Citations sur Le Pacte des MarchOmbres, tome 3 : Ellana : La prophétie (153)
Lorsque l'ombre t'est refusée, choisis la lumière puisque être visible est souvent le meilleur moyen de ne pas être vu.
La mort.
Douce et confortable mort.
Mort paisible qui vole en éclats sous l'irrésistible
assaut de la mémoire.
Elle ouvre les yeux, s'assoit, chancelle... Achève
de ne pas être morte.
Crie.
-Destan
"-Que deviennent les rêves qui se brisent ?
-Les rêves ne se brisent pas.
-Que deviennent les rêves qui se brisent ?
-Le terreau des rêves à venir."
Salim ne combattait plus. Porteur de lumière, il était trop précieux pour perdre sa vie. Immobile dans le cercle de marchombres, les yeux écarquillés par la stupéfaction et l'incrédulité, il la découvrait.
L'Harmonie.
Ce n'était pas cent ou deux cents marchombres agiles, souples, tourbillonnants qui se battaient mais un seul être, plus agile, plus souple, plus tourbillonnant que la somme des cents ou deux cents parties qui le composaient.
Un être en parfait accord avec l'univers.
L'Harmonie.
Le Chaos grogna, se déchaîna, libérant jusqu'à l'ultime parcelle de son essence incontrôlable.
Violence, haine, peurs, fanatisme...
L'Harmonie répondit en se mettant à danser.
Ouverture, temps, respect...
Le Chaos rugit.
L'Harmonie virevolta.
Le Chaos enfla.
L'Harmonie ondoya.
Salim leva les mains au-dessus de sa tête. La lumière qui jaillissait de ses paumes inondait la grotte, nourrissait les corps, faisait vibrer les cœurs, pulsait avec les âmes.
L'Harmonie.
Le chaos tressaillit. Nia. Cogna. Déroba. Mentit. Tortura. Viola.
L'Harmonie s'offrit.
Le dernier envoleur tomba.
Aussi soudainement qu'elles s'étaient éteintes, les sphères lumineuses se remirent à fonctionner.
Les marchombres survivants se tournèrent en silence vers Salim. Tous étaient blessés. Plus de la moitié des leurs étaient tombés et ne se relèveraient jamais.
Et pourtant...
a gorge nouée par l'émotion, Salim referma ses mains. La lumière du Rentaï s'éteignit dans la grotte
Continua à illuminer la voie.
Et le regard de ceux qui l'arpentaient. Uniques et soudés.
Les étoiles ne se posent jamais près des hommes, sauf la plus belle d'entre elles, celle qui est maintenant ma femme.
La température avait fraîchi et, lorsque Ellana frissonna, Edwin la prit dans ses bras. Il effleura sa nuque d'un baiser, passa une main douce sur son ventre...
-Depuis combien de temps ? lui murmura-t-il à l'oreille.
Elle sourit à la nuit.
-Comment le sais-tu ?
-La lumière dans tes yeux quand je t'ai vue ce soir. Juste avant que la beauté de ton corps ne le clame à l'univers entier.
Elle se pelotonna contre lui.
-Tu es devenu poète pendant mon absence ?
-C'est ta présence qui me transforme. Ton absence, elle, me ronge. Alors ?
-Il arrivera au printemps.
-Il ?
-Je le sens ainsi.
Il la serra un peu contre lui et, tandis qu'elle fermait les yeux, savourant le goût de la plénitude, il s'abandonna au bonheur qui déferlait.
Doucement, il se mit à pleurer.
Au cœur de la Forêt Maison des Petits s'élève un long cri de détresse.
Deux petits découvrent la réalité de la mort.
Impuissance.
Douleur.
Désespoir.
-Ipiu!
Un chant.
Comme un appel hypnotique.
Qui tourbillonne.
Des tigres, au moins un brûleur, sans doute des ours élastique...
Un sourire dur étira les lèvres d'Ellana et ses griffes jaillirent presque malgrès elle entre ses doigts.
Ombreuse abritait désormais un prédateur de plus.
- [...] L'habitude est une route qui conduit droit à l'indifférence. D'un autre côté...
- D'un autre côté ?
- Notre faculté à nous émerveiller est liée à notre état d'esprit plus qu'au renouvellement de ce qui s'offre à nos sens.
Il se tut.
- Alors ? le relança Ellana.
- Alors, je dirais qu'il est essentiel de ne jamais cesser de découvrir. En voyageant ou en restant immobile, en échangeant ou en se taisant, en réfléchissant ou en innovant.