Citations sur L'impossible amour (12)
- […] Si le hasard ne m’avait pas permis de vous rencontrer de nouveau, je crois que j’aurais fini par tout abandonner, mes amis, Paris, et par partir, comme le fit Gauguin, pour une île lointaine.
-Vous avez donc des amis ? demanda Danièle d’un trait, convaincue qu’elle était que tous les artistes étaient des solitaires.
-Non, je disais cela sans penser.
-J’aime cette fille. Peut-on lutter contre l’amour ?
-Parfaitement. Et c’est beaucoup plus facile que de lutter contre la pauvreté.
-Eh bien ! moi, je m’en sens incapable.
-Ne sois pas un enfant.
-Mais si tu la voyais, maman, tu me comprendrais. Elle est belle, comment te dirai-je ? Belle comme le jour. Ses yeux sont bleus, d’un bleu extraordinaire.
-C’est tout ce que tu trouves pour me peindre cette jeune fille ? Je vois, tu l’aimes vraiment.
-Je te la présenterai. Tu la verras. Tu seras éblouie.
-Ah ! cela, permets-moi d’en douter. Je n’ai pas les mêmes raisons que toi de l’admirer.
Jamais il n’avait élevé la voix à la campagne. Aussi, quelle ne fut pas sa surprise de constater qu’elle était à peine aussi sonore que celle d’un oiseau.
Quand un homme est heureux comme je le suis, il ne doit garder rancune à qui que ce soit. C’est moi, Danièle, au contraire, qui dois me faire pardonner mon bonheur.
[Après avoir appris que M. Marondié, le père de son aimée Danièle, est également son père]
Tout s’éclairait autour de lui. En l’espace d’un instant, il s’était senti devenir un autre. Il n’était plus obligé comme avant de compter uniquement sur lui-même. Un père veillerait désormais sur lui, le protègerait, l’encouragerait. A présent, n’allait-il pas être digne de Danièle ? On ne pourrait plus lui reprocher ses origines inconnues. Soudain, il pâlit. Mais Danièle était sa sœur !
Florent Maugas était très susceptible. Aussi fut-il un peu froissé par cette lettre. Mais quand on souffre, ne trouve-t-on pas souvent un apaisement à être méconnu et mal compris ?
Le mariage, à mon avis, ne peut que lui faire du bien. C’est pourquoi, cher ami, j’ai pensé que puisque votre désir, ainsi que vous me l’avez souvent dit, est d’épouser ma fille, il serait peut-être bon que nous fassions le premier pas.
La fortune lui avait tout donné, sauf un titre. On lui avait bien conseillé d’en acheter un, mais il n’avait pas voulu le faire. La noblesse ne s’acquiert pas avec de l’argent, mais régulièrement, grâce à des alliances.
Ce que tu viens de faire est absolument inadmissible. Une jeune fille de ton milieu, ma fille, ne sort pas seule avec un jeune homme que personne ne connaît. Si nous avons autorisé ce monsieur à venir ici, ce n’est pas parce que nous le considérons comme des nôtres, mais simplement pour lui rendre service.
À force de vivre dans un milieu d’affaires, on finit par perdre complètement de vue tout ce qui n’est pas chiffres, intérêt. On finit par penser que l’argent seul compte en ce monde et quand on se trouve, continua-t-il avec une charmante modestie, en présence d’un homme comme vous pour qui, je le devine, les questions pratiques sont autant de problèmes insolubles, on se sent vaguement coupable de quelque chose.