Être poète
Être poète, c'est aimer
L'idéal rayonnant des choses,
Le soleil, l'amour et les roses,
Tout ce qui naît pour embaumer.
Être poète, c'est comprendre
Ce que le cœur a d'infini ;
Plaindre le pauvre et le banni,
Avoir la main prête à se tendre.
Être poète, c'est souffrir
D'une espérance inassouvie ;
C'est donner mille fois sa vie,
Et pourtant n'en jamais mourir.
LE COLIBRI
J’ai vu passer aux pays froids
L’oiseau des îles merveilleuses,
Il allait frôlant les yeuses
Et les sapins mornes des bois.
Je lui dis : « Tes plages sont belles,
Ne pleures-tu pas leur soleil ? »
Il répondit: « Tout m’est vermeil :
Je porte mon ciel sur mes ailes ! »
L’OCÉAN
L’océan de loin me tourmente ;
Partout sa plainte me poursuit
Aux heures de jour et de nuit,
J’entends sa voix qui se lamente.
On nous dit que les matelots
Se croient à bord sur les chaussées
Et gardent, de leurs traversées,
Le mouvement rythmé des flots.
Je ne vous ai pas effleurées,
Houleuses vagues de la mer,
Mais si triste est mon cœur amer,
Que je crois vous avoir pleurées !
Et je porte là, sous ma main,
Avec les angoisses de l’onde,
La douleur, étrange et profonde,
De quelque sanglot surhumain.