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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Tout cela était sans importance, les minutes et les heures étaient suspendues à la main de sa mère qui lui tenait le coude, à son pas erratique de vieille dame malade, à ses traits amaigris, à son souffle court : "Maman se meurt, oh maman…" »

Anna, la mère d'Abi, est mourante. Dans ses rares instants de lucidité, elle se confie sur sa vie : Sa naissance dans un village pauvre du Cameroun, son enfance sous le regard bienveillant de Samgali, ses espoirs d'émancipation par la lecture et la réussite à l'école catholique tenue par des bonnes soeurs, son mariage avec Louis issu d'une famille aisée et influente Bamiléké. C'est toute l'histoire récente du Cameroun qui est vue à travers le regard souvent sans concessions d'Anna : le colonialisme, les guerres fratricides au sein du peuple camerounais, la corruption qui gangrène les classes dirigeantes.

La voix d'Abi se mêle à celle de sa mère, chacune témoignant successivement d'évènements importants de leur vie. le récit d'Abi est plus centré sur son mariage avec Julien, la naissance de son fils Max, et sa liaison récente qui a déclenché un vrai séisme dans sa famille.

Cette première partie du roman est sensible et émouvante, la relation qui unie Anna et sa fille étant décrite avec beaucoup de pudeur. On sent toute la douleur d'Abi qui sait mais n'accepte pas encore la mort prochaine de sa mère.

« Au fond d'elle une voix plus âpre, plus urgente : je ne suis pas prête, je ne veux pas te perdre maintenant, je ne suis pas prête…
Au fond d'elle, la conscience de la fin imminente et de l'inutilité de ses prières. »

Par la suite, une troisième voix vient s'ajouter à celles d'Anna et Abi. Tina est une amie d'enfance de Max, qu'il voit l'été lorsqu'il vient passer ses vacances au Cameroun. Avec Jenny et Ismaël, ils formaient une bande inséparable jusqu'à ce que l'horreur les rattrape.

« Mais nous n'avions aucune idée de la férocité des monstres qui peuplent la terre, comment aurions-nous pu savoir ? »

Cette partie presque entièrement consacrée au témoignage de Tina est beaucoup plus éprouvante et déchirante puisqu'elle décrit les atrocités de la secte Boko Haram. Mécanismes d'endoctrinement, emprise, enlèvements, viols, tortures, attentats, le récit devient saisissant, glaçant. Sa dimension tragique étouffe en partie le début du récit et aurait sans doute méritée un roman à part entière.

Un roman sensible et douloureux, dont la lecture ne laisse pas indemne.

Livre reçu dans le cadre de la Masse Critique de janvier, je remercie Folio et Babelio pour cet envoi.
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Je ne connaissais pas cette autrice et se fut une belle découverte. Je remercie @babelio pour la masse critique et les éditions Folio pour l'envoi.
J'ai beaucoup aimé le découpage du roman. Anna, une vielle femme malade est hospitalisée en soins paliatifs. Alors que son corps lâche, elle se remémore sa vie. Une vie qu'elle n'a jamais raconté à sa fille. Une vie où elle a dû se battre pour devenir ce qu'elle est. À travers son récit, c'est le Cameroun que j'ai découvert : un peu d'histoire, des paysages, des odeurs et des couleurs.
En parallèle de cette histoire apparaît les bribes de vie de sa fille Abi. Les histoires s'embriquent les unes dans les autres et retrace une lignée de femmes fortes.
J'ai beaucoup aimé ce roman pour les réflexions sur les origines et les secrets familiaux, pour les réflexions sur la vie de couple. le tout écrit avec une très jolie plume, très agréable à lire.
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Anna, admise en soins palliatifs dans un hôpital parisien, se remémore son enfance et sa jeunesse dans la campagne camourenaise. A ses côtés, Abi, sa fille, prise entre le désir d'accompagner sa mère et de profiter de ses souvenirs jusqu'au bout et sa propre histoire amoureuse et familiale. Ces deux voix alternent dans la majeure partie du roman, convoquant d'autres personnages clés de leurs vies : la vieille Awaya qui a élevé Anna et , en l'inscrivant à l'école, a fait d'elle une femme instruite qui a pris son avenir en mains. le mari d'Anna, Louis, qui permet à l'auteure d'évoquer la société camerounaise au lendemain de l'indépendance, ses désillusions et les débuts de la corruption politique et économique dans le pays. Enfin Max, le fils d'Abi, qui introduit la troisième génération et donne la parole à Tina, dernière voix féminine du récit , une toute jeune fille rescapée des camps des djihadistes de Boko Haram.

Un roman choral, donc, confrontant les destinées de ces trois générations de femmes sur fonds d'histoire du Cameroun, de la période coloniale aux brutalités de la guerre d'indépendance et jusqu'à la sauvagerie de Boko Haram au Nord du pays : l'attentat perpétré au marché de Kolofata raconté dans le livre a bien eu lieu en Janvier 2015 faisant 150 morts.

