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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dès les premières pages, Elisa se présente comme « la femme de Gilles », elle chérit son homme et ne vit que pour lui, Ils ont deux enfants et elle en attend un troisième.
Gilles est tout pour elle, elle le choie, attend avec impatience son retour de l'usine.
Par petites touches, elle a l'intuition que Gilles la trompe avec Victorine, sa propre soeur.
Devant ce drame elle se refuse à faire un éclat, fait mine de ne rien voir et en arrive même à devenir la confidente de son mari …

Certes, il m'est venu souvent à l'esprit de vouloir secouer Elisa : comment peut-elle accepter cela sans réagir de manière plus brutale ?, mais Madeleine Bourdouxhe arrive à me faire éprouver de l'empathie pour son personnage !
Tout compte fait, ne m'est-il pas arriver de connaître des amies dans des situations comparables, soit acceptant de rester à jamais la maîtresse de l'homme qu'elles aiment, soit continuant à l'aimer malgré ses infidélités soit même et là c'est pire, de le faire même en étant battue par lui,.
il existerait donc une forme d'amour prête à tout pour ne pas perdre l'homme de leur vie ?
Je me rappelle les réactions de nombreuses femmes ne comprenant pas que Anne Sinclair continue à soutenir Dominique Strauss-Kahn

le roman est écrit en 1937, les moeurs ont changé, la femme est plus libre tant financièrement que socialement mais tout a-t-il été modifié pour autant ?

ici Elisa est convaincue que son homme lui reviendra, elle garde donc espoir, ne se résigne pas et adapte ses réactions à cette fin, mais elle en souffre énormément et dans la plus grande solitude. L'auteure nous le fait bien ressentir.
La fin du roman nous amène à la comprendre mieux mais je me refuse à vous la dévoiler…

La facture du roman est on ne peut plus classique. Tout se déroule vraisemblablement dans la région liégeoise, une cité d'ouvriers, la vie y est banale, travail, quelques sorties au cinéma ou en promenade, les personnages principaux sont peu nombreux : Elisa, Gilles et Victorine et en quelques phrases l'autrice nous les définit bien : Elisa, une jolie femme, enceinte de son troisième enfant, qui ne se définit que par son mari, qui se donne à lui car cela le rend si heureux, c'est par elle que nous découvrons toute l'histoire; Gilles, un ouvrier fort, qui succombe à un désir qu'il ne peut contrôler, qui peut se montrer jaloux et brutal, qui ne réalise même pas la détresse dans laquelle il plonge sa femme, qui aime Victorine sans que cela l'empêche d'aimer et de vouloir continuer à vivre avec sa femme, et enfin Victorine plus légère, cherchant plus le sexe que l'amour.

C'est un récit poignant, l'histoire est triste mais nous est relatée sans pathos, ce n'est en rien un roman à l'eau de rose et quatre-vingt-cinq ans après sa sortie, il continue à susciter de l'intérêt.


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Dans ce roman l'auteur fait l'autopsie d'un amour défunt, celui qui unissait Gilles à sa femme Elisa.
Elisa est une femme simple, une mère au foyer et une épouse dévouée corps et âme à son mari qu'elle aime profondément.
Un amour si absolu que quand elle se rend compte que son mari en aime passionnément une autre, elle se tait. Plutôt que hurler sa douleur, elle subit en silence dans l'espoir que son mari lui revienne. Elle craint qu'en parlant, il ne la quitte et préfère souffrir dans la solitude la plus totale.
Son calvaire émotionnel, ses sentiments les plus intimes et complexes sont décortiqués au scalpel sous la plume impitoyable de Madeleine Bourdouxhe.
Bien que publié la première fois en 1937, ce roman reste étonnamment moderne.
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C'est grâce à la lecture de chroniques de blogs auxquels je suis abonnée que j'ai découvert ce roman et il est entré discrètement dans ma liste d'envies et y est resté. Merci donc à Mes pages versicolores et le livre d'après d'avoir suscité ma curiosité sur ce court roman de la littérature belge et d'une autrice que je connaissais pas du tout.

Et, monotone, la vie qui s'écoulait tout naturellement dans le bonheur s'écoula dans le malheur, tout naturellement. (p32)"


Elisa et Gilles forment un couple heureux : lui travaille à l'usine de hauts fourneaux, elle s'occupe de sa maison, de ses deux petites jumelles et du bien-être de Gilles car Gilles est son homme, son amour, elle ne vit qu'à travers son foyer, ses tâches ménagères, la routine de sa vie monotone mais qu'elle aime,  rythmée par celui qui part et revient du travail et illumine ses heures. Alors qu'un nouvel enfant est annoncé, Elisa voit Gilles changé, il s'absente, il devient plus sombre et elle comprend très vite qu'une autre femme est entrée dans sa vie et que celle-ci ne lui est pas étrangère puisqu'il s'agit de sa jeune soeur, Victorine (j'ai trouvé le choix des prénoms des deux femmes très appropriés : la douceur d'Elisa face à une Victorine qui vit sans questionnement ni morale, ne pensant qu'à ses victoires et sa vie). Va alors commencer pour le couple une relation faite d'acceptation, de confiance, d'abnégation mais pourront-ils retrouver ce "bonheur simple" qui les unissait, peut-on sauver les apparences où est-ce que la blessure est-elle plus profonde que ce qu'elle laisse paraître.

Quel merveilleux roman d'amour et de jalousie, un magnifique portrait de femme, un roman sur une famille ouvrière, vivant simplement et se satisfaisant des petits bonheurs que leur offre l'existence jusqu'au moment où la folie amoureuse pousse la porte de leur foyer, que Gilles se confie à celle qui est à la fois sa femme et sa meilleure amie, celle qui peut le comprendre, qui accepte de l'aider d'autant que le ver se trouve dans propre famille. 

Madeleine Bourdouxhe grâce à la simplicité de son écriture restitue totalement à la fois le contexte social, la région (la Belgique ou le Nord de la France), une époque (je le situerai dans les années 1950 alors que la femme est dépendante de son mari car souvent sans emploi,  le quotidien d'une femme au foyer, mais également le caractère d'Elisa qui ne semble exister que parce qu'elle est "la femme de Gilles", sans lui, sans sa présence et son amour, elle n'est plus rien. A force l'usure apparaîtra et pas seulement sur ses mains usées par les lessives et les tâches ménagères mais également dans son esprit et dans son coeur. Jamais un mot plus haut que l'autre, pas de violences, pas de cris mais cela ne l'empêche pas de voir, d'écouter, de traduire ce qu'elle voit, ce qu'elle entend, ce qu'elle ressent et d'agir voulant à tout prix préserver ce qu'elle a de plus cher. C'est profondément intimiste et fort dans le séisme qui s'introduit chez elle.

Certes on peut trouver Gilles égoïste, sans aucun égard pour sa femme, ne se rendant pas compte de la souffrance que la découverte de son infidélité et ses aveux vont provoquer chez elle et face à lui Elisa, écoutant, patiente et dévouée, trouvant des subterfuges pour le guérir du mal d'amour mais ne dit-on pas que l'amour est aveugle et que la maladie d'amour est difficile à guérir et ici cela s'applique pour les deux membres du couple...

"Un homme comme Gilles pleure drôlement : il hoquette deux ou trois fois, presque sans larmes, mais cela suffit pour lui donner un besoin de tendresse, de consolation.... (...) Et il parle. Non point pour lui expliquer à elle, mais pour se soulager lui, il parle avec si peu de précaution, si naïvement que si elle n'était pas prévenue elle ne pourrait résister au coup qu'il lui porte. (p92)"


Alors on pourra se révolter par l'attitude résignée d'Elisa, par celle aveugle de Gilles mais le responsable dans tout cela c'est l'amour quand il rend fou, quand il détruit, quand on croit que tout peut être reconstruit, qu'il suffit de tourner la page. Voilà c'est cela La femme de Gilles, l'histoire d'une femme qui n'a comme seul trésor que son mari, sa maison, ses enfants, sa famille et qui ne rêve que de cela, de retrouver ce qu'elle a perdu et qui ne peut rien envisager d'autres.

