisse doucement sur l'arrondi de sa joue, plus désespérante que toutes les autres, parce qu'elle est seule.
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Le 37, elle y est. Une maison d'architecte post-soixante- huitarde, qui aurait pu être pire. Ni démodée, ni vraiment contemporaine. Elle lui paraît plus grande aujourd'hui, à la lumière du jour. Une Renault 5 garée dans l'arrondi du cul-de-sac, la sienne sans doute, ou celle de l'architecte.
la porte d'entrée est ouverte.
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