AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,5

sur 17 notes
5
1 avis
4
1 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis
Reçu dans le cadre de masse critique, j'avais eu vent de Jean Bricmont lors d'une émission de télé. Wahouh quel essai ! En 162 pages il y a plus de réflexion qu'en 6 mois de salmigondis sur l'affaire valls, diedudonné et par extension sur la question brûlante et essentielle posée par l'essayiste : la France est-elle régie par la censure ? A l'aide d'exemples très éclairants il démontre que les citoyens ne sont pas tous égaux selon leur obédience alors que leur discours est sensiblement identique, je pense aux fiançailles du fils Sarkosy traité par sine hebdo et libération par exemple.
On y croise évidemment Chomsky, et toute une tripotée d'historiens, de rigolos de gauche et de droite, Henry IV...
Au sortir de ce livre on souhaiterait entendre ces auteurs plus souvent, comme ce n'est pas demain la veille, je vais continuer à les lire.
Très bon essai, vraiment.
Commenter  J’apprécie          150
Je remercie Babelio et les éditions de l'Herne grâce à qui j'ai reçu et pu lire gracieusement ce livre. La lecture en a été rapide, accessible et intéressante.

"La république des censeurs" me semblait être tout à fait d'actualité vu les remouds que peuvent faire continuellement des opinions de politiques ou personnalités diverses dans les médias. On parle souvent de "dérapages" et on intente régulièrement des procès médiatiques ou juridiques pour des propos choquants. L'intérêt de ce livre était d'avoir accès à une réflexion un peu poussée tout en restant accessible dans son écriture vu que l'auteur n'est pas un philosophe mais un physicien à la base. Pari réussi.

La république des censeurs développe une thèse assez simple : on ne doit pas réprimer une opinion, qu'elle nous plaise ou pas. Sinon on juge une personne pour délit d'opinion. C'est ce que s'attache à démontrer Jean Bricmont dans son essais de 150 pages.

Le livre est composé de trois parties. La première qui pose les bases légales et philosophiques de la liberté d'expression tout en montrant divers exemples de censures qui touchent des propos actuels en vertu de la Loi pleven (ne pas inciter à la haine raciale, etc). Il est intéressant de penser que la loi pleven est difficilement applicable du fait de son manque de précision. Elle sera forcément soumise à interprétation, ce qui signifie à un avis subjectif, et donc peu probablement à un avis suivant l'esprit de la loi. L'auteur met notamment le doigt sur le fait que selon la personne et le sujet, les propos tenus ne seront pas jugés de la même manière, ce qui est contraire à l'égalité de la loi.

La deuxième partie revient sur la loi Gayssot qui interdit la négation de crimes contre l'humanité établis par le tribunal de Nuremberg. J'avoue ne m'être jamais posée de question sur cette loi et son bien fondé. Or l'auteur nous montre bien simplement que cette loi est injuste envers d'autres crimes commis que l'on est libre de nier. Il y a un effet pervers qui pousse à une hiérarchisation des crimes. L'autre point défendu par l'auteur est l'impossibilité de remettre en cause un fait historique comme si les faits étaient figés et qu'aucune découverte ou travaux de scientifiques ne pouvaient apporter de nouvelle lumière sur un évènement. Cette idée ne nous viendrait pas pour un fait scientifique. Il y a donc une notion de politique, d'idéologie derrière cette loi. de plus, on ne peut pas interdire une idée parce qu'elle est fausse, sans quoi bien des personnes ne pourraient plus parler! Au contraire, il faut profiter de cette erreur pour la rectifier.

Cette partie, la plus importante de l'essai, comporte des longueurs et revient surtout sur les querelles historiques à propos du génocide juif. Pour l'auteur la loi Gayssot a empêché dès sa promulgation une réflexion ou de nouvelles conclusion sur la question des chambres à gaz dans le génocide juif. Ce qui a permis la montée du négationnisme et non pas son éviction selon le principe que la où nous empêche de regarder, c'est qu'il y a anguille sous roche. de même, la montée en puissance de personnalités telles de Alain Soral, Dieudonné ou Eric Zemmour viendrait indirectement de la loi Gayssot et du tabou qui frappe la question des juifs dans la seconde guerre mondiale.

J'ai regretté, et cela dans l'ensemble de l'ouvrage, le manque d'ouverture sur d'autres thématiques que les polémiques touchant à Israël ou à l'antisémitisme. Mais cela provient peut-être du fait que ces polémiques intéressaient plus particulièrement l'auteur et donc qu'il les maitrisait mieux.

Son développement en arrive donc à la conclusion que les lois qui appellent à la censure depuis une trentaine d'années poussent la montée des idées extrémistes puisque la personne accusée, si l'on ne rectifie pas ses propos, est perçue comme une victime et a finalement gain de cause dans l'opinion publique. le mieux est l'ennemi du bien dira t-on. A force de vouloir être bien pensant, et vouloir que l'autre pense de même, on étouffe l'expression de son voisin.

Un petit ouvrage que je conseillerais donc pour une approche des questions liées à la liberté d'expression, aux différences de traitement qui existent selon le sujet que l'on traite, qui remet les pendules à l'heure aux personnes qui jugent des idées et non des faits, ce qui, je pense, arrive à peu près à chaque être humain.

