Trois filles arrachées au néant, au motif qu'un homme et une femme se doivent de fabriquer un peu plus qu'eux-mêmes pour échapper au temps, sans penser ni même imaginer un seul instant les malheurs à venir et le cadeau empoisonne que peut devenir une vie. Un cadeau pouvant se révéler bien pire que le néant préalable, qui n'est rien d'autre qu'une absence jamais considérée par les hommes, et pas plus par un dieu. Parce que sortir un petit être du néant d'avant pour lui offrir celui d'après est une immense responsabilité et en sortir quatre, une pure folie. p 201
Le coeur, dans le meilleur des cas, il parade les jours de fête, le temps du premier baiser, mais après la disette s'étend, épouse, s'incruste sur les flancs malingres du destin, et il n'y a plus que le sang qui parle et se déverse. Un sang noir. p 80
Toute ma vie j'ai falli être un homme.
Le coeur, dérisoire métaphore d'un sentiment diffus, empêché, parce que, quelque interprétation que l'on en fasse, le coeur n'est pas d'or,il sert à peu de choses, pour ne pas dire à rien. Le coeur, dans le meilleur des cas, il parade les jours de fête, le temps du premier baiser; mais après, la disette s'étend, épouse, s'incruste sur les flancs malingres du destin, et il n'y a plus que le sang qui parle et se déverse. Un sang noir.
J'aurais beau mettre du bruit sur le silence tout le restant de ma vie, ce serait toujours lui qui gagnerait à la fin.
La vertu sans mérite n'est rien d'autre qu'un déguisement de carnaval.
Les mots ne sont rien face à cela ils sont des habits de tous les jours, qui d'endimanchent parfois, afin de masquer la géographie profonde et intime des peaux; les mots, une invention des hommes pour mesurer le monde.
Cela n'a pas encore eu lieu. Il ne sait rien du trouble. Ce sont des odeurs de printemps suspendues dans l'air frais du matin, des odeurs d'abord, toujours, des odeurs maculées de couleurs, en dégradé de vert, en anarchie florale confinant à l'explosion. Puis il y a les sons, les bruits, les cris, qui expriment, divulguent, agitent, déglinguent. Il y a du bleu dans le ciel et des ombres au sol qui étirent la forêt et étendent l'horizon. Et ce n'est pas grand-chose, parce qu'il y a aussi tout ce qui ne peut se nommer, s'exprimer, sans risquer de laisser en route. la substance d'une émotion, la grâce d'un sentiment. Les mots ne sont rien face à cela ils sont des habits de tous les jours, qui s'endimanchent parfois, afin de masquer la géographie profonde et intime des peaux ; les mots, une invention. des hommes pour mesurer le monde.
(...) Taire les mots. Laisser venir. Il ne resterait alors rien que la peau nue, les odeurs, les couleurs, les bruits et les silences.
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Inspirer la pitié à quelqu'un, c'est faire naître une souffrance pas vécue dans un cœur pas préparé à la recevoir, mais qui voudrait pourtant bien en prendre une part, sans en être vraiment capable.
- Une mère, c'est fabriqué pour s'inquiéter, y a rien à faire contre.