Le mémorial des cris perdus

Si les précédents ouvrages que j'ai lus de cet auteur ont tous plus ou moins étaient écrits avec un enthousiasme contagieux pour la beauté de la nature qui nous entoure, je dois dire que celui-ci s'inscrit dans une toute autre lignée. L'homme, tout comme le poète d'ailleurs qui a pour vocation de retranscrire sur papier sur que tout un chacun se pose, a la fâcheuse habitude de se poser des questions auxquelles il ne peur pas répondre. La plus récurrente, je crois, est ce fameux "Pourquoi ?"
Pourquoi la nature humaine est ainsi faite que depuis la nuit des temps, les hommes s'entretuent entre eux et continuent à le faire ? N'ont-ils tiré aucune leçon du passé ? Pourquoi a-t-on peur de ce qui est différent ? Pourquoi tant de haine sur cette Terre alors que nous pourrions tous vivre dans un monde paisible et en harmonie avec lui ? Si mon mari me voyait en train d'écrire cette critique, il me ferait probablement la réflexion suivante : "Parce que c'est comme ça. Redescends de ton petit nuage. Nous ne sommes pas au pays des Bisounours !" et il aurait probablement raison.
Toujours est-il que dans cet ouvrage, le poète et artiste (certaines de ses oeuvres picturales se retrouvent en chaque début de paragraphe), Claude Braun, se pose lui aussi la question. Moins directement peut-être car même si il n'apporte pas de réponse, il pose cependant le problème. En rendant hommage, à travers ses poèmes, à tous ceux qui sont morts trop tôt, et ceux, par la faute de l'homme, que ce soit au dans les camps d'Auschwitz ou de Struthof (pour ne citer qu'eux) au cours de la Seconde Guerre mondiale, que ce soit dans les banlieues d'aujourd'hui, en France ou ailleurs, il les cite un par un (pas tous bien évidemment) pour que l'on n'oublie pas ! C'est en cela que le poète est un "passeur de mémoire", tout comme l'historien mais je trouve cela bien plus engendré dans le rôle du poète qui, même s'il est de parti pris, va a l'essentiel : Ne pas oublier !

Un ouvrage, comme vous l'aurez compris, très sombre mais qui se doit d'exister. Si cela n'avait pas été le cas, l'auteur, comme il le dit lui-même dans sa postface, n'aurait pas abordé tous les thèmes chers à la poésie et, en cela, il n'aurait pas pu accomplir son cycle !
Un ouvrage très criard, fort et puissant et qui ne laisse pas indemne ! A découvrir mais uniquement lorsque vous êtes au plus haut de votre forme et que vous avez un moral d'acier !