LES RAMIERS
Par les ciels gris ou les ciels roses,
Rasant la cime des palmiers
Ou frôlant les buissons de roses,
Passent les sauvages ramiers.
Ils s’en vont, les ailes tendues,
Sous l’aube ou le couchant vermeil,
Attirés par les étendues
Et les infinis de soleil.
Sous les changeantes latitudes,
Ils demandent à l’horizon
On ne sait quelles altitudes
Ou quelle introuvable saison.
Traversant ainsi les années,
À vols impuissants, mais hardis,
Nous cherchons, pour nos destinées,
Les impossibles paradis.
LES DEUX OMBRES
Deux ombres cheminaient dans une étroite allée,
Sous le pâle couchant d’un jour mourant d’été :
L’une avait sur la lèvre un sourire enchanté ;
L’autre était languissante et de crêpes voilée.
Elles allaient sans but, distraites du chemin,
Cherchant la solitude et son divin mystère ;
Fiancés éternels aussi vieux que la terre :
La Douleur et l’Amour qui se donnaient la main.
LA ROSE
Cette rose, comme pâmée,
Au parfum suave et mortel,
Belle à mettre sur un autel :
Cette rose est ma bien-aimée.
Cette épine, que mon cœur sent,
Sous la douce rose embaumée,
Déchirer sa chair entamée:
Cette épine, teinte de sang,
C’est l’amour de ma bien-aimée.