Citations sur Les Dames du Lac, tome 2 : Les brumes d'Avalon (24)
_Si j'avais eu le fourreau que vous avez brodé pour moi Morgane, articula-t-il avec peine, je n'en serais pas là. Je vais mourir, Morgane... par votre faute... vous le savez.... mais je vous aimerai toujours... Morgane... toujours...
"La tête d'Arthur pesait de plus en plus lourd sur ma poitrine, comme celle d'un enfant sur le point de s'endormir, comme celle du Roi-Cerf lorsqu'il s'était allongé sur moi radieux et triomphant. Jamais je n'oublierais ses dernières paroles, imperceptibles vibrations dans l'air diaphane du matin:
_Morgane je meurs heureux... Jurez-moi que nous ne nous quitterons plus jamais... que vous êtes pour moi Morgane la Fée, la Déesse Eternelle!...
"Non, je le jure, je ne vous quitterais jamais plus mon frère, mon amant bien-aimé, murmurais-je éclatant en sanglots en embrassant ses yeux fermés.
_La Déesse ne représente plus rien pour moi, soupira Arthur avec tristesse posant la main sur la garde d'Excalibur. Elle m'était longtemps apparu sous vos traits, mais vous vous êtes détournée de moi Morgane. Rejeté alors par la Déesse, je me suis agenouillée devant un autre dieu!
"Notre destinée à tous deux, pensa-t-elle, est désormais entre mes mains; si Arthur m'apelle et m'avoue qu'il n'a jamais aimé que moi, s'il accepte de reconnaître sa trahison... alors... Alors Lancelot emmènera Guenièvre, et moi, Morgane, serai reine à ses côtés. Un seul mot de lui, un seul mot de tendresse et d'humilité, un mot de pardon et tout peut encore basculer..."
Dans les années qui viennent, les prêtes vont apprendre à l'humanité ce qui est bon et ce qui est mal,ce qu'il faut penser ,ce qu'il faut croire, comment prier. Et cela va durer très longtemps...Mais peut -être les hommes doivent connaître une longue période de ténèbres pour redécouvrir,un jour,la lumière !
J'ignorais si ces paroles me venaient d'ailleurs, si elles correspondaient à la vérité, ou si je ne les prononçais que pour réconforter Arthur, comme je le faisais lorsque jadis Ygerne me confiait le petit garçon en larmes pour le consoler: "Morgane, disait-elle toujours, prenez grand soin de votre frère..." N'était-ce pas finalement ce que j'avais fait durant toute ma vie, et n'était-ce pas la Déesse elle-même qui avait déposé dans mes bras Arthur pour la dernière fois?
Pourquoi donc tant de femmes cherchaient-elles l'amour en dehors du mariage ? Isotta ne quittait pas des yeux Drustan, Morgaux cherchait sans cesse le regard de Lamorak... Quant à elle-même, elle soignait d'une main Uriens et caressait de l'autre Accolon... Pourquoi ? Bien sûr, toutes deux vivaient au côté d'un homme trop âgé, mais Guenièvre, elle, n'était-elle pas infidèle à un mari jeune et beau ? Dans la ronde sans fin de l'immense univers, le soleil était-il à jamais condamné à poursuivre sans cesse l'insaisissable clarté de la lune ?
Des prêtresses s'avançaient à pas lents sur les rivages d'Avalon, élevant leurs torches au-dessus des roseaux inclinés par la brise du soir. Morgane essayait de les rejoindre, mais une force dont elle ne s'expliquait pas l'origine l'empêchait d'avancer. Elle avait l'impression d'être retenue malgré elle sur une rive inconnue et de sentir peu à peu le sol se dérober sous ses pas.
"Je compris alors que ce n'était nullement avec ce Christ-là que je me queraillais depuis toujours, mais avec les adeptes, ses prêtres, qui mettaient insidieusement sur le compte de Dieu leurs idées fausses et leurs mesquineries."
Dans tes veines, dans celles d'Ygerne, dans celles de Morgause, coule le sang du grand Merlin, et plusieurs lignées royales préservées par les druides se trouvent réunies en toi. Mais tu devras t'en montrer digne, car porter en soi un sang royal ne suffit pas à faire un roi : il faut aussi du courage, beaucoup de sagesse, beaucoup de clairvoyance. N'oublie jamais que si un trône peut se gagner par la force des armes ou par la ruse, le Grand Dragon, lui, ne peut se mériter que par sa valeur personnelle, dans cette vie et celles qui l'ont précédée. Mais c'est là un mystère qui échappe à l'entendement des hommes.