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Citations sur Prendre dates : Paris, 6 janvier - 14 janvier 2015 (6)

(...) certains jours je commence à trouver que ça pèse, je me dis qu'il se pourrait bien que ce soit ça, finalement, ce que les manuels d'histoire nommaient « la montée des périls » pour désigner, avec leur confortable recul, les années trente en Europe. Il y a beau temps que je me demandais ce que ça pouvait bien faire au corps, au cœur et à l'esprit de vivre une période où d'une année à l'autre tous les signaux passent au rouge: est-ce qu'on s'en aperçoit, est-ce qu'on en prend la mesure, est-ce qu'on y pense, est-ce qu'on en rêve, est-ce qu'on en est malade, est-ce qu'on se laisse prendre par surprise, est-ce qu'on se sent condamné à l'impuissance, est-ce qu'on décide d'agir, mais alors pour faire quoi, est-ce qu'on pense à partir, si on peut, et quand?
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Face à une attaque terroriste, la révolte est impossible. On subit inévitablement, dans un premier temps, le déploiement d’un discours en actes, et ces actes doivent s’accomplir pour révéler leur propre logique. Celle des tueurs des 7, 8 et 9 janvier 2015 n’a rien de spécifique : elle était sinon prévisible, du moins écrite d’avance par plus intelligents et plus cyniques qu’eux. Assassiner des intellectuels libéraux, des apostats et des Juifs – mais si possible hors des synagogues : tel est le programme, dit du troisième djihad, que nos trois valeureux candidats au martyre n’ont fait qu’appliquer à la lettre, docilement.
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Ce n’est plus une tenaille, mais cinq, mais dix, qui menacent de nous prendre entre leurs arêtes acérées. Trop de fronts sont ouverts et de questions posées auxquelles on n’ose apporter les réponses que le regroupement de nos pensées susciterait. On tâche pourtant, depuis le temps, de faire du mieux qu’on peut. Mais toujours la mort nous fait violence.
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Il y a beau temps que je me demandais ce que ça pouvait bien faire au corps, au cœur et à l’esprit de vivre une période où d’une année à l’autre tous les signaux passent au rouge : est-ce qu’on s’en aperçoit, est-ce qu’on en prend la mesure, est-ce qu’on y pense, est-ce qu’on en rêve, est-ce qu’on en est malade, est-ce qu’on se laisse prendre par surprise, est-ce qu’on se sent condamné à l’impuissance, est-ce qu’on décide d’agir, mais alors pour faire quoi, est-ce qu’on pense à partir, si on peut, et quand ?
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On ne choisit pas non plus ce moment. Un matin, il faut bien se rendre à l’ évidence : on est passé à autre chose, de l’autre côté du pli. C’est généralement là que commence la catastrophe, qui est continuation du pire.
Il ne vaudrait mieux pas. Il vaudrait mieux prendre date. Ou disons plutôt : prendre dates. Car il y en eut plusieurs, et il faut commencer par patiemment les circonscrire. On n’écrit pas pour autre chose : nommer et dater, cerner le temps, ralentir l’oubli. Tenter d’être juste, n’est-ce pas ce que requiert l’aujourd’hui ? Sans hâte, oui, mais il ne faut pas trop tarder non plus. Avec délicatesse, certainement,mais on exigera de nous un peu de véhémence. Il faudra bien trancher, décider qui il y a derrière ce nous et ceux qu’il laisse à distance. Faisons cela ensemble, si tu le veux bien – toi et moi, l’un après l’autre, lentement, pour réapprendre à poser une voix sur les choses. Commençons, on verra bien où cela nous mène.
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Des sons sans image, oui, mais aussi sans parole. Enfin pas tout à fait : car d’autres personnes, postées ailleurs, avec d’autres téléphones, filmaient d’autres points de vue. Le plus terrifiant, on s’en souvient, est celui sur la fuite des tueurs. Arrivés boulevard Richard-Lenoir, ils font feu sur des flics patrouillant à vélo. L’un d’eux, blessé, est à terre. On apprendra dans la journée qu’il s’appelait Ahmed Merabet. Un tueur avance vers lui, il ne court pas, non, disons qu’il presse le pas. Le policier le supplie du geste et de la parole, pour lui aussi ce sera l’homme aux jambes noires, mais le voici qui s’avance, toujours en trottinant, le longe, l’abat d’une balle en pleine tête, le dépasse, disparaît
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