Son destin n’était pas tracé d’avance, il serait exactement ce qu’elle en ferait, son avenir se trouvait entre ses mains.
Mais le fait d’avoir été rejetée – pire : oubliée – par son propre père avait provoqué une insupportable frustration assortie d’un immense besoin d’amour. Et ces sentiments-là, elle risquait de les traîner longtemps avec elle, comme un boulet de forçat.
Parfois les mauvais souvenirs prennent des proportions ridicules, on s’en fait tout un monde.
- Ma femme, puisque tu en parles, je ne me suis pas contenté de la baiser à la sauvette, je l'ai épousée, je lui ai fait des enfants ! Toi, tu comptes épouser ma fille, ou seulement la débaucher ?
- Si elle veut de moi comme mari, je fais rouvrir la mairie tout de suite. Mais je ne suis pas assez stupide pour penser que ça lui ferait plaisir.
Quelle que soit son angoisse d’affronter l’inconnu, elle avait choisi de le faire, elle ne pouvait plus revenir en arrière. Sa vie commençait. Tous les événements antérieurs l’avaient conduite à ce train, à ce départ, et désormais d’autres gens allaient croiser sa route, d’autres amours, d’autres succès.
- Tu couches avec ma fille ? Toi ? Ma parole, tu es un vrai salaud !
- Ta fille est adulte, Guy.
- Adulte et idiote ! Elle l'a toujours été ! Quel plaisir peut-elle bien trouver à sortir avec un type de ton âge ?
- Je ne sais pas. Demande à ta femme, vous avez à peu près la même différence.
Rompre les amarres avait été plus difficile que prévu, plus douloureux aussi. C’était une journée affreuse, qu’elle ne revivrait pour rien au monde, mais n’était-ce pas également sa première journée de vraie liberté ?
À quoi menait donc un coup de foudre s’il n’était pas réciproque ? Uniquement à provoquer des ravages ?
Et il a sorti cet horrible truc, ce sexe qui vous rend tellement fiers d’être des hommes !
Les hommes ne sont plus les seuls à pouvoir prendre du plaisir, de nos jours les femmes y ont droit aussi.