Un roman qui donne la part belle aux femmes et qui, au delà de la fiction, nous offre l'histoire d'un pays , le Cameroun, sur lequel personnellement je ne savais pas grand chose. La dernière partie du livre , avec le témoignage de Tina , par son côté plus « documentaire » casse un peu le rythme du roman mais il est, hélas, très instructif ! C'est très bien écrit, d'une écriture sobre , émaillée de certains mots et expressions locales qui nous plongent avec bonheur au coeur du Cameroun.

C'est le 5e roman d'Hemley Boum, romancière francophone camerounaise que je ne connaissais pas et c'est une belle découverte pour moi.

Un grand merci à Nicolas Babelio et aux éditions folio Gallimard.
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Le lecteur sensibilisé par le devenir de l'Afrique et en particulier le Cameroun, puisque la destinée de trois femmes courageuses est intimement liée aux soubresauts historiques et géographiques d'un pays partagé entre la France, le côté oriental et la Grande-Bretagne en traversant des crises sans précédents soumises à la tutelle de l'O.N.U. Il a fallu un référendum en 1960 pour que celui-ci accède à son indépendance, fuir le paternalisme des pays occidentaux néanmoins désireux de promouvoir une certaine évolution sociale sur le critère de la capacité. La femme africaine par son caractère bien trempé, souveraine et Reine absolue de l'éducation de ses enfants portés à bout de bras, ces jeunes africains porteurs d'espoirs de l'Afrique de demain.
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Ce roman suit le parcours de trois femmes en parallèle ; Anna, atteinte d'un cancer, se remémore sa vie passée en grande partie dans son pays natal, le Cameroun. Abi, sa fille, l'accompagne dans sa fin de vie à Paris . Malgré de nombreux conflits familiaux antérieurs, elles se redécouvrent à travers le récit de Anna. Elles se souviennent de Tina, jeune camerounaise, entraînée dans la tourmente fanatique de Boko Haram.
L'auteur nous raconte l'histoire du Cameroun, depuis l'indépendance jusqu'à nos jours à travers les 3 générations des narratrices. On parle de corruption, de fanatisme religieux , des inégalités sociales du Cameroun suite à la colonisation, du pouvoir de l'éducation.
. C'est un tableau complet et documenté du pays.
Elle aborde aussi l'accompagnement d'une personne en fin de vie, les difficultés de Abi face à sa mère, la transmission orale que souhaite Anna envers son enfant, une belle preuve d'amour maternel.
A travers Abi et Max, son fils métis , s'exprime la difficulté d'une éducation entre les deux cultures en France et au Cameroun. Néanmoins, j'ai trouvé le personnage de Abi assez flou, peu attachant. On parle de ses problèmes conjugaux , de sa séparation puis le récit s'arrête pour passer à un autre personnage sans suite.
La dernière partie sur Boko Haram est puissante, douloureuse , glaçante et aurait pu être le sujet principal du livre, évitant certaines longueurs par rapport au reste du récit.
L'écriture fluide nous permet d'alterner facilement du passé au présent ; je garde un beau souvenir de lecture.
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Contrairement à d'autres auteurs africains dont les personnages m'ont souvent perdue en chemin, trop déroutants pour que je m'y attache,
Hemley Boum dépeint des héroïnes très humaines, proches de toute femme dans leurs belles victoires comme dans leurs mauvais choix.
Son écriture est riche, fluide et élégante, j'ai apprécié chaque ligne de ce roman.
En distillant coutumes et expressions locales dans un parfait dosage, elle a le grand talent de rendre l'africanité accessible et compréhensible, et sait nous faire aimer son Cameroun si complexe.
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Roman choral, "Les jours viennent et passent" suit 3 générations de femmes, entre la France et le Cameroun.
Il y a d'abord Anna, née dans un milieu pauvre et rural. Douée à l'école, elle réussira à s'élever grâce à l'éducation des bonnes soeurs. Au lycée, elle rencontrera Louis, idéaliste sensible à la cause des indépendantistes qui finira par se laisser corrompre par le système politique camerounais.
Abi, la fille d'Anna, vit quant à elle une existence privilégiée, en France, qui cache une relation défaillante avec son mari, ce qui ne sera pas sans impact sur l'équilibre de son fils Max, qui partage avec sa grand-mère une intelligence brillante.
Tina, livre, enfin, un témoignage poignant de son embrigadement dans Boko Haram. Amie de Max, elle admire profondément Anna, au point de la considérer comme sa propre mère.
Les voix de ces 3 protagonistes se succèdent et se complètent, de façon non-chronologique avec, en toile de fond, l'histoire récente du Cameroun, de l'indépendance à la montée en puissance du djihadisme.
J'ai particulièrement aimé le récit, à la fois très documenté et émotionnellement juste, de Tina, qui permet de comprendre comment, par désoeuvrement, des jeunes camerounais finissent par se laisser séduire par le djihadisme islamique. Mais aussi la description subtile des relations d'Anna et sa fille, marquées par une volonté de protection qui laisse peu place aux marques de tendresse (à l'inverse de ce qui se noue entre Anna et Tina) ; relations qui évoluent toutefois à la toute fin de vie d'Anna.
Un grand roman, qui propose à travers ses personnages une réflexion puissante sur le colonialisme, l'histoire politique du Cameroun mais aussi sur le lien filial.
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