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EAN : 9782253079736
408 pages
Le Livre de Poche (05/01/2022)
3.72/5   1534 notes
Résumé :
Ils sont quatre, nés au Gour Noir, cette vallée coupée du monde, perdue au milieu des montagnes. Ils sont quatre, frères et sœur, soudés par un indéfectible lien. Marc d’abord, qui ne cesse de lire en cachette. Mathieu, qui entend penser les arbres. Mabel, à la beauté sauvage. Et Luc, l’enfant tragique, qui sait parler aux grenouilles, aux cerfs et aux oiseaux, et caresse le rêve d’être un jour l’un des leu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (350) Voir plus Ajouter une critique
3,72

sur 1534 notes
Bol d'air impur au Gour Noir.
Le dernier roman de Franck Bouysse est un pendule irrésistible qui oscille entre le conte et le western.
On n'est pas dans le Grand Ouest, mais dans un bled paumé placé sous la coupe d'un propriétaire tyrannique épaulé par des hommes de mains sales aux mines patibulaires. le casting des sbires rappelle des phénomènes de foire, monstrueuse parade avec un nain reptilien, Snake, une brute gigantesque, le Double, et une sorte de shérif aussi vicieux que véreux, Lynch.
La mégalomanie de ce dictateur provincial va jusqu'à baptiser toutes les rues de son seul nom, Joyce. Pas très pratique pour distribuer le courrier. Tout lui appartient. le barrage, la centrale électrique, la carrière et… les habitants, employés serviles et apeurés, n'osant mordre la main qui ne les nourrit que de misère et d'humiliations. Aucun cavalier solitaire ne va venir à la rescousse, Clint Eastwood n'a jamais trouvé le chemin de cette vallée perdue sur son GPS, campagne des Bermudes repliée sur elle-même, comme un petit animal blessé. Il faut dire que, comme à son habitude, l'auteur ne renseigne ni les lieux ni l'époque de son roman. A croire que Franck Bouysse ne veut pas partager ses coins à champignon. Ou bien, souhaite-il, c'est plus probable, se laisser la liberté d'inventer un monde qui autorise la légende.
Dans cette contrée, plus unis que les 4 mousquetaires, aussi emprisonnés que les Dalton, vivent trois frères et une soeur, soudés par le sang, dans le sang. Leur père, à défaut d'avoir les mots, a la main lourde et la mère est cloitrée dans sa bigoterie. Elle a trouvé Dieu et perdu sa famille. Seul le grand-père, Elie, veille discrètement sur eux. Ce quatuor, qui s'amuse à se suspendre à des cordes du haut d'un viaduc, illumine ce texte sombre. Il y a Marc, avide lecteur battu par son père dès qu'il le surprend en train de bouquiner, Mathieu, plus amoureux de la nature qu'un cycliste grenoblois (je ne sais pas pourquoi je dis ça, enfin si un peu), Mabel, créature de rêve assoiffée de liberté et Luc, esprit lunaire labellisé « idiot du village » qui se réfugie dans l'île au Trésor de Stevenson pour fuir sa différence. Quand la fiction sert de cachette.
Séduit par la Rose de « Né d'aucune femme », j'ai été tout autant conquis par la Mabel(le) de « Buveurs de vent », âpre roman d'émancipation. L'insoumission d'une femme contre ses parents et les ardeurs d'une brute épaisse va allumer la mèche de la révolte de toute une vallée. La soif de liberté de Mabel, contagieuse, va inspirer tous ses cas contacts. le sens de la justice de ses frères et de Gobbo, un marin aux gênes shakespearien va renverser la montagne.
Côté chafouinades, j'ai trouvé le démarrage un peu poussif malgré une réelle qualité d'écriture. L'installation prend plus de temps que le déménagement d'un piano. le récit avance au diesel avant de passer heureusement à l'essence (avec plombs) après le premier tiers du roman.
J'aurai aussi aimé que l'extraordinaire personnage de Joyce, ogre narcissique, soit plus présent dans le roman même si son ombre plane en permanence sur le récit. Que serait James Bond sans ses méchants charismatiques ?
Le dénouement, enfin, digne d'une scène biblique, aurait mérité un récit plus explicite et un ou deux chapitres de plus.
Bon, c'est vraiment râler pour râler, on est en France, mais ces quelques réserves n'ôtent rien au plaisir de lecture et à la puissance de cette histoire.
Je ne partirai pas visiter le Gour noir pour mes vacances mais ce roman bien noir, serré et sans sucre, mérite la lumière de vos lampes de chevet.