Mais un ouvrage qui ne pourrait se suffire à lui même. L'orientation du discours cible uniquement, ou presque, comme je l'ai dit, les personnalités ayant été inquiétées suite à des propos qualifiés d'antisémites ou antisioniste (ce n'est pas à moi de le juger) et c'est dommage.
Commenter  J’apprécie          90
J'ai découvert Jean Bricmont en 2001, lors d'une conférence avec Noam Chomsky. Je savais dès lors avoir à faire à un auteur engagé.
« La république des censeurs » pose dans un premier temps les bases théoriques de la liberté d'expression au travers une série de citations tirées de textes fondamentaux (souvent ancrés à gauche de la gauche).
Vient ensuite le temps de se penser sur les « affaires » ayant parcouru la France ces dernières années. L'auteur illustre parfaitement le climat de chasse aux sorcières qui s'est installé dans la République et les poursuites judiciaires qui viennent museler ceux qui viendraient contredire la pensée dominante. On est vite frappé d'un sentiment d'injustice quand on découvre que les principes de liberté individuelle, tant chérit par la France et brandis en étendard, sont mis en oeuvre dans un deux poids, deux mesures constant.
Force est de constater la fragilité, mais surtout la subjectivité des lois condamnant des « crimes de pensée », la plupart du temps basées sur des théories sociologiques tout aussi subjectives.
Au final l'ouvrage soulève la question de l'utilité de la censure, pour Bricmont cette dernière est contreproductive puisque non seulement elle ne fait pas taire les idées jugées dérangeantes, mais elles les alimentent et leur accordent une certaine crédibilité en vertu du principe : « Il n'y a que la vérité qui dérange ».
Merci à Babelio et aux éditions L'Herne !
Commenter  J’apprécie          40
Jean Bricmont dresse un état des lieux de la liberté d'expression en revenant sur les différentes affaires qui ont agitées la France ces dernières années ; Zemmour, Mermet, Siné, Israël, le Pen, Dieudo, les lois mémorielles, etc. . . .
Un énième coup de projecteur sur cette censure qui chaque jour gagne un peu plus de terrain dans notre pays.
Remarquons tout de même que toutes ces affaires tournent autour de l'antisémitisme et d'Israël.
Impossible aujourd'hui en France de critiquer objectivement la politique Israélienne sans passer pour un antisémite.
L'antisémitisme : arme de discréditation massive, tout comme le « complotisme », anesthésiant d'esprits critiques !
Commenter  J’apprécie          21
Une citation dont j'ai perdu les références en guise de commentaire :
502 Dans son de la Démocratie en Amérique, Tocqueville avait remarquablement analysé le risque de « tyrannie de la majorité » inhérent aux régimes démocratiques, soulignant combien la démocratie américaine y était organiquement sujette : « Je ne connais pas de pays où il règne, en général, moins d'indépendance d'esprit et de véritable liberté de discussion qu'en Amérique. […] la majorité trace un cercle formidable autour de la pensée. Au-dedans de ces limites, l'écrivain est libre ; mais malheur à lui s'il ose en sortir. »
Commenter  J’apprécie          20
Dévoré en très peu de temps, l'ouvrage c'est avéré particulièrement intéressant. Il est aisé de défendre la liberté d'expression pour ceux qui partagent nos idées, cet essai explique pourquoi il est tout aussi important de défendre la liberté d'expression de ceux qui ont des propos qui nous dérangent, avec lesquels nous sommes en total désaccord. C'est beaucoup plus difficile et c'est ce que Jean Bricmont réussi ici particulièrement bien. Il m'a apporté des clarifications et réordonné dans mon esprit, certaines notions et constats (politique, sociétal,…) mais surtout, il contribue largement à une remise à plat importante de ma conception de la censure. Un essai très appréciable, que j'estime beaucoup !
Commenter  J’apprécie          10
La France est certes loin d'être le pays le plus répressif en matière de liberté d'opinion. N'empêche, c'est un pays occidental où un délit d'opinion peut conduire à la prison, à de lourdes amendes ou à la destruction de livres. Bricmont montre que la loi Pleven et surtout celle du député communiste Gayssot sont inefficaces et, pire, contre-productives à l'âge d'Internet (voir p.ex. la Dieudonné-mania). Bricmont illustre que la pratique des “deux poids deux mesures” (particulièrement en faveur d'Israël) exacerbe les conflits intercommunautaires. La France vit dans une culture profondément imprégnée par la “reductio ad hitlerum”, depuis le vieux “CRS-SS”. Un exemple qui me concerne personnellement : les auteurs du “Livre noir de la psychanalyse” ont été qualifiés d'antisémites et de fascistes, notamment par E. Roudinesco (la journaliste du “Monde” pour les questions psys), parce qu'ils avaient critiqué un Juif, S. Freud. La dernière partie de l'ouvrage porte sur la “gauche morale” et les dérives moralisatrices de la gauche actuelle. Ce livre se caractérise par la précision des références de faits et par la rigueur de l'argumentation.
Commenter  J’apprécie          10
Puis-je parler mais pour quoi dire ?

La liberté d'expression, si chèrement acquise par notre civilisation est largement débattue dans cet ouvrage et l'auteur nous interpelle sur cette question fondamentale.
Ou sont les limites à cette liberté et qui peut juger ? Comment punir et la Loi peut-elle suppléer à ce droit ?
Et que dire de la censure ?

Alors peut-on tout dire, tout exprimer librement, doit-on punir autrui pour une remarque caustique, et l'humour, l'autodérision, qui sont ces hommes qui définissent ces lois ?

En attendant, lisez, réfléchissez, et tournez ...votre langue dans votre bouche avant de parler !!
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (49) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
853 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}