Il y a eu une adaptation au cinéma en 2004 de Frédéric Fonteyne avec Emmanuelle Devos, Clovis Cornillac et Laura Smet (film que je n'ai pas vu) mais je ne vous cache pas qu'à la première occasion je le regarderai pour y retrouver j'espère tout le charme du roman où se mêlent la douceur d'Elisa à la brutalité du comportement de Gilles, l'insouciance de Victorine et le comportement d'un milieu familial qu'Elisa tente de préserver malgré tout.

Est-ce encore nécessaire de vous dire que j'ai beaucoup aimé et comme j'aimerai vous inciter à le lire....
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Elisa est la femme de Gilles. Elisa aime Gilles au delà de tout, il est le pilier de sa vie, le centre de sa vie, sa raison de vivre au quotidien. Tout ce qu'elle fait, pense, elle le fait en regard de la présence de Gilles dans sa vie. Elisa porte la promesse d'une vie à venir. Tout est pour le mieux, un rêve de vie...

Et Elisa réalise, un matin, que Gilles ne l'aime plus, ou l'aime moins, ne la regarde plus de la même façon.

Elisa sait.
Mais Elisa a décidé de se taire, juste d'être là et d'être disponible quand Gilles sera à nouveau uniquement son mari...


Je voulais découvrir cet écrivain : magnifique texte plein de poésie, évocateur d'une autre vie, d'autres sentiments, des saisons qui rythment le fil des jours.
Magnifique texte plein d'une douceur triste, de nostalgie, de désespoir aussi.


A découvrir : comme une autre façon d'écrire.
Vous devinez : j'ai beaucoup aimé.
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L'amour que porte Elisa à son "homme" est inconditionnel, entier, sans faille.
Les premières pages du roman sont lumineuses: Elisa parle de Gilles: il est beau, tendre, elle a envie de lui faire plaisir, elle attend chaque jour son retour et les douces caresses de leurs réveils.
Le jour où elle découvre que Gilles porte sur Victorine, la jeune soeur de Elisa, un regard plein de désir sensuel, elle se met à souffrir, elle épie les regards, les déplacements, les mensonges et puis elle parle, elle supporte, elle continue d'aimer.
C'est un texte magnifique, écrit en 1937, et c'est incroyable!
Une sensualité tranquille se dégage de ces pages, le coeur d'Elisa déborde, d'amour et de douleur mais elle offre à son mari une épaule pour pleurer, une écoute extraordinaire.
Une femme douce, si douce...

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Élisa voue un amour inconditionnel à Gilles, son mari. Tandis que celui-ci travaille à l'usine, elle s'occupe de leurs jumelles et du foyer, avant de retrouver l'homme qu'elle aime. "C'est chaque jour la même chose. Gilles sera là dans quelques minutes : Élisa n'est plus qu'un corps sans force, anéanti de douceur, fondu de langueur. Élisa n'est plus qu'attendre." La vie aurait été paisible si Élisa et Gilles avaient pu continuer à s'aimer ainsi, mais il a suffi d'un instant pour que l'homme regarde Victorine, jeune soeur d'Élisa, d'un autre oeil. Et il a suffi d'un second instant, celui d'après, pour qu'ils succombent à la tentation de s'aimer. L'un trahissant son épouse, l'autre sa soeur. Quand Élisa prend conscience de ce qu'il passe, elle décide de mettre sa douleur de côté pour envelopper son mari de tout l'amour qu'elle lui voue, jusqu'à devenir sa confidente quand il désespère face au mur d'indifférence que Victorine installe entre eux. "Gilles souffre par Victorine ; Élisa souffre par Gilles. Et de cette même douleur naît leur connivence."