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Né d'aucune femme est un miracle. Qu'écrire après un tel chef d'oeuvre ? Avec une droiture littéraire remarquable, Franck Bouysse se renouvelle tout en traçant son sillon avec ce roman dense qui emprunte aussi bien au conte qu'au western contemporain ou à la tragédie biblique. Il s'écarte de son minimalisme habituel pour créer en paysagiste des mots tout un univers géographiquement cohérent, dans lequel il déploie une multitude de personnages.

Cette vallée du Gour est incroyablement vivante et créatrice de romanesque. Une enclave hors du temps figée par l'emprise d'un incroyable despote qui va être traversée par le souffle de la liberté et de l'insoumission d'une de ces héroïnes inoubliables qui est née pour faire bouger les lignes et fissurer les ordres établis jusqu'à leur implosions.
Si j'aime autant Franck Bouysse, c'est pour son talent à caractériser en quelques mots, ces personnages, pour les faire vivre, pour les faire surgir des pages. Je retiens tout particulièrement le magnifique grand-père Elie, Gobbo le marin énigmatique aux milles vies ainsi que le tyran, Joyce, l'entité maléfique qui a piégé les habitants du Gour dans sa toile tissée de paranoïa. Et puis il y a Mabel. Elle pourrait être la petite soeur de Rose ( Né d'aucune femme ), une rebelle qui n'abdique jamais, mais elle, elle n'est pas seule. Elle a ses trois frères, quatuor soudé par des liens d'amour indéfectibles.

Le récit est très sombre, mais c'est un noir à la Soulages. Les pages sont saturées de noir, de drames qui couvent, de tragédies déjà révélées ou prêtes à l'être, mais ce qui intéresse Franck Bouysse, c'est la réflexion de la lumière sur cette obscurité qui agit comme révélateur de l'âme, c'est l'incidence de la lumière sur la surface. le noir peut être lumineux et il l'est sous la plume éblouissante de l'auteur. Son écriture, à la fois onirique et tellurique, vibre de partout. le choix d'un seul mot ou de son agencement dans la phrase décale cette dernière et apporte poésie, étrangeté ou émotion immédiate. A l'image de ce titre, somptueux. A l'image de ce premier chapitre qui crée une image qui reste gravée dans les pupilles durant toute la lecture : le rituel après l'école de ces quatre frères et soeur qui se suspendent à un viaduc au bout d'une corde, attendant l'arrivée du train pour sentir les vibrations, pour percuter leurs rêves et sonder l'horizon. Les phrases de Franck Bouysse se savourent et je m'en suis délectée durant toute ma lecture.

Alors, c'est vrai que le scénario, admirablement mis en place durant la première moitié du roman, m'a moins convaincue sur la fin, trop abrupte là où l'auteur avait pris le temps pour faire vivre son récit. C'est vrai que je n'y ai peut être pas retrouvée l'intensité solennelle de Né d'aucune femme. Pour autant, j'ai été très sensible à ce cri d'amour pour la littérature. Shakespeare, Whitman, Faulkner, Stevenson, London, Verne, autant de références disséminées très clairement dans le récit, à travers notamment le personnage de Marc, le frère lecteur. Tout comme j'ai été embarquée dans ce récit parabolique sur la quête de liberté au-delà de l'emprise des adultes ( qu'il s'agisse de la famille ou de la société ) par l'énergie de l'écriture.

Franck Bouysse confirme sa voix très singulière, celle d'un de nos tout meilleurs auteurs français. Merci.

« Ils s'assirent sous la vaste paupière maçonnée, serrés les uns contre les autres, dessinant à eux quatre l'iris de l'oeil d'un cyclope inscrit dans la pupille laiteuse du ciel, toujours en leur royaume, échappant ainsi à une destinée cartographiée de longue date par les adultes. Ils inspiraient fort buvaient le vent qui montait de la vallée, le recrachant en relents de tempête sous leurs crânes d'enfants. »
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Dans cette vallée coupée du monde, la vie tourne autour du barrage, de la centrale hydroélectrique et de la carrière, propriétés du puissant et tyrannique Joyce. Pourtant, par une sorte d'effet papillon, une suite d'évènements va peu à peu lézarder l'ordre établi, sous l'involontaire impulsion d'une fratrie de quatre jeunes gens, loin d'imaginer ce que leur insoumission va déclencher.


Buveurs de vent confirme la règle : lire Franck Bouysse, c'est toujours plonger dans l'ineffable plaisir d'une écriture dotée d'un vrai style, ciselé, éblouissant, comme il en existe bien peu. A elle seule, cette plume vaut déjà le détour. Quand elle s'allie à une histoire qui sait si bien transcender le registre du rural noir déjà magistralement exploré dans les précédents romans de l'auteur, tout est réuni pour porter l'admiration du lecteur à son comble et pour souhaiter à ce livre les plus grandes récompenses.


