Je n'ai pas choisi de résider à Tanger de façon permanente. Cela s'est fait tout seul. Mon séjour devait être de courte durée, après quoi j'avais l'intention d'aller ailleurs, encore et toujours, sans jamais me fixer définitivement. La paresse me fit remettre mon départ. Si je suis encore ici aujourd'hui, c'est uniquement parce que je m'y trouvais le jour où je compris que le monde enlaidissait et que je n'avais plus envie de voyager.
Souvent, pendant les longues heures que j'avais passées à regarder par la fenêtre dans les autocars nord-africains, je m'étais demandé ce que j'éprouverais en voyageant de la sorte dans mon propre pays, en m'arrêtant dans les villes de mon choix, et en séjournant un jour ou deux dans celles qui semblaient les plus prometteuses avant de reprendre ma route.
Je parlais des grifas à mes cousines, et naturellement, elles voulurent en fumer.
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Dans mon histoire, par exemple, il n'y a pas de victoires spectaculaire, tout simplement parce que je n'ai pas eu à lutter. Je me suis accroché, j'ai attendu. Il me semble que c'est ce que font la plupart des gens; les occasions de faire autre choses, se font d'ailleurs de plus en plus rare.