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Critiques filtrées sur 4 étoiles  

C'est un jour sans.
Un jour où tu traines dans ta pile à lire comme au plus noir de la forêt. Ce que tu cherches, tu ne le sais pas. Pas avant de tomber sur ce titre.

A l'abri des hommes et des choses.

Voilà, c'était simple pourtant.
Un abri.
Une bulle.
Loin de tout.
Loin des coups encaissés, mal encaissés, tu pisses encore le sang entre deux zébrures...

Tu rejoins une gamine, une adolescente, tu embarques dans sa différence, c'est un départ, un voyage. le Canada d'abord, et puis ses phrases fragiles, presque friables. C'est la première fois. La première fois que tu lis un roman sur la pointe des yeux, tout doucement. Tu penses : je les lis ces mots et ils disparaissent, si je reviens en arrière les pages seront blanches...

Elle a peut-être quinze ans. Ou seize ou dix-sept. C'est pas bien sûr. Elle a une soeur qui est restée pour l'élever. Comme une mère, mais c'est pas sa mère. Elle a Elène, c'est sans pareil, on n'a pas mis de mots pour elle, c'est comme ça.

Et puis là, près de sa rivière, apparaît un étranger. Il apparaît, si, elle jure, il apparaît et puis plus. Elle écrit des mots pour l'éviter. le rencontrer. Ne plus rien éviter. Elle sait son physique qui ne s'accorde à rien, ses bizarreries et ses crises comme si qu'elle voulait mourir.

Les tourments adolescents dans une grande éclaboussure de poésie, de vie, de singularité.

Les mots sont restés après avoir refermé le livre.
Tu as vérifié.
La poésie est restée. Fragile et déroutante.
Tu te dis que c'est con, tu serais bien restée encore à l'abri des hommes et des choses.
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PROTECTION INTIME

Six ans après la publication de ce premier roman québécois, nous avons la chance de découvrir ce texte en France. Stéphanie Boulay se protège du monde et de ses affres à travers la voix de la narratrice, adolescente, non nommée vivant dans une région reculée. Dès le début nous sentons quelque chose, un je-ne-sais-quoi permanent qui gigote dans l'esprit intérieur de cette jeune femme. Elle est en retard sur le plan scolaire, n'a pas de parents pour venir la chercher à la sortie d'école, n'agence pas ses mots comme il le faudrait, demeure mystérieuse quant à sa pathologie. Finalement est-ce véritablement quelque chose de handicapant ? Rien n'est moins sûr, tant son regard sur le monde est pertinent. Sur les changements climatiques qui s'opèrent, sur l'aveuglent des Hommes quant à leur environnement mais surtout sur la difficulté d'exister dans une société où tout doit être normal.

Au travers d'une fausse candeur, la narratrice, porte en elle ce sentiment de solitude. Surprotégée à l'abri des hommes et des choses, elle doit son salut à Titi dont on connaîtra la véritable histoire dans un final décontenançant. Absorbée dans une bulle mensongère, la protégée deviendra protectrice. vous serez charmés par la nature en toile de fond qui viendra adoucir les difficultés quotidiennes. Elle y rencontre Mané, ce garçon de l'autre côté de la rivière, encore différent d'elle. Une histoire d'autosuffisance en somme. Elle manquera de confiance en elle mais aussi en autrui. Et puis vous apprécierez ces titres de chapitres si évocateurs, dansant autour des sonorités linguistiques. Vous allez parfois être décontenancés par cette nouvelle langue, à la fois singulière et personnelle. Vous allez vous perdre dans une brume où le flou ne nécessitera pas d'éclaircissement. La poésie viendra par petites touches parsemer le récit où les couleurs feront sortir la tête de l'eau de la narratrice.
On s'attachera au triptyque féminin où Élène, elle aussi isolée, sorcière sur les bords tout en utilisant des aiguilles dans les poupées de ses congénères. On regardera alors « le ciel quand il se couche ». La narratrice se pare alors d'un « gilet de fierté » pour s'en faire un « manteau noir de peine » : voilà comment conclure cette chronique &#xNaN
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Ça me fait toujours la mélancolie quand je referme les livres dont les histoires sont racontées identiques à celle-là.

C'est toujours étrange parce que ça me ramène aux fois où j'avais le même langage dans mon dedans et où j'attendais que quelqu'un parle pareil, qu'on se comprenne sans rien dire et que ce soit spectaculaire comme une météorite qui serait sur le point de s'écraser sauf pour de vrai pour pas tuer tout le monde. J'ai eu ça alors on peut dire que j'ai été chanceux et puis après j'ai grandi et c'était obligé d'abandonner ce parler là parce que personne comprend et tout le monde veut faire partie de l'histoire alors que c'est pas eux qui décident. Et de toute façon c'est beaucoup plus joli raconté par les autres faut être honnête si je ne m'abuse.

Et puis aussi c'est vrai je suis d'accord, ça prend beaucoup d'efforts pour raccommoder quelqu'un qui a déjà été cousu d'une certaine façon.

Anyways, À l'abri des hommes et des choses c'est quand une gosse qui va pas bien dans son bocal et qui vit dans les terres gelées où les humains viennent creuser pour trouver de l'or, c'est quand cette gosse raconte sa vie avec Titi qui est sa mamanfrangine. Qu'à elles deux elle vont souvent voir Elène la sorcière qui fait des potions et du vaudou pour guérir la gosse de son corps et Titi de son amour qui se vide et se remplit.

Ça raconte aussi l'intérieur des corps et de ses changements en même temps que s'écrivent les poèmes et que respire la Nature.

Et ça vous bouleverse dans votre coco comme souvent quand on les lit ces histoires là.

Moi je vais ranger ce roman génial et très grand même s'il est pas gros en vrai, je vais le ranger à côté du Démon de la colline aux loups, du Jour des corneilles et de la Déesse des mouches à feu, de Ponti et de celleux qui partagent le feu.

Et toi tu peux bien aller y faire ce que tu veux.

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C'est l'histoire triste mais étrangement lumineuse, d'une adolescente issue d'un milieu isolé et difficile, dont le petit monde s'agrandit peu à peu au fur et à mesure qu'elle quitte l'enfance pour découvrir la vie, l'amour et autres réalités potentiellement douloureuses.

Dès le début de ma lecture, je suis tombée sous le charme de la narratrice, à la fois pleine de candeur et de sagesse, et de son langage fleuri, qui prend forme grâce à la plume délicate et sensible de l'autrice.

Cependant, sans que je puisse trop l'expliquer, j'ai fini le livre avec le sentiment qu'il y manquait quelque chose. Je suis un peu restée sur ma faim, comme si le potentiel émotionnel de l'histoire et de ses personnages n'avait pas entièrement été exploité.

J'ai tout de même apprécié le mélange inattendu de lourdeur et de légèreté, de douceur et dureté. C'est un récit initiatique porté par une voix unique, qui vaut vraiment le détour!
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Une révélation pour moi! Une nouvelle auteure est née. Une auteure avec un voix, une manière de voir pour nous faire voir aussi.
Merci Mme Stéphanie Boulay
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