Car, tout en restant fidèle à ses sombres drames de la campagne, campés autour de personnages qui cachent leurs cicatrices sous un silence de plomb, dans une nature aussi âpre que splendide, Franck Bouysse réussit ici à se renouveler, sous la forme d'un roman métaphorique qui nous emmène dans un monde imaginaire à l'ambiance travaillée et très particulière. le résultat est un hymne au miracle de la vie et des forces de la nature, une réflexion sur notre façon de mener ou de subir notre existence, une évocation de la puissance du langage et de la littérature, le tout traversé de fulgurants moments d'amour et de constantes références au divin et à la religion.


Combat entre l'ombre et la lumière, ce drame singulier, parfois déroutant, aux multiples miroitements poétiques et métaphoriques, pousse un cran plus loin le talent de Franck Bouysse, plus que jamais maître dans l'art de tenir ses lecteurs sous le sortilège de sa manière de conter et de son inimitable écriture. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Ils sont quatre frères et soeur. Marc, le féru de littérature qui doit se cacher des yeux de son père pour assouvir sa passion ; Matthieu, l'amoureux et défendeur de la nature ; Mabel, magnifique jeune fille à la beauté sauvage assoiffée de liberté et enfin Luc, le petit dernier, l'idiot du village. Tous les quatre unis et plus que jamais soudés. Élevés auprès d'un père à la main parfois lourde et d'une mère bigote qui ne jure que par ses bondieuseries, c'est auprès de leur grand-père, discret mais persuasif et qui a élu domicile chez eux depuis la mort de sa femme, qu'ils peuvent trouver du réconfort. Et ils en ont besoin car, au Gour Noir, l'avenir semble bien sombre. En effet, pas d'autre perspective ici si ce n'est travailler à la centrale qui alimente toute la ville, aux carrières ou pour Joyce, véritable tyran qui possède tout et a même le shérif à sa botte. Et les quatre frères et soeur veulent vivre plus grand et plus fort...

Western contemporain, roman noir, chronique rurale, drame, le dernier Franck Bouysse mélange habilement les genres. L'on suit, durant quelques années, le destin de la fratrie Volny éprise d'amour et de liberté. Si le vent souffle et fait chavirer leur vie et leur coeur, il ne leur sera néanmoins pas facile de s'élever et de s'envoler. Franck Bouysse nous offre (encore) ici un roman remarquable, vertigineux et d'une formidable richesse, aussi bien sur le fond que sur la forme. Si l'histoire des quatre frères et soeur, auxquels s'ajoutent le tyrannique Joyce, le sage Élie ou encore Gobbo, le marin aux mille vies, se révèle tout à la fois passionnante et originale, la plume de l'auteur est tout simplement magnifique, à la fois envoûtante, dense et poétique. L'auteur tisse une intrigue captivante, époustouflante, illuminée par cet amour fraternel si puissant. À la fois sombre et lumineux, un très beau roman d'une rare intensité...
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Très honnêtement, on peut aimer ou non les romans de Bouysse , chacun et chacune d'entre nous ayant sa sensibilité et ses attentes , force est de reconnaître que le voilà bien installé parmi les " valeurs sûres " de la littérature contemporaine, celle qui fédère chaque année un important nombre de fans autour du " dernier roman " , celui qu'on découvre en septembre au moment de ...la chute des feuilles .Tiens , la voilà ma transition : Bouysse , c'est " un rural " , attention , pas " un bouseux " comme s'exclame l'un des vigiles vers la fin du roman . Non , je dis bien , un " rural " au sens noble , un écrivain qui " vit " dans la nature , l'aime , la respecte , s'en sert pour cadre . Dans ce roman , il y a tout , les couleurs , les odeurs , le chaud , le froid , la violence des flots , les oiseaux , les cerfs et , c'est magnifiquement "rendu " , avec cet " art " qui peut irriter certains , basé sur l'ondoiement ou les mouvements reptiliens de phrases qui se succèdent comme celles que pourrait sussurer un amoureux transi aux oreilles de sa belle . . Oui , je crois qu'il y a de l'amour dans le regard du Corrézien ,de la jalousie aussi , il faut bien l'avouer , car ces lieux , bien malin qui pourrait les approcher et se les approprier tant il les place " au milieu de nulle part " , un Eden préservé et dissimulé aux regards envieux ...Celui de Joyce , par exemple , cet homme qui s'est tout approprié, la nature , la ville , les hommes , les âmes. Pas tendre , Bouysse , avec tous ces tyrans qui règnent en maître, s'octroyant tous les droits sur la vie de sujets soumis à leur bon vouloir , et il y en a dans ce récit. Et puis , il y a Martin , le faible , et Martha , la bigote , un couple mal assorti , désabusé, qui traîne avec lui " toute la misère du monde " , ce Martin dont la " pédagogie " se dispense à coups de ceinturons . El la vie avec les quatre enfants de la maisonnée, Mabel , la belle révoltée et les trois garçons si magnifiquement soudés , Luc , " l'idiot (!) du village" , Matthieu et Marc , qui lit en cachette , lancé perpétuellement à la poursuite du " Graal " .Des enfants attachants au destin tracé....Et puis , dans tout ce " melting pot " de destins sans grande perspective . deux êtres tutélaires, Elie , le grand- père dont la bonté n'a d'égale que la sagesse , un homme " au grand coeur " qui ne cessera de nous émouvoir et l'étrange marin aventurier Gobbo...Tous ces personnages vont nous être présentés sans concession, s'affronter sournoisement ou non , feront preuve d'humanité ou de violence , des personnages façonnés " à la Bouysse " ....Des hommes et femmes au Paradis ..ou en enfer ...
