- Ah ! C'est une situation singulière. Mais je dois m'en remettre totalement à la volonté de mon époux. Agenouillez-vous. De part la volonté du seigneur de Randon et de Polignac, Barthélemy Mazeirac, je vous investis de la fonction de bayle du mandement du val d'Amblavès. Vous pouvez vous relevez.
Barthélemy obéit, tandis que les vassaux, chevaliers et officiers s'agitaient sur leurs bancs, pas certains de comprendre ce qui se passait, et encore moins sûrs d'apprécier.
La voix du seigneur enfla de façon menaçante :
- J'ai bien remarqué que tu évitais soigneusement de prononcer le nom des participants à l'insurrection, sauf celui des morts. Me prendrais-tu pour un imbécile ?
- Non, sire.
- Alors, tu reste en val d'Amblavès. La corvée n'est pas terminée.
- Ça suffit sire, coupa sèchement Barthélemy. Là c'est moi que vous prenez pour un imbécile ! Je suis votre lige, pas votre esclave.
.../...
- Mais tu es devenu vindicatif !
- Je suis tel que vous m'avez fait.
Randon partit d'un grand rire, ample et généreux :
- J'ai beaucoup attendu ce jour. Je l'ai craint et espéré.
- Moi je ne porte pas la main sur lui, bayle ou pas. Il est le seul à avoir essayé de faire quelque chose pour nous, quand nous étions retenus au château. Sans son intervention, je n'en serais pas ressorti vivant. Toi non plus, Ytier. Je ne porte pas la main sur lui.
- Vous allez être jugés, les informa Ysabellis avant de sortir.
- Jugés ?
- La vicomtesse a parlé de faire venir la Cour.
- On a une chance, alors...
- Ils vont nous pendre ! marmonna Verteil, la voix rendue pâteuse par le sang qui coulait de son nez cassé.
- Un juge mage ne prendra cette responsabilité tant que vous n'êtes coupables d'aucun crime de sang. Gardez espoir, les encouragea Ysabellis.
- Mais ils pourraient nous tuer avant !
- Je vous ai vu. Je connais vos noms. Je témoignerais pour vous.
- Rentrez vite au château, guérisseuse Aelis intervint Barthélemy.