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Citations sur Cuisine tatare et descendance (22)

En Allemagne, beaucoup de femmes ne prenait pas soin de leur apparence et, pour moi, c'était un jeu d'enfant que de les éclipser. On aurait pu prendre n'importe quelle femme par hasard dans la rue - j'étais mieux habillée qu'elle, mieux maquillée et j'avais des formes plus alléchantes et mieux mises en valeur que la plupart des jeunes autochtones.
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“On m’a dit que vous collectiez des recettes”, ai-je dit dans l’espoir qu’il
s’arrête ainsi de manger. J’avais déjà des haut-le-cœur. Pour Sulfia, c’était
plus facile : en tant qu’infirmière, elle était habituée à pire.
Enfin, Dieter a fait glisser sa gorgée de vin au fond de son gosier.
“Tout à fait, tout à fait, a-t-il répondu de sa petite voix fluette.
— Et que comptez-vous en faire ?”
Il a saisi un coin de la serviette posée sur ses genoux et s’est tamponné les
lèvres pour en essuyer le gras.
“J’écris un livre, a-t-il déclaré.
— Et sur quoi, puis-je vous demander ?
— Sur les recettes, les recettes de cuisine, a dit Dieter. Les recettes anciennes, traditionnelles.
— Et ces recettes, qui devra vous les cuisiner ? Votre femme ? ai-je
demandé sans y croire.
— Je suis quelqu’un qui n’est pas marié avec une femme, a répondu
Dieter dans son drôle de russe.
— Votre mère, alors ?
— Dieu m’en garde.”
Je commençais à avoir mal à la tête. Dieter a souri d’une oreille à l’autre.
“C’est moi qui cuisine, a-t-il dit. Oui, moi, moi.
— Oh”, ai-je fait. Face à moi se tenait un vrai crétin venu de loin –
comme si nous n’en avions pas suffisamment ici.
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L'Allemagne, c'est un pays comme il faut, lui ai je dit. Il paraît que là-bas, on shampooine les rues.
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(Kalganov) ... il avait un rêve : réunir tous les êtres humains, les couper de leur milieu, les libérer de tout ce qu'on appelle les racines culturelles comme on se déchargerait d'un poids gênant. Il était d'avis que toutes ces différences étaient sources de discrimination.
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Hum ! Rosalinda, un diplôme russe de pédagogie en poche, est contrainte d'émigrer en Allemagne pour offrir un meilleur avenir à sa petite fille ? Par petite touche hilarante, nous découvrons ce personnage... plutôt repoussant mais je remercie l'auteur et la traductrice de m'avoir offert des moments d'éclats de rire !
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En secret, je m'étais agenouillée dans la salle de bains et j'avais demandé à Dieu de me venir en aide. Je voulais juste que mon futur mari ne se mette pas dans l'idée d'épouser cette fille avant que je ne sois moi-même en âge de passer devant M. le Maire. Mais Dieu avait une fâcheuse tendance à exagérer. Et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, la petite amie de mon futur époux était morte d'une tuberculose.
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Je suis allée voir Aminat qui, depuis trois jours, campait dans son lit et lisait des bandes dessinées. J’ai commencé : « