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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après Mémoire de soie, premier roman multi récompensé, Adrien Borne revient avec La vie qui commence.
Le romancier, journaliste et présentateur de télévision, avait osé brisé le silence, il y a plusieurs années, en révélant avoir été victime lui-même d'un pédophile, à l'âge de 13 ans, lors d'une colonie de vacances.
Il vient donc de choisir le roman pour évoquer avec beaucoup de pudeur et de poésie cette agression pédocriminelle qu'il a subie à l'adolescence, explorant ainsi l'intime, la mémoire, le silence, la culpabilité, la honte, la douleur.
Trois parties composent cette autofiction.
Dans la première, la chambre verte, Gabriel, double d'Adrien, raconte son séjour d'été en colonie de vacances et comment sa vie a basculé quand un moniteur va abuser de lui. Sans aucun voyeurisme, mais avec beaucoup de pudeur, l'auteur parle de cette chambre verte dans laquelle entre Yannick chaque matin « Et puis il est revenu le lendemain matin . Et puis, ... », cette répétition quotidienne, cette incompréhension face à cet indicible, cette impossibilité à dénoncer les faits. Traumatisé, Gabriel a décidé de ne rien dire, ni à la directrice, ni à ses parents. Quand, trois jours après être rentré de colo, Gabi, seul à la maison, en train de suivre à la télé, l'arrivée de l'étape du Tour de France, pestant en entendant la sonnette, va ouvrir, il reste coi ! : « Bonjour Gabi. Il est planté là ». Gabi lui refusera l'entrée prétextant des ouvriers travaillant au salon.
Mais il lui manque une question : Qui était-ce ? Une question qui serait venue casser le silence sur lequel il s'assoie. Ce jour-là, il s'enterre…
Vingt ans ont passé, il a tout oublié. Mais voilà que se trouvant un été à Tonnerre pour aider son grand-père à ranger et vider sa maison avant son départ en maison de retraite, en sondant le passé de celui-ci dont le bureau installé sur une petite estrade domine la fameuse fosse de Tonnerre, titre de la seconde partie, un secret gardé tout une vie lui sera révélé. Ce secret dévoilé va permettre à sa propre mémoire de remonter à la surface, donnant son titre à la dernière partie.
Un chemin de renaissance va alors se dessiner pour ce trentenaire abusé dans son enfance et la vie commence alors pour lui en ayant retrouvé cette mémoire enfouie.
La vie qui commence est un livre choc, bouleversant, émouvant qui ne peut laisser personne indifférent. C'est un livre puissant, tout en pudeur et délicatesse qui montre bien comment l'humiliation et les non-dits peuvent conduire à l'enfermement sur soi, et combien il peut être difficile, une fois la mémoire revenue, de parler et de ne pas se sentir coupable et honteux en n'ayant pas dénoncé les faits pour éviter d'autres victimes.
Si j'ai été bouleversée par le souvenir de ce terrible été qui a chamboulé la vie de cet enfant, j'ai un peu moins accroché ensuite lorsque le narrateur affronte sa mémoire traumatique et j'ai eu parfois du mal à suivre cette écriture un peu particulière.

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Adrien Borne et sa plume ne m'étaient pas inconnus puisque j'avais découvert en 2020 son tout premier roman, « Mémoire de soie ». A l'époque déjà, des sujets comme les mystères enfouis, les secrets de famille avaient été traités avec beaucoup de sobriété et de sincérité.

Pour son nouveau livre, « La vie qui commence », Adrien Borne revient sur ces thèmes forts, avec une nouvelle fois, retenue et pudeur. Malgré que ce livre soit classé dans la catégorie « roman », l'auteur prend comme point de départ un fait personnel douloureux.

On découvre Gabriel, garçon de 12 ans, qui passe les congés estivaux devant le Tour de France à la télévision et reçoit la visite de Yannick, l'un des moniteurs de sa dernière colonie de vacances. Celle-ci écourtée, Gabriel ferme la porte sur Yannick ainsi que sur ses souvenirs. Pourtant, 20 ans plus tard, malgré cet enfouissement mental, son corps lui rappelle quelque chose de pénible et au fil des jours, il doit se rendre à l'évidence : il ne pourra plus occulter les faits terribles qui se sont déroulés 20 ans plus tôt.