En plus de savoir décrire , Bouysse sait traduire les atmosphères campagnardes , la chaleur et la simplicité d'un intérieur paysan , nous donner à humer l'odeur du civet de lapin jusqu'à en saliver et , comme le petit Luc , s'écrier " j'ai faim ...j'ai faim " ou encore nous invitant à suivre la main d'Elie "caressant" l'eau de la fontaine du village .
C'est dans ce registre d'ambiance que l'auteur excelle et se complaît. C'est parfois un peu lent , certes , mais c'est tellement beau . Lorsque la poésie s'en mêle ...
Pour moi , mais , encore une fois , pour moi , c'est un très bon Bouysse .Cependant , si j'en crois vos critiques , il ne vous a pas vraiment déplu , non ?. Merci à mon deuxième Père Noël , ma fille , cette fois .
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critiques presse (5)
LeFigaro
07 décembre 2020
Un roman à l'américaine dans lequel, une famille tente de survivre à la tyrannie d'un propriétaire.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaLibreBelgique
13 novembre 2020
Comme sur les plages où, en pleine nuit, l'océan s'illumine par la magie rare du plancton phosphorescent, les pages écrites par Franck Bouysse (1965) ont ceci de particulier que de leur noirceur émerge une lueur mystérieuse et envoûtante.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
FocusLeVif
19 octobre 2020
Un an après Né d'aucune femme, Franck Bouysse revient avec un ensorcelant Buveurs de vent transcendé par une plume trempée dans de la lave en fusion où l'auteur imagine la légende du Gour Noir, au coeur du Massif central.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
LeFigaro
24 septembre 2020
Un roman à l'américaine. Magique.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
16 septembre 2020
Empruntant, comme les précédents romans de Franck Bouysse, à plusieurs genres (drame familial, western contemporain, chronique paysanne), Buveurs de vent est d’abord le récit lumineux des liens indéfectibles unissant une fratrie.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (368) Voir plus Ajouter une citation
Chapitre 1
Quatre ils étaient, un ils formaient, forment, et formeront à jamais. Une phrase lisible faite de quatre brins de chair torsadés, soudés, galvanisés. Quatre gamins, quatre vies tressées, liées entre elles dans une même phrase en train de s’écrire. Trois frères et une sœur nés du Gour Noir.

À la sortie de l’école, les enfants se rendaient au viaduc fait d’une arche monumentale supportant la ligne ferroviaire et sous lequel coulait la rivière, comme un fil par le chas d’une aiguille. Les soirs de beau temps, le soleil déchirait la surface en milliers de bouches grimaçantes et tatouait des ombres sur la terre craquelée en une symbolique éphémère, qui se déplaçait, pour disparaître au crépuscule, effacée par un dieu idiot. Par mauvais temps, des lambeaux de brume s’effilochaient en fragments vaporeux, tels de petits fantômes hésitant entre deux mondes. De grosses gouttes d’eau se détachaient de la voûte, kidnappant au passage la lumière dans leur course vertigineuse qui les mènerait à la disparition. Dans un grand remous sous le viaduc, une barque de pêcheur arrimée par une corde à un pieu cognait à intervalles réguliers contre une des piles faites de moellons rectangulaires en granit. On aurait pu croire que quelque chose vivait en dessous, donnant ce mouvement qui tendait et détendait la corde, quelque chose comme une entité plus vaste qu’un corps, une entité sans désir, ni jugement, ni hiérarchie même, simplement là pour désigner avec détachement l’espérance des hommes, donner l’illusion qu’il fut un temps où elle n’était pas vaine.
