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Citations sur Jours maudits (4)

J'étais un symboliste, un mystique, un réaliste, un néoréaliste ... un naturaliste, et Dieu sait quoi encore. Les critiques m'ont collé tant d'étiquettes que je me sentais comme une valise qui avait fait le tour du globe.

Introduction, page 5.
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7 mars
En ville on dit:
-Ils ont décidé d'égorger tout le monde sans exception partir de l'âge de sept ans, pour qu'il n'y ait plus âme qui garde le souvenir de notre temps.
Je demande à notre concierge:
Qu'est-ce que tu en penses, c'est vrai?
Il soupire:
Tout est possible, tout est possible.
- Mais est-ce que le peuple laissera faire?
- Il laissera faire, cher barine, il laissera faire, et comment! Et qu'est-ce qu'on peut faire contre eux? On dit que les Tatares nous ont dominés pendant deux cents ans, et le peuple alors n'était pas aussi faiblard.
La nuit nous avons marché boulevard Tverskii: sous un ciel nuageux avec des éclaircies, Pouchkine incline bas la tête, d'un air désolé, comme s'il disait de nouveau: Mon Dieu, comme elle est triste, ma Russie!»
Et autour, pas une âme, seuls de temps en temps des soldats et des p...
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«Le plus sacré des titres», le titre « d'homme » est déshonoré comme jamais. L'homme russe lui aussi est déshonoré: vraiment, on ne saurait où se mettre de honte, si notre histoire n'avait connu la gloire des «campagnes d'hiver». Si horrible que soit l'ancienne chronique russe: faction continuelle, ambition insatiable, farouche volonté de pouvoir, baisements de croix mensongers, fuites en Lituanie, en Crimée, pour soulever les mécréants contre sa propre maison natale», messages de servilité réciproque: («Je me prosterne jusqu'à terre, moi, ton serviteur fidèle») dans le seul but de flouer, de duper, reproches méchants et impudents du frère au frère..., pourtant, ce sont d'autres mots, tout à fait différents de ceux d'aujourd'hui:
«Que la honte et l'ignominie retombent sur toi: tu veux abandonner la bénédiction de ton père, les tombeaux de tes ancêtres, la patrie sacrée, la foi orthodoxe en notre Seigneur Jésus Christ!»
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12 avril 1919.

Et le démon de la haine de Caïn, de la férocité et de l'arbitraire le plus sauvage a soufflé sur la Russie, justement en ces jours où furent proclamées de place énorme, en la fraternité, l'égalité et la liberté. Alors, firent aussitôt leur apparition frénésie, folie aiguë. À la moindre contradiction tous se criaient les uns aux autres: «Je vais te faire arréter, fils de pute! J'ai failli être tué, fin mars 1917, par un soldat sur la place Arbat, parce que je m'étais permis une certaine liberté de parole» en envoyant au diable le journal Sotsyal- Demokrat (Le Social-Démocrate) qu'un vendeur m'imposait. Ce salaud de soldat avait parfaitement compris s qu'il qu'il pouvait, en toute impunité, faire de moi ce qu'il voulait: la foule et le vendeur s'étaient tout de suite rangés de son côté: «Au fait, camarade, pourquoi méprisez-vous un journal du peuple, qui défend les intérêts des masses laborieuses? Alors, vous êtes un contre-révolutionnaire?» Comme elles se ressemblent toutes, ces révolutions! Pendant la révolution française aussi, toute une pléthore d'organes administratifs ont aussitôt été créés, tout un flux de décrets, de circulaires ont déferlé, le nombre des commissaires, toujours des commissaires, on ne sait pourquoi, et en général de toutes sortes de pouvoirs est devenu fabuleux; comités, unions, partis poussaient comme des champignons et tous « se dévoraient les uns les autres»; un langage est apparu, tout à fait nouveau, spécifique, « composé exclusivement d'exclamations grandiloquentes mêlées à des injures grossières à l'adresse des sales vestiges de la tyrannie en train de crever... Tout cela se répète, avant tout parce que l'un des traits les plus caractéristiques des révolutions est une soif forcenée du théâtre, du masque, de la pose, de la farce. Le singe se réveille en l'homme.
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