Sans jamais tomber dans le pathos, Adrien Borne a choisi d'utiliser cette agression pédophile subie par lui-même à l'âge de 13 ans pour conter la complexité de l'enfouissement des souvenirs, la honte, les douleurs, la culpabilité qui envahissent les victimes. Sans voyeurisme d'aucune sorte, c'est en quelque sorte un témoignage poignant que nous livre l'auteur par le biais d'une fiction.

La douleur est perceptible à chaque page et on ne peut s'empêcher de vouloir protéger Gabriel de ses « démons ». Avec l'aide de son grand-père, avant le départ de ce dernier en maison de repos, les souvenirs referont surface – près de 20 ans après – permettant à sa mémoire de se « libérer » et de se réapproprier son corps.

Le seul grief que je soulèverais serait, peut-être, la façon abrupte du passage entre les deux premières parties du livre. Avant de bien en comprendre la raison, j'ai éprouvé des difficultés à comprendre cette transition et de ne pas avoir certaines réponses à mes questions. Cela n'enlèvera en rien en la qualité du roman.

J'ai beaucoup apprécié la manière intime dont l'auteur évoque cette souffrance enfouie et ce, avec tant de poésie. Au même titre que d'autres livres sur ce sujet douloureux, Adrien Borne signe un roman à la fois fort et bouleversant. Il est l'un des grands noms à suivre de la littérature française contemporaine.
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Gabriel, alors qu'il est en colonie de vacances avec son frère aîné, voit une nuit le moniteur, Yannick se faufiler dans son lit, dans la chambre verte, après une journée de sport. Il ne comprend pas ce qui se passe et alors que le scenario se répète nuit après nuit, il décide de se taire, même lorsque la directrice lui pose des questions. Il choisit de ne rien dire non plus à ses parents, comme s'il était peut-être coupable de quelque chose.

" Je ne sais pas si Yannick m'a choisi parce qu'il avait senti que j'avais ça en moi. Pas au point de raconter tout d'un coup, patatras. Je sais toujours pas pourquoi il m'a choisi mais là, ça ne compte pas, tout de suite, là. Si ?"

Vingt ans plus tard alors qu'il aide son grand-père à débarrasser sa maison, à Tonnerre (coup de tonnerre dans un ciel serein!) pour aller vivre en EHPAD les souvenirs enfouis remontent…

Adrien Borne a choisi de découper son texte qui est un roman, non un témoignage, en trois parties, donc, pour mettre en évidence l'enfouissement des souvenirs liés au traumatisme, pour arriver à la période actuelle, et les souffrances de Gabi qui évoluent avec le temps. Ce laps de temps est nécessaire mais dérange en même temps par son côté trop abrupt. La troisième partie est surprenante…

Il m'a donc fallu un certain temps pour rédiger ma chronique, une fois le roman refermé. J'ai été touchée par cet adolescent de douze ans, victime d'un moniteur pédophile, compris sa décision de garder le silence. L'enfouissement et la brutale remontée des souvenirs, des années plus tard également.

Par contre, j'ai moins compris son désir de ne pas vouloir de « réparation », car on ne peut pas lui rendre ces années volées, certes, mais la condamnation de l'agresseur est importante à mes yeux. le style de narration, un peu trop heurté, comme pour tenir le lecteur à distance m'a également laissée désemparée, même si je comprenais la pudeur de Gabriel.

Un livre touchant, qui fait réfléchir en abordant une thématique dure, une vie d'enfant brisée par un criminel, qui tente de s'en sortir malgré tout.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C. Lattès qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteur dont le précédent livre « Mémoire de soie » dort hélas encore dans ma liseuse, faute de temps comme toujours… il serait temps de l'en sortir !

