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EAN : 9782859202255
219 pages
Le Castor Astral (01/01/1994)
3.25/5   2 notes
Résumé :
Deux amants en butte à l’hypocrisie de leurs familles et aux pesanteurs d’une société sclérosée et dominée par l’argent. Un récit émaillé de rebondissements tragiques ou désopilants, qui associe la concision du style aux libertés réjouissantes du «roman populaire». Paru en feuilleton en 1935 dans le quotidien Ce Soir, ce roman est publié ici pour la première fois en volume.

Graphisme : Götting

(Présentation de l'éditeur)
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Vous vous souvenez de la lenteur lourde et indifférente de « Mes avis » ? du minimalisme dramatique de « La mort de Dinah » ? Vous ne retrouverez rien de cela ici. Bove devient bovin sans perdre son âme et nous montre qu'à l'instar des petits copains qui réussissent dans le monde de la littérachiotte, il est capable de faire des petits romans sentimentaux qui s'arracheront auprès des bonnes femmes pendant au moins une semaine, le temps de passer à une autre savonnette à la mode. Bove, divin bovin ne pouvant s'empêcher de laisser remonter à la surface sa mélancolique sentimentalité, s'entiche donc d'une histoire d'amour. Sa publication initiale sous forme de feuilleton pour la presse l'oblige à injecter dans chaque chapitre un nouveau rebondissement qui sent parfaitement le chiqué de ce qui allait devenir le divertissement hollywoodien. Bien que nous soyons saturés de ces ficelles qui sont absorbées comme absence de stimulus par nos cerveaux endurcis, essayons de lire ce triste petit livre comme si nous étions vierges d'incroyablement tout.


Comme Denis de Rougemont le démontrait dans « L'amour et l'occident », comme Pacôme Thiellement nous le raconte avec d'autres exemples dans « Sycomore sickamour », il est de tradition dans notre culture humaine de placer la barre du véritable amour à la hauteur de la plus incroyable torture sentimentale : il n'est pas d'histoire d'amour réussie qui ne soit à jamais inaccomplie. Qu'on soit d'accord ou non (sûrement ne le serons-nous d'ailleurs pas, à première vue), c'est à la surface de ce fond diffus de croyances et de légendes que nous voguons la galère, nous laissant rattraper par le cliché insoupçonné plus vite que prévu. Vous l'aurez compris, c'est ce qui se passe dans cette histoire, un homme et une femme amoureux l'un de l'autre ne pouvant se maquer ensemble à cause de différences sociales insupportables pour la famille de la jeune fille. Qu'il est bon d'imaginer qu'à une époque, même pas trop éloignée encore de la nôtre, on pouvait être malheureux en amour sans jamais s'en vouloir à soi-même, sans jamais se dire que l'on ne convient pas à ce que l'autre attendait de nous, sans jamais en venir à se haïr pour celui ou celle que l'on est, mais en accusant simplement l'inertie sociale et le conformisme des classes, ce qui est beaucoup moins blessant pour l'amour-propre de chacun.


Si vous n'aimez pas Emmanuel Bove outre mesure, voire si vous ne le connaissez pas encore par ses autres merveilleux petits bouquins (déjà cités plus haut), ne lisez-pas cet impossible amour, vous auriez l'impression qu'une daube vous est tombée entre les mains, enfin, quelque chose d'un peu mièvre et convenu, ce qui ne donne pas forcément envie d'y retourner. Mais si vous connaissez et aimez déjà ce brave Bove, vous pourrez, comme moi, projeter dans la lecture de ce livre tout ce que vous imaginez de cet homme que finalement nous ne connaissons pas : un type sur lequel s'abattent toutes les émotions les plus dévastatrices et qui reste là sans broncher, un type qui ne déteste pas la vie mais qui n'en voit pas non plus l'intérêt, un type qui aime passer des heures à décrire les pensées des êtres humains et qui les commente de manière à mettre en relief le caractère dérisoire et émouvant de leurs passions.


Merci à Nagui qui a sauvé ce livre du pilori un jour, il y a longtemps déjà.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
-J’aime cette fille. Peut-on lutter contre l’amour ?
-Parfaitement. Et c’est beaucoup plus facile que de lutter contre la pauvreté.
-Eh bien ! moi, je m’en sens incapable.
-Ne sois pas un enfant.
-Mais si tu la voyais, maman, tu me comprendrais. Elle est belle, comment te dirai-je ? Belle comme le jour. Ses yeux sont bleus, d’un bleu extraordinaire.
-C’est tout ce que tu trouves pour me peindre cette jeune fille ? Je vois, tu l’aimes vraiment.
-Je te la présenterai. Tu la verras. Tu seras éblouie.
-Ah ! cela, permets-moi d’en douter. Je n’ai pas les mêmes raisons que toi de l’admirer.
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- […] Si le hasard ne m’avait pas permis de vous rencontrer de nouveau, je crois que j’aurais fini par tout abandonner, mes amis, Paris, et par partir, comme le fit Gauguin, pour une île lointaine.
-Vous avez donc des amis ? demanda Danièle d’un trait, convaincue qu’elle était que tous les artistes étaient des solitaires.
-Non, je disais cela sans penser.
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[Après avoir appris que M. Marondié, le père de son aimée Danièle, est également son père]

Tout s’éclairait autour de lui. En l’espace d’un instant, il s’était senti devenir un autre. Il n’était plus obligé comme avant de compter uniquement sur lui-même. Un père veillerait désormais sur lui, le protègerait, l’encouragerait. A présent, n’allait-il pas être digne de Danièle ? On ne pourrait plus lui reprocher ses origines inconnues. Soudain, il pâlit. Mais Danièle était sa sœur !
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Il a suffi de quelques instants pour que je perde la tête au point que six mois plus tard je suis encore incapable de penser à autre chose. Cela n’est pas naturel. Eût-elle été dix, cent fois plus belle qu’elle ne l’est, que… » Il s’efforçait de penser à autre chose, en vain. Les yeux bleu-ciel de l’inconnue se multipliaient. Il portait les mains à son front. Comme pris d’un vertige, il lui semblait qu’il titubait, qu’il allait tomber. Il tombait. On le relevait. Il croyait entendre que des passants compatissants disaient qu’elle seule pourrait le sauver, qu’il fallait la chercher, la conduire à son chevet, cela par humanité. Une seconde s’était écoulée. Tout cela n’était qu’un rêve, affreux parce que la réalité paraissait si terne après !
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Jamais il n’avait élevé la voix à la campagne. Aussi, quelle ne fut pas sa surprise de constater qu’elle était à peine aussi sonore que celle d’un oiseau.
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Courte vidéo autour de l'auteur de Mes amis, Emmanuel Bove, un pilier de L'Arbre vengeur.
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