Citations sur Né d'aucune femme (817)
Si j ai pas entendu mille fois mon père dire que les filles c'est la ruine d'une maison, je l'ai pas entendu une seule.
A quoi bon faire des comptes sur un cahier, si c'est pour faire des soustractions toute sa vie.
Il y a que ce qu'on partage qui existe vraiment, ce qu'on représente pour les autres, même si c'est que ça, parce qu'un simple souvenir vaut rien, qu'il se déforme toujours, se plie de façon à être rangé dans un coin. Les souvenirs, surtout les bons, c'est rien que de la douleur qu'on engrange sans le savoir.
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Mettre bas, c'est à la portée d'une vache, d'une brebis, de n'importe quel animal, pourquoi j'y arriverais pas, vu que je me considère pas plus qu'une bête, je me dis pour me rassurer. Et même si j'y arrive pas, je mourrai, comme des fois les animaux. Ça s'arrêtera alors pour moi et sûrement pour le quelqu'un aussi. La belle affaire. Il y a bien longtemps que je suis convaincue que personne est maître de son destin, et les gens de rien encore moins que les autres.
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Trois filles arrachées au néant, au motif qu'un homme et une femme se doivent de fabriquer un peu plus qu'eux-mêmes pour échapper au temps, sans penser ni même imaginer un seul instant les malheurs à venir et le cadeau empoisonné que peut devenir une vie. Un cadeau pouvant se révéler bien pire que le néant préalable, qui n'est rien d'autre qu'une absence jamais considérée par les hommes, c'est pas plus par un dieu. Parce que sortir un petit être du néant d'avant pour lui offrir celui d'après est une immense responsabilité, et en sortir quatre, une pure folie.
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Il a lâché mon bras et je suis sortie de la chambre. Même à l'âge que j'avais, je savais à quoi m'en tenir avec les hommes, qu'il y en avait deux sortes, ceux avec un pouvoir sur les autres, venu de l'argent ou du sang, ou même des deux à la fois , et puis les lâches. Lâche, comme Edmond. Parce qu’être lâche, c'est pas forcément reculer, ça peut simplement consister à faire un pas de côté pour plus rien voir de ce qui dérange .
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(…) que les rêves sont rien de plus que des rêves, et que ceux qu'on nous vend sans qu’on les rêve soi-même, il faut les fuir à tout prix.
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Parce que vivre, c’est précisément être coincé entre deux éternités, la première qu’on a jamais eu à choisir et la deuxième qui est l’œuvre de Dieu, à ce qu’on dit.
Je me suis mise à prier Jésus, Marie, Joseph et tous les saints de me venir en aide, n'importe qui, de faire disparaître le maître et la vieille, ou même de me faire disparaître, mais il y en a pas un qui à levé le petit doigt, comme à chaque fois que j'avais eu besoin d'eux par le passé. C'est là que j'ai compris, que le diable, lui, il vient sans qu'on ait besoin de l'appeler.
Parce que vivre, c’est précisément être coincé entre deux éternités, la première qu’on n’a jamais eu à choisir et la deuxième qui est l’œuvre de Dieu, à ce qu’on dit.