#Laviequicommence #NetGalleyFrance !
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Quelle belle écriture, encore ! Pour l'exercice, je commence par ce bémol qui en réalité n'en est pas un : l'aspect décousu de l'histoire au départ m'a un peu perdu, mais, mais, mais... ça nécessite une reconstruction une vérité qui éclate, un souvenir douloureux qui sort d'un abyme pour éclabousser de sa violence : il faut oser recoudre les morceaux épars. C'est en déménageant son grand-père, et parce que celui-ci lui fait une confidence, que Gabriel va voir ressurgir ce qu'il avait enfoui pendant 20 ans. Pour la deuxième fois, j'aime cette écriture d'une exactitude déconcertante, cette beauté dans laquelle on s'abandonne : je l'ai écrit déjà ? J'aime. Il y a tant à dire sur ce roman. Sur cette montre arrêtée à 6h47, et le pourquoi de cet arrêt : qu'est-ce qui s'en passe des choses à 6h47 quand les aiguilles n'avancent plus mais que le monde continue sa ronde. Quand il sera toujours 6h47 face à la vacuité du monde. Les personnages de ce roman sont magnifiques, Pauline, hors norme, et Lucien le grand-père. Et puis cette directrice qui l'accueille encore mais autrement :
" - Vous le fermez jamais, ce portail.
- le soir uniquement. Ça permet à qui veut de rentrer. J'ai envie de croire qu'il y a plus de bonnes surprises à saisir que l'inverse."

On découvre la fosse de Tonnerre dans l'Yonne. Un mystère que je vous laisse découvrir, et ce dernier record en 2019 :
https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/tonnerre-plongeur-reprend-exploration-mysterieuse-fosse-dionne-1549156.html
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****

La vie qui commence, c'est celle de Gabriel. Mais quand s'est-elle arrêtée ? Il ne s'en souvient pas, ou plus vraiment. Les souvenirs lui reviennent par bribes, de manière floue, sans qu'il n'ait de réelles certitudes. Il faut dire que les faits remontent à plusieurs années, il avait 12 ans. Gabriel se rappelle alors d'une chambre verte, de cette colonie de vacances et de ce mono au jogging rouge. Cet homme qui lui a volé sa vie, son innocence. Doucement, Gabriel t'emplît les silences, les oublis, les secrets. Mais comment rattraper toutes ces années effacées ? Comment croire en son histoire ? Pourquoi n'avoir rien dit ?

Le second roman d'Adrien Borne est d'une pudeur étincelante. Avec une douceur infinie, avec des mots poétiques, il raconte l'indicible.

C'est le regard de cet enfant sali, violenté, écrasé, que l'histoire commence. C'est avec cette enfance volée, arrachée, qu'Adrien Borne nous foudroie. Tout comme Gabriel, il ne prononcera jamais les mots terribles. Il tait la violence, la solitude, l'incompréhension. Il choisit l'oubli pour avancer…

Mais quelques années plus tard, ce grand-père qu'il faut aider à déménager, les souvenirs de toute une vie qu'il faut ranger, font remonter à la surface des secrets enfouis. Les silences ne sont pas les mêmes. Pour l'un et l'autre, l'obligation de se taire n'a pas eu les mêmes effets. Mais chacun souffre, et chacun vit dans sa chair un traumatisme profond.

Quand enfin Gabriel retrouve la mémoire, il ne s'agit pas d'être victime. Il ne s'agit pas de mettre des mots sur ses blessures, de pointer du doigt le coupable, de l'empêcher de nuire. Il s'agit simplement de survivre à cet effacement, cet anéantissement, cette dissolution. Il s'agit de revenir dans la lumière, quitter ce gouffre obscure, reconquérir l'oxygène nécessaire à la vie et accepter enfin ce corps qu'un autre s'est approprié…

Merci à NetGalley et aux Éditions JC Lattès pour leur confiance.
Lien : https://lire-et-vous.fr/2022..
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Deuxième roman d'Adrien Borne et, quel roman ! La vie qui commence raconte en trois parties la résurrection d'un jeune trentenaire, Gabriel dit Gaby, qui a connu l'effraction répétée de son intimité, au moment de son adolescence, puis son « enfouissement » dans sa mémoire pour revenir en boucle jusqu'à son essoufflement. Enfin !

