Citations sur De remarquables oubliés, tome 1 : Elles ont fait l'Amérique (22)
L’époque est cruelle, et les voies de Dieu certainement impénétrables.
Or, il faut bien le dire, le feu constitue l’ennemi juré des villes : poêles, foyers, bougies, touches, fanaux, tout ce qui réchauffe et éclaire menace jour et nuit la sécurité des habitants.
(p. 154)
Écrire sous un pseudonyme permettait à Robertine d’émettre ses idées, de bafouer les conventions avec un peu plus de liberté. Cela lui permettait surtout d’être journaliste, une profession déshonorante s’il en était, même pour un homme – imaginez une femme journaliste, une bourgeoise en plus! Ce déshonneur aurait éclaboussé toute sa famille.
Sa vie est toujours aussi exigeante, trépidante, faite de hauts et de bas. On l’encense, on la mitraille.
Confrontée à des responsabilités masculines, la femme devient vite hystérique. Toutes ses tares et limites lui viennent de son bas-ventre, région mystérieuse qui est la source de tous les dérèglements. Développer un cerveau féminin entraîne l’atrophie de l’utérus. Entre la tête et le ventre, il faut choisir, et le choix s’impose: la femme est d’abord une génitrice et une épouse; elle n’a pas de compte à la banque, elle ne signe pas de chèques, elle n’est pas propriétaire. C’est une créature soumise au bon vouloir de l’homme.
Au Québec, on ne signe pas: il y a bien quelques femmes journalistes, confinées bien sûr aux pages féminines, mais elles se cachent sous un pseudonyme – quand ce ne sont pas carrément des hommes qui, sous un pseudonyme féminin, s’adressent aux lectrices. Et surtout, ces femmes journalistes ne retirent de leur travail aucun revenu. D’ailleurs, qu’écrivent-elles? Des mièvreries à propos des convenances, de la mode, de la cuisine, rien d’édifiant pour les femmes nouvelles d’un XXe siècle à venir, à bâtir.
Elle avait une expérience de vie extraordinaire et de précieuses compétences en matière de politique. Or, en ces temps-là, la politique faisait l’histoire. Les grands enjeux de l’Amérique telle que nous la connaissons aujourd’hui se dessinaient au fil des chocs, des drames et des misères qui faisaient s’affronter des peuples et des cultures.
Il est des drames qui façonnent, qui marquent à jamais la trajectoire d’une vie.
Il est difficile à Montréal de se procurer des esclaves noirs sur les marchés. Aussi a-t-on recours à un procédé «naturel» pour en obtenir: comme on fait avec les bêtes, on accouple ceux qu’on possède déjà, on manigance même des ententes avec d’autres propriétaires.
Le vrai bonheur... c’est une bonne épouse et un foyer chaleureux!
C’était une femme d’expérience qui avait toute une vie derrière elle, mais elle était encore belle, bien faite, et avait toujours la vigueur et la force du temps de sa jeunesse. Par son allure, sa présence, elle forçait le respect: Madame était une combattante, cela se voyait au premier coup d’œil. Tout le monde la connaissait en ville, elle était la protestante militante qui scandait haut et fort, sur les quais, sur les toits, la mauvaise foi des catholiques, les droits des huguenots, la nécessité de se battre et de ne rien concéder aux ennemis.