En allant à la rivière, Marc, Matthieu et Mabel repoussaient le moment de rentrer à la maison. Là-bas était si peu chez eux, qu’ils avaient fait d’ici leur royaume. Luc les attendait déjà, depuis qu’il n’allait plus en classe, depuis que l’institutrice avait dit à ses parents qu’elle ne pouvait rien faire pour lui, sur le ton de la défaite. Enfin réunis, ils demeuraient ainsi de longs moments attablés à leurs rêves, donnant chair aux émotions, les nourrissant chacun leur tour, assis côte à côte, comme des chats de gouttière délaissant la gouttière pour accéder au toit.
Du haut de ses dix ans, ce fut Mabel qui la première eut l’idée d’apporter des cordes pour les suspendre en haut du viaduc. Ses frères trouvèrent le projet merveilleux, se demandant comment ils n’y avaient pas pensé avant elle. Ils escaladèrent la voie la moins escarpée, portant chacun deux cordes enroulées autour des épaules, pareils à des alpinistes. Ils atteignirent le sommet du viaduc, dominant en aval la vallée tout entière avec ses carrières, et en amont, la centrale électrique, le barrage, puis une enfilade de maisons, peu à peu devenue une ville ressemblant à un trompe-l’œil quasi immuable, étant donné que nul n’avait le droit de construire un bâtiment supplémentaire, pas même une cabane à poules, sans autorisation.
Les enfants avaient tout prévu. Ils accrochèrent solidement les cordes aux rambardes, deux espacées d’une vingtaine de mètres et deux autres, exactement en face. Matthieu avait proposé de doubler chaque corde, par souci de sécurité. Ils jetèrent ensuite une longueur dans le vide et fixèrent l’autre autour de leur taille. Marc fut chargé de l’arrimage, ayant appris tout un tas de nœuds dans un livre.
Matthieu descendit le premier, pour montrer comment il fallait s’y prendre. Une fois en bas, il fit un signe du bras. Les autres le rejoignirent et tous demeurèrent ainsi accrochés dans ce vide choisi, comme des araignées au bout d’un fil de soie, guettant l’arrivée du train, unis par une entente tacite.
Dès qu’ils entendirent rugir au loin la locomotive, les gamins se mirent à crier, mêlant leurs cris en un seul pour réduire en cendres leurs peurs et communier au sein d’un même bonheur immédiat. Les vibrations produites par la machine lancée à pleine vitesse sur les rails s’accentuaient au fur et à mesure de l’approche, avant de se transmettre aux cordes et de traverser dans la foulée les corps fluets de l’onde de vie la plus pure. La même impression d’échapper au temps multipliée par quatre. Une grande émotion.
Après que le train se fut éloigné, les gamins se regardèrent en silence, leurs corps se détendirent, imprégnés du monde sensible environnant. Au bout d’un moment, Luc se mit à se balancer d’avant en arrière en riant. Les autres l’imitèrent, riant eux aussi, avec la sensation de faire entrer toujours plus d’air dans leurs poumons, mais pas le même air qu’en bas sur la terre ferme. La rivière, les arbres et le ciel se mélangeaient comme s’ils se trouvaient eux-mêmes dans une de ces boules en verre qu’on retourne pour changer le paysage.
Au début, ils délogèrent des oiseaux qui nichaient sous l’arche du pont. Certains vinrent les défier, tels de petits matadors emplumés protégeant leur nichée, ou simplement leur territoire, si bien que, par la suite, les gamins prirent l’habitude de coincer un bâton dans leur ceinture pour se défendre, inventant des bottes secrètes de mousquetaire en riant de plus belle. Un de ces volatiles, un faucon, affirma Matthieu, qui connaissait les oiseaux et tout ce que la nature prodiguait, avait même failli crever un œil à Luc, qui en gardait une cicatrice sur la pommette droite, un fait de guerre dont il n’était pas peu fier et qu’il n’aurait voulu effacer pour rien au monde, allant même jusqu’à gratter la plaie en cachette pour qu’elle laisse une empreinte indélébile, la marque de sa bravoure. Au fil des rencontres, les oiseaux finirent par accepter leur présence inoffensive. Ils ne les attaquaient plus, ne les provoquaient plus, les frôlaient de temps en temps, comme pour les saluer, leur dire qu’ils faisaient désormais partie intégrante de leur environnement, qu’ils en étaient des composants nécessaires à son équilibre ; les surveillant pourtant.
Ils n’étaient encore que des gamins défiant le destin, sans autre idéal que ce moment de liberté absolue, dont ils conserveraient le souvenir jusqu’à la mort. Ils se moquaient éperdument du danger, n’imaginant même pas que la corde pût s’effilocher et encore moins casser. Ils envisagèrent, à tour de rôle et en secret, de couper la leur, mais n’en parlèrent jamais aux autres. S’ils l’avaient fait, peut-être que tous se seraient entendus pour chuter ensemble. Dans le futur, aucun d’entre eux ne pourrait affirmer que le jeu n’en valait pas la chandelle.
La famille Volny habitait une maison de deux étages située au-dessous du barrage et de la centrale électrique. Une fine langue de terre orientée plein sud s’étendait à l’arrière, sur laquelle on cultivait des légumes en respectant les cycles des saisons, ceux de la lune et quelques croyances qui avaient aussi porté leurs fruits.
La maison avait été construite par l’arrière-arrière-grand-père de Martha, la mère des enfants, directement sur la roche. C’était une bâtisse en pierre des carrières du Gour Noir, coiffée d’une charpente en chêne recouverte d’ardoises. Sur une moitié de la façade, un appentis au toit constitué de bardeaux disparates faisait office de porche, et à un angle, les feuilles d’un yucca, dures et effilées comme des baïonnettes, surgissaient en ordre de bataille. Sur le plancher surélevé en mélèze, on avait installé un banc fait d’un madrier posé sur deux tasseaux fixés à la façade pour l’un et à une poutre pour l’autre. C’était là que, depuis toujours, les hommes s’asseyaient pour fumer et que les femmes accomplissaient d’utiles besognes, jamais ensemble.
Chaque année, à l’automne, il incombait aux mâles de vérifier l’étanchéité et la solidité de la construction, de remplacer si besoin les éléments défectueux avant même qu’ils ne provoquent le moindre désagrément. Cette famille n’était pas un cas particulier, il en allait ainsi pour chacune qui possédait une des rares maisons dans la vallée, de sorte que pas une seule semaine ne passait sans que l’on entende résonner dans les environs des coups de marteau, des bruits de scie ou de tout autre outil, comme s’il s’agissait d’instruments de musique à accorder.
L’intérieur de la maison des Volny était constitué d’un étage divisé en cinq chambres de taille identique, sommairement meublées, aux cloisons aussi minces que les parois d’un nid de frelons. Un grenier recueillait, au fil du temps, les objets inutiles et quelques souvenirs épars, que l’on venait rarement invoquer en cachette. Au rez-de-chaussée, une pièce commune faisait office de cuisine et de réfectoire, car personne n’aurait songé à utiliser le terme de salle à manger en observant la famille rassemblée se nourrir silencieusement d’une même bouche, sans plaisir d’être réunis, sans désir apparent. Il y avait aussi une salle de bains et une petite pièce servant de chambre au grand-père, depuis le drame.
Lorsqu’elle était encore en vie, grand-mère Lina racontait aux enfants qu’une araignée gigantesque vivait à l’intérieur de la centrale électrique. Les gamins en observaient souvent, des araignées, dans la nature, de toutes sortes. Ils savaient ce dont elles étaient capables pour piéger des insectes, les trésors de cruauté qu’elles pouvaient déployer. Ils imaginaient la lente agonie des proies, sans jamais songer à les libérer, non par sadisme, mais parce qu’ils ne se sentaient pas le droit d’infléchir l’équilibre naturel, et cela, sans jamais s’être concertés. C’était une autre espèce d’araignée dont parlait la grand-mère, encore plus impitoyable, selon ses dires et la conviction qu’elle y mettait. Elle expliquait avec le plus grand sérieux que les fils que l’on voyait pendre au-dehors n’étaient rien d’autre que sa toile qui se déroulait dans toutes les directions.
Alignés sur chaque pan de mur de la centrale, juste au-dessous de la toiture plane, des hublots noircis de crasse ressemblaient bel et bien aux yeux d’une araignée. Mère prédatrice nourrie des eaux de la rivière, surveillant un ramassis de philistins, qui n’auraient pu désormais se passer de lumière. En éclairant leurs nuits, elle les rendait un peu mo
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Élie avait de l’or dans les mains. Du temps qu’il travaillait à l’entretien de la centrale électrique, il était capable d’effectuer toutes sortes de réparations, améliorant l’existant, inventant, innovant. Son ingéniosité le menait à trouver une solution à chaque problème. Jamais il ne se vantait. Le résultat faisait foi et cela lui suffisait. Sa réputation était grande, mais elle ne franchit jamais les murs de la centrale. Il aurait peut-être pu monnayer ses talents autrement s’il avait eu un peu d’ambition. Il aurait alors fallu partir. Il ne fut jamais tenté pendant que c’était encore possible. Sa dignité résidait dans le fait d’avoir trouvé sa place en ce monde, son rôle à jouer, du moins le crut-il, jusqu’à ce que, précisément, ce monde si précaire s’écroule autour de lui.