Aucun voyeuriste dans la description d'Adrien Borne, juste des faits, rien que des faits décrits avec pudeur : une chambre dans le bâtiment d'une colo, un jogging rouge et un prénom. Il a douze ans. Des répétitions et la directrice qui s'inquiète d'un geste de violence ! Mais, Gaby ne dira rien, pas même à son retour. Évidemment, la protection d'un grand frère créer pour apprivoiser la peur de grandir s'enfuit d'un coup. Il ne reviendra que bien plus tard !

Puis, lorsque Gabriel atteint trente ans, le narrateur aide tout un été son grand-père, Lucien, à ranger les affaires de toute une vie dans une maison à Tonnerre avant son départ en maison de retraite. Ce moment particulier permet la transmission d'un secret gardé tout au long d'une vie et libère la mémoire de l'ex-enfant. Celui-ci n'aura de cesse de se combattre dans tout son être l'emprise de ce souvenir traumatique.

Avec poésie, Adrien Borne donne à son style une charge intense, sensible et fouillée qui évacue la violence en évoquant le cheminement solitaire qu'il apparente à un trou, à son gouffre. D'un précipice à l'autre avec le récit d'une belle amitié, le narrateur décrit ce lent travail personnel fait d'expériences diverses. Son style littéraire s'enflamme, se presse, se compresse mais répète l'idée, ou le ressenti, les précise pour les cerner et continuer la route !

La vie qui commence est le récit d'un homme qui réussit à se réapproprier son corps après avoir retrouvé un souvenir que sa mémoire avait confisqué à sa conscience . La plainte ici n'a pas cours. La dénonciation n'ont plu. Adrien Borne offre le récit d'un homme qui trouve le moyen de rester debout dans la recherche de lui-même même si le chemin a eu des accidents. Un moment de lecture réussi !

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Gabi a 12 ans lorsqu'il part en camp de vacances. Perdu entre l'enfance et la pré adolescence, il vacille entre son monde imaginaire habité par un frère et le monde réel.
Pendant ce camp, il se rapproche des plus grands et va expérimenter le dépassement des limites avec eux. Si tout semble classique jusque-là, c'est parce que Gabi ne raconte pas ce qu'il subit la nuit…
Enfouir le pire au fond de son cerveau est un moyen de survie, mais le passé rattrapera le « Gabi adulte »…

Ce roman très court est construit de phrases courtes qui donnent le rythme et cognent quand il le faut. Les descriptions sont suggestives, suffisamment pour laisser comprendre ce qu'il se passe réellement et créer un malaise issu de la bouleversante réalité.

Les sujets sont l'abus, le déni ou l'amnésie, les liens familiaux, la dépression, la culpabilité et cette mémoire qui ressurgit sans prévenir.

