Roman choral, "
Les jours viennent et passent" suit 3 générations de femmes, entre la France et le Cameroun.
Il y a d'abord Anna, née dans un milieu pauvre et rural. Douée à l'école, elle réussira à s'élever grâce à l'éducation des bonnes soeurs. Au lycée, elle rencontrera Louis, idéaliste sensible à la cause des indépendantistes qui finira par se laisser corrompre par le système politique camerounais.
Abi, la fille d'Anna, vit quant à elle une existence privilégiée, en France, qui cache une relation défaillante avec son mari, ce qui ne sera pas sans impact sur l'équilibre de son fils Max, qui partage avec sa grand-mère une intelligence brillante.
Tina, livre, enfin, un témoignage poignant de son embrigadement dans Boko Haram. Amie de Max, elle admire profondément Anna, au point de la considérer comme sa propre mère.
Les voix de ces 3 protagonistes se succèdent et se complètent, de façon non-chronologique avec, en toile de fond, l'histoire récente du Cameroun, de l'indépendance à la montée en puissance du djihadisme.
J'ai particulièrement aimé le récit, à la fois très documenté et émotionnellement juste, de Tina, qui permet de comprendre comment, par désoeuvrement, des jeunes camerounais finissent par se laisser séduire par le djihadisme islamique. Mais aussi la description subtile des relations d'Anna et sa fille, marquées par une volonté de protection qui laisse peu place aux marques de tendresse (à l'inverse de ce qui se noue entre Anna et Tina) ; relations qui évoluent toutefois à la toute fin de vie d'Anna.
Un grand roman, qui propose à travers ses personnages une réflexion puissante sur le colonialisme, l'histoire politique du Cameroun mais aussi sur le lien filial.