À cette époque, Élie faisait équipe avec Sartore, un type fainéant et sournois qu’on lui avait mis dans les pattes, cousin du contremaître, un tire-au-flanc qui picolait dès le réveil et aussi pendant les heures de service. En plus d’assurer son travail, Élie devait couvrir l’incompétence de son acolyte. C’est en essayant de rattraper une des multiples maladresses du poivrot qu’Élie glissa. Son pied droit fut happé jusqu’au mollet par un des engrenages qu’il avait lui-même installés pour entraîner le tapis destiné à alimenter le foyer de la chaudière. Il eut la présence d’esprit d’appuyer sur le bouton du coupe-circuit, pendant que Sartore le regardait médusé, pétrifié par le pied broyé et le sang qui coulait. Sans la sécurité, Élie y serait sûrement passé en entier.
Découvrant le désastre, le chirurgien préféra amputer jusqu’à mi-cuisse pour éviter tout risque de gangrène. L’homme de l’art avait l’air tellement sûr de lui que personne ne trouva matière à discuter et, pour tout dire, il n’en informa personne avant la fin de l’opération.
Par la suite, jamais Élie ne mit Sartore en cause, non par loyauté, mais à cause d’une fierté déplacée. Sartore vint une seule fois lui rendre visite à la maison avec une bouteille d’eau-de-vie enveloppée dans du papier kraft. Élie était assis dans son lit, en sueur. Un drap blanc couvrait le bas de son corps et s’arrêtait au bassin. L’autre ne pouvait détacher son regard de la frontière matérialisée par un relief abrupt donnant sur ce qui n’existait plus.
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On embrasse, on acclimate, on déraisonne, on raccommode, on s'accommode, on marchande, on saisit, on repousse, on ment, on fait ce que l'on peut, et on finit par croire que l'on peut. On veut faire croire aux hommes que le temps s'écoule d’un point à un autre, de la naissance à la mort. Ce n'est pas vrai. Le temps est un tourbillon dans lequel on entre, sans jamais vraiment s'éloigner du cœur qu'est l'enfance, et quand les illusions disparaissent, que les muscles viennent à faiblir, que les os se fragilisent, il n'y a plus de raison de ne pas se laisser emporter en ce lieu où les souvenirs apparaissent comme les ombres portées d'une réalité évanouie, car seules ces ombres nous guident sur cette terre.
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L’œil hésite devant l’harmonie, parcourt, s’en va, revient, ne s’attache pas durablement, voyage à l’infini. L’œil n’hésite jamais face à la rupture, l’évidence d’un contraste, aussitôt attiré qu’il se détache de ce qui l’a précisément attiré, comme repu. L’attraction primaire n’est que vulgarité. Trop de rouge sur les lèvres, sur les joues, trop de fard autour des yeux ; ces vêtements qui parlent à la place des corps, ces démarches qui s’appuient sur d’éphémères désirs. La beauté est une humaine conception. Seule la grâce peut traduire le divin. La beauté peut s’expliquer, pas la grâce. La beauté parade sur la terre ferme, la grâce flotte dans l’air, invisible. La grâce est un sacrement, la beauté, le simple couronnement d’un règne passager.
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Prologue
L’homme et l’ombre de l’homme précédaient la femme sur la pente boisée. Il avançait péniblement, penché en avant, le dos écrasé sous le poids d’un lourd paquetage enveloppé d’une peau de cerf qui contenait les possessions du couple, et des coquillages accrochés à sa ceinture cliquetaient chaque fois qu’il posait le pied sur le sol. La femme ne portait rien sur son dos, mais un enfant dans ses bras. L’enfant ne pleurait pas, il ne dormait pas non plus. L’homme marchait prudemment, d’abord pour éviter les embûches, aussi parce qu’il cherchait d’éventuelles empreintes qui auraient pu témoigner qu’ils n’étaient pas les premiers.
Ils parvinrent au sommet d’une crête. L’homme jeta un regard en direction de la vallée en contrebas, puis il regarda la femme, et elle regarda son enfant. La méfiance gagna du terrain dans les yeux de l’homme. Il voulut continuer sur le même versant, et elle lui saisit le bras. Peut-être tenta-t-elle de le dissuader, prétextant quelque monstruosité enfouie dans les replis de la végétation, qui révélaient par endroits le cours d’une rivière sinueuse aux eaux sombres. Personne n’en sait rien. Personne ne sait non plus s’il lui répondit, ou si une détermination silencieuse suffit à la convaincre de voir ce qu’elle ne voyait pas, à la convaincre d’un rêve naissant, admettre un grand projet sédentaire, et refouler le chaos tranquille de la marche. Personne ne sait, personne ne se souvient, car dans le futur, ni lui ni elle ne songea à écrire leur destinée commune, et la voilà maintenant perdue, et les voilà désormais oubliés, sans existence mythique, sans véritable grandeur.