A découvrir pour mieux comprendre comment notre cerveau peut nous protéger puis nous lâcher vingt ans plus tard et surtout pour vivre avec Gabi le choc de ces horribles souvenirs qui viennent obscurcir son chemin!
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Pendant les vacances d'été, Gabi, 12 ans est seul chez lui à regarder le Tour de France à la télé quand on sonne à la porte. Il l'ouvre et se retrouve devant le mono au jogging rouge de la colonie de vacances dont il revient. Il referme aussitôt la porte et c'est comme s'il n'était jamais venu, comme ce qu'il s'était passé durant cette colonie avec ce mono n'avait jamais eu lieu…
20 ans plus tard, Gabriel a la trentaine et va passer quelques jours chez son grand-père pour l'aider à déménager. Mais en découvrant un secret sur la vie de son grand-père, sa mémoire va commencer à se réveiller. Mais comment réagir quand la mémoire se libère sur l'horreur vécue. Est-ce la vie qui commence ?
Le récit explore la complexité de la mémoire, quand un vécu traumatisant durant l'enfance s'enfouit jusqu'à disparaître dans les méandres du cerveau et qu'une fois adulte, il ressurgit sans crier garde alors que faire de cette difficile réalité.
Sans voyeurisme, ni pathos, tout en retenue et sensibilité #adrienborne questionne le cheminement personnel et psychologique de se (re)construire avec le statut de victime et se demande comment et à qui en parler, et montre surtout comment s'autoriser à s'accepter et continuer de vivre sans forcément qu'une justice puisse être rendue.
Avec pudeur et délicatesse, Adrien Borne signe, à travers une fiction, un témoignage touchant et bouleversant tristement et malheureusement inspiré de ce qu'il a vécu.
Un très beau livre !
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Un livre qui parle d'une grande violence faite à l'auteur avec beaucoup de pudeur, de délicatesse. Un récit qui parait décousu à l'image de la mémoire de la victime. Les fragments de souvenirs se mettent en place et nous révèle le traumatisme terrible avec lequel il vit depuis des années.
Un livre choc.
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Aujourd'hui je vais évoquer La vie qui commence deuxième roman très fort d'Adrien Borne.
Le narrateur de la vie qui commence s'appelle Gabriel, il est journaliste. Ce roman c'est son histoire, les bribes de sa mémoire fragmentée qui remontent à sa conscience. Il raconte un traumatisme indicible, il révèle le secret sur lequel est fondée sa vie et découvre un autre secret de famille. le roman est divisé en trois parties : la chambre verte, la fosse et la surface. Les souvenirs qui émergent au début sont ceux d'un garçonnet de 12 ans, seul chez lui un après-midi d'été. Il regarde une étape alpestre du tour de France à la télévision lorsqu'on frappe à la porte. Il pose sa glace et va ouvrir. Face à lui dans son jogging rouge, Yannick, le mono qu'il a connu lors de la récente colo estivale où il était parti avec son frère aîné. Il ne le laisse pas entrer, il lui claque la porte au nez. Rideaux sur cette scène qu'il ne raconte à personne et qu'il oublie immédiatement. Plus de vingt ans plus tard, Gabi se remémore du tréfonds de son cerveau les événements de cet été funèbre. La traversée en ferry vers le lieu de villégiature, les vomissements sur le ponton (il est sujet au mal des transports), l'installation dans le chalet avec les autres enfants et le mono qui partage les lieux. Il se rappelle de la directrice, d'un coup violent porté à son frère sous le coup de la colère, d'une convocation par la responsable et d'une menace d'exclusion. Aucun adulte n'a compris son geste. Et cette phrase terrible répétée de trop nombreuses fois dans les premières pages du roman : « et puis il est revenu le lendemain matin ». le récit recomposé est pudique, les actes ne sont pas décrits, l'amnésie se révèle progressivement. le lecteur est pris à la gorge, le viol de l'enfant est insupportable, la parole n'est pas dite, il vit seul son traumatisme. Alors qu'il est trentenaire Gabi passe plusieurs jours à Tonnerre chez son grand-père, Lucien, pour l'aider à vider la maison au moment où le vieil homme solitaire et affaibli se prépare à partir en maison de retraite. Ces deux taiseux sont de vraies têtes de mules, ils s'aiment sans se le dire, ils se fâchent momentanément. Gabi est persuadé que son grand-père détient un secret, il veut savoir, le forcer à parler. Il découvre une coupure de journal mentionnant un plongeur Michel Falco et une date 1956, à partir de cet indice ténu il parvient à convaincre Lucien de lui raconter cet épisode bouleversant et secret de sa vie. Pauline, une amie qu'il tente parfois de draguer est la première à qui Gabriel va parler, elle retrouve la directrice de la colonie. Après un séjour à Iquitos en Amazonie péruvienne auprès d'un shaman pour se purifier et laver son corps et son esprit des atteintes qu'il a subies il lui parle. Mais Gabi ne veut pas porter plainte, il affronte comme il peut son traumatisme, il prend conscience de son amnésie protectrice et de ce qu'il a vécu dans sa chair.
La vie qui commence est un roman dont l'écriture n'est pas toujours littérairement aboutie mais l'histoire (dont on imagine qu'elle est en partie autobiographique) est d'une actualité dérangeante. le protagoniste pendant plus de deux décennies a totalement occulté de sa mémoire des faits fondamentaux de son histoire intime. le hasard des associations et des discussions avec son grand-père (et les signes physiques qui se manifestent dans son corps) le conduit à se remémorer et à reconstruire ce passé qu'il doit accepter pour enfin s'autoriser à être équilibré et heureux.
Voilà, je vous ai donc parlé de la vie qui commence d'Adrien Borne paru aux éditions JC Lattès.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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