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Critique de Lamifranz


De toutes les planètes du système solaire, c'est Mars bien entendu qui sollicite le plus l'imaginaire des Terriens. (Remarquez, je dis les Terriens, mais si vous êtes Mercurien ou Jupitérien, ne vous vexez pas, c'est juste parce qu'il y a plus de Terriens sur Terre que de touristes venant des autres planètes, en tous cas pour l'instant). Depuis la nuit des temps, et même sans doute bien avant, Mars, la planète rouge, hante nos nuits et nos jours. Les écrivains de SF se sont rués sur la manne (céleste, forcément) que représentait ce nouveau territoire inviolé (en principe) et à conquérir, parce que nous les Terriens, conquérir, on sait faire. Il suffit de nous dire « Mars » et ça repart sur les chapeaux de tubulures de nos engins (spatiaux, je précise).
Parmi ces écrivains que Mars a fait fantasmer, j'en retiens trois, non pas que les autres ne soient pas dignes d'intérêt, mais ces trois-ci méritent une mention spéciale : Ray Bradbury, le pionnier, avec ses « Chroniques martiennes » (1950) a posé la première pierre de la martiologie (martiologie = étude de Mars, comme géologie = étude de la terre et fédulogie = étude du ménage). Ensuite Kim Stanley Robinson, avec sa somptueuse tétralogie :trois romans : « Mars la rouge » – 1992, « Mars la verte » – 1993, « Mars la bleue » – 1996 et un recueil de nouvelles : « Les Martiens » – 1999) a écrit l'épopée quasi définitive de la planète rouge. le troisième auteur, Ben Bova, moins connu que les deux précédents, est à mon avis le plus attachant.
Ben Bova (1932-2020) est un auteur prolifique dans le domaine de la SF, de tous les cycles qu'il a écrits (et des cycles il en connaît un rayon) il faut retenir « le Grand Tour » qui comme vous pouvez le supposer est l'équivalent du Tour de France, mais pour toute la galaxie. « Mars » en est le premier volume.
« Mars » est le récit de la première mission d'exploration vers la planète rouge, en 2020. Forcément, en 2022, ça fait un peu réchauffé, mais souvenez-vous que le roman a été écrit en 1992, et à l'époque c'était encore de la science-fiction (et ça le reste !)
Contrairement à d'autres oeuvres de SF où la technique prend souvent le pas sur les problèmes psychologiques et purement humains, ici, nous sommes dans une aventure certes scientifique, mais rythmée par les sentiments, les sensations et les états d'âme des personnages : Ben Bova nous rappelle à tout moment que la conquête spatiale n'est pas seulement technologique, elle est aussi profondément humaine.
De l'aventure, il y en a, bien sûr. On ne part pas dans un tel voyage sans s'attendre à de petits désagréments : un équipage d'une douzaine de cosmonautes, spationautes, astronautes etc, amenés à vivre ensemble, sous un commandement-russo-américain, ça ne va pas toujours tout seul, ajoutez à ça les petits inconvénients du voyage, tempêtes stellaires, pluie de météorites, virus inconnu, promiscuité entre hommes et femmes, (la routine habituelle, quoi) et bien sûr le but du voyage, le débarquement sur Mars.
Ben Bova réussit plusieurs tours de force dans ce livre : d'un bout à l'autre il maintient un suspense haletant. Ses personnages sont d'une grande vérité humaine et psychologique, tant ceux qui sont dans la fusée que ceux qui sont restés sur la Terre. le héros principal présente l'originalité d'être un indien navajo, ce qui donne une dimension particulière au récit. le dosage entre technicité et romanesque est si bien effectué qu'on n'a jamais l'impression d'être dans de la science-fiction dure, pas plus que dans un roman « classique », on est dans les deux à la fois …et on s'y trouve bien.
Lisez « Mars » et faites-le lire autour de vous, notamment à ceux qui n'ont jamais osé se lancer dans la SF : c'est une remarquable introduction à ce genre littéraire. Sans parler du plaisir de la lecture.

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