En une centaine de pages, Madeleine Bourdouxhe dresse le portrait d'une femme forte de son amour, prête à affronter l'adversité dans l'espoir de voir des jours meilleurs. J'ai été particulièrement touché par ce personnage féminin et sensuel, avide de laisser s'épanouir ses sens, émerveillée par la beauté des choses simples qui l'entoure. S'il peut être difficile pour le lecteur que je suis devenu en 2021 de voir une femme assujettie à ses sentiments pour son mari, auquel la tromperie n'est quasiment pas reprochée, j'ai été impressionné par sa force de caractère, qui s'exprime ici par une endurance hors du commun. Et le personnage d'Élisa se charge alors d'une dualité étonnante : alord qu'elle paraît paralysée par son statut d'épouse et de mère, elle y puise en réalité une énergie qui nourrit sa dignité.

Le texte est servi par une narration qui ne s'impose aucune neutralité et qui se fait l'alliée de cette femme qui souffre en silence, mais sans passivité. L'écriture fait affleurer émotions et sensations qui revêtent le tragique de la situation d'une beauté sans pareille.

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La femme de Gilles c'est Elisa. Son homme est tout pour elle, elle est amoureuse comme au premier jour. Il est beau, il est gentil. Il travaille à l'usine, ils ont de jolies jumelles, un bébé en route… bref, ils sont heureux.

C'est sans compter sur la présence de la soeur d'Elisa, Victorine, qui va semer le trouble chez Gilles…

Les amours gnan-gnan ne sont pas ma tasse de thé, la dépendance aux hommes non plus ; alors oui elle m'a agacée Elisa : Son côté épouse parfaite qui attend, sa posture christique de dévouement, de souffrance et de sacrifice… pour « l'amour ».

Mais tout cela est très propice à une grande réflexion féministe, donc roman à mettre entre toutes les mains !

Son charme désuet est très agréable à lire.
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Lu en 2020. Ce roman à la fois tragique et lumineux m'avait beaucoup touchée. Une plume désarmante par son dépouillement, et déroutante par sa véracité !
Un récit absolument prégnant, qui parle d'amour et de passion destructrice, d'adultère, d'égoïsme et de don de soi. Mais qui peut être à ce point digne d'un tel amour ? Comment mériter un tel sacrifice ?!... Il m'avait fallu faire un terrible effort pour essayer de ne pas juger, ni les uns ni les autres, de tenter de comprendre leur cheminement mental et affectif.

(NB : j'avais beaucoup apprécié l'adaptation cinématographique du roman)
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Très beau roman, d'une écriture très fluide et addictive. J'ai été captivée.
Cependant, le personnage d'Elisa m'a pas mal questionné. Je m'explique: Elisa est une femme vivant dans les années 30. Elle a un mari, Gilles, et deux, puis trois enfants. Son travail consiste à gérer ce foyer de A à Z et surtout à anticiper et à répondre à tous les besoins de Gilles. Et elle le fait avec beaucoup d'amour et sans jamais se plaindre et ceci même si elle apprend que Gilles entretient une liaison avec Victorine, la petite soeur d'Elisa. Et ceci a grandement heurté la part féministe qui existe en moi. Je me révolte de constater ce peu d'intérêt que porte Gilles envers sa femme. Et ceci ne sera pas sans conséquence...
Ainsi cette réaction d'Elisa : qui ne dit pas ce qu'elle sait, qui ne se fâche pas, qui attend patiemment que Gilles revienne entièrement auprès d'elle m'est très déroutante. Et cependant, une part de moi s'identifie tout de même à elle... Qu'est-ce que nous sommes prêts à accepter ? Jusqu'à quel point?

Un beau roman qui m'a suscité plein d'émotions !
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Un très joli portrait de femme, l'histoire d'un amour inconditionnel.
Tout en finesse et en poésie.
Commenter  J’apprécie          30




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