Ce lieu fut nommé le Gour Noir. On ne sait également pas qui le choisit, peut-être l’homme, peut-être la femme. Sûrement un descendant. Nul besoin d’en dire davantage pour l’instant. Il ne reste qu’à laisser le paysage se déplier à la manière d’une lame de couteau longtemps prisonnière d’un manche gravé de noms et de visages. Tout cela n’est pas si lointain. Il suffit de remonter le mécanisme de l’horloge du temps aux aiguilles arrêtées sur cette heure matinale qui figea l’instant sur le cadran liquide de la rivière, de reprendre l’histoire bien après l’arrivée du premier homme et de la première femme, ce moment où un corps réduit à l’état de cadavre à la gorge tranchée et lavée de tout son sang dériva sur les eaux de la rivière, tourbillonna, se cogna à des rochers, avant de s’empaler sur une branche cassée et effilée par une force tempétueuse. Retourner au bord de la rivière, parmi les descendants du premier homme et de la première femme massés sur les berges, et imaginer ce qui précéda à l’aide de ce qui suivit.
Pas un seul oiseau, pas un seul reptile, pas un seul mammifère, pas un seul insecte, pas un seul arbre, pas un seul brin d’herbe, pas une seule pierre ne fut attendri par la scène. Seul un homme dans la foule en conçut une sourde et incompréhensible peine, qui s’accrocha dans son ventre, comme une prescience douloureuse de sa propre fin, un germe de mort qui allait enfanter un autre monde, conduisant certains à partir et d’autres à rester.
Pour témoigner de ce qui arriva ensuite, il faudrait peindre le silence avec des mots, même si les mots ne suffiront jamais à traduire une réalité, et ce n’est pas nécessaire. Il le faudra pourtant. Témoigner du dérisoire et du sublime. Retourner sur la crête, là-haut, tout là-haut, sur cette crête où apparurent le premier homme au fardeau et la première femme à l’enfant, voici plusieurs siècles, cette femme qui posa un regard plein d’espoir sur ce berceau verdoyant qu’elle croyait fait pour eux, leurs enfants à venir, et tous les enfants de leurs enfants ; et cet homme semblable à une bête endormie à l’entrée d’un terrier, dans l’humble domination des mondes enterrés.
Parmi les hommes présents sur chacune des berges, figés comme des poupées de cire dans un musée, occupés à regarder un cadavre réduit à l’état de brindille fichée dans une autre brindille, se trouvait peut-être et sûrement le coupable du meurtre.
Les regards se croisaient, fuyants, ahuris, suspicieux, entreprenants ou désœuvrés, cherchant tous un indice dans le but d’écrire le scénario qui avait conduit le cadavre à flotter, tentant de deviner quelle puissance l’avait réduit à cet état et poussé dans le courant. Des idées verraient le jour, chacun aurait la sienne, des idées qui parfois se recouperaient, mais dont aucune ne posséderait l’accent d’une vérité sans appel. Faute de preuve.
Dans les jours qui suivirent, quelques hommes eurent bien la tentation de détourner le cours de la rivière, croyant ainsi effacer le cauchemar en commandant au cadavre de remonter le courant et de disparaître. Ils étaient si peu nombreux qu’ils y renoncèrent vite et rejoignirent la masse du troupeau, ne voulant pas être en reste, ni exclus de l’édification du monde nouveau. Puisqu’il s’agissait bien de cela : construire un monde à partir d’un cadavre crucifié posé sur la rivière, en ces heures décisives s’agglutinant comme des mouches sur du papier collant, des heures molles emplies de souvenirs contournés de silence.
Il est temps maintenant de laisser venir une suite de mots, sans désir d’épargner quiconque, pas plus les innocents que les coupables, des mots qui finiront par disparaître, mais qui existeront tant qu’ils habiteront des mémoires.
Au moment où commence cette histoire, ils ne savaient encore rien du monde en devenir, mais le monde ancien les avait enfantés dans l’unique projet de les verser dans un autre. Ils ne savaient rien de l’histoire en train de s’écrire, mais ils étaient tous prêts à en raconter une, à leur manière, avec pour certains des trémolos dans la voix, et pour les autres, suffisamment de fierté pour paraître insensibles. Et c’est exactement ce qu’ils firent : raconter une histoire, celle qui les réunissait enfin, les projetait vers un tout autre but que la découverte de l’identité du coupable.
Qui saurait dire aujourd’hui qu’ils n’y sont pas parvenus ?
Qui oserait ?
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