Après les recherches sur les circonstances locales qui déterminèrent l'art de Matsys, il est temps de passer à l'étude de cet art lui-même. Malheureusement nous nous heurtons dès le premier pas à une grosse difficulté: l'absence totale, pour la période de jeunesse, d'oeuvre signée ou qu'on puisse identifier de quelque autre manière. Nous avons dû, par conséquent, recourir exclusivement à des analogies de forme ou de style. Le rôle le plus fréquent des peintres antérieurs était la confection de madones pour les églises ou pour les dévotions familiales. Là, il s'agissait, pour les artistes, moins d'accentuer leur conception personnelle que de satisfaire le goût du public, et cela en ne s'éloignant pas trop de la tradition.
L'intérêt qui s'attache au nom de Quinten Matsys ne vient pas seulement de sa valeur personnelle en tant qu'artiste, mais aussi de ce qu'il est le centre où converge tout un grand faisceau d'évolutions diverses. Tout bien pesé, la psychologie de la Renaissance germanique reste encore, dans son ensemble, à écrire. La lumière et la clarté qui règnent au delà des Alpes, semblent avoir fait sentir leur influence jusque dans le domaine de l'histoire de l'art; cela ne dépend certes point uniquement de ce que cette science a un faible pour l'Italie, mais tient à des causes profondes, inhérentes au sujet même qu'elle étudie.
Dans l'art de Matsys se reflètent toutes les tendances contraires qui régnaient dans une métropole telle qu'Anvers aux environs de l'année 1500; mélange étourdissant de civilisations, relations lointaines, temps féconds en événements, tout cela contribue à en rendre le spectacle des plus intéressants.