"Elle est la ménagère parfaite que sa mère lui a appris à être au village, parce que la Pauvreté enseigne aux filles à se servir de tout ce qu'elles ont sous la main,tout récupérer, ne rien gâcher, être attentive à tous les détails.
Elle aspire à autre chose. Vivre Vraiment et Vivre Libre ......"
" Des années de contact avec la peau humaine donnent au bois le plus grossier une teinte noble et semblable à l'ivoire. Il en va de même pour les mots .
Il faut leur appliquer une" paume tiède "et ils se transforment en un "trésor vivant ".
Faire en sorte que ce soit les personnes elles-mêmes qui accomplissent les gestes de leur humiliation, de leur destruction, est une dimension du totalitarisme. (p. 86)
Les livres sont les meilleures armes de la liberté. Et la liberté s'apprend.
Les livres sont les meilleures armes de la liberté.
Quand on les laisse libres, les enfants ont des tas d'idées à eux, ils inventent, ils ont la capacité de s'opposer, ils reconnaissent l'autorité légitime.
p.96 et 97 Ce sont les deux heures les plus importantes de ma vie, dit Jenny.
Deux heures, un temps arrêté durant lequel ma mère me dit tout ce qu'elle pense devoir me transmettre, tout ce que je dois savoir, tout ce qu'elle sait de la vie, des hommes, de l'amour, des enfants, du sexe.
Quelques jours plus tard, les wagons à bestiaux remplis de quatre cent mille déportés hongrois qui vont mourir traversent la Slovaquie.
La traduction m'a définitivement libérée, dis Jenny, à propos de ce livre presque insupportable tant il n’épargne aucun détail à ses lecteurs.
J'ai sans doute, bien tardivement, à travers ces pages, accepté l'assassinat de mes parents, page à page, mot à mot.
(page138-139)
Trouver son chemin toute seule, jenny a-t-elle jamais fait autre chose ?
Pendant toutes ces années où elle est devenue une institutrice réputée dans toute la région parisienne et même bien plus loin, elle n'a jamais voulu d'autres classes que le cours préparatoire.
Il y a un avant et un après l'apprentissage de la lecture. C'est ce passage qui l'a toujours passionnée. L'inscription des lettres, des mots, du sens .
(...)
Vivez et espérez. C'est plus qu'un testament, un mantra. (p.153)
p.147 et 148 Je n'ai jamais rien fait d'autre qu'appliquer, avec plus ou moins de réussite et de grâce, les principes auxquels je tiens. Les appliquer à la vie de tous les jours. Je ne crois à rien d'autre. La créativité partagée jour après jour, dessin après dessin. L'égalité entre les enfants, jour après jour, incident après incident. La lutte contre les peurs, qui sont toujours peurs de l'inconnu et peur de l'autre et peur de soi-même et honte.
La hiérarchie illégitime : les inspecteurs, les directeurs, les petits caïds, ne m'ont jamais fait peur.
Je ne vois pas d'autre manière de préparer l'avenir. Lutter contre la peur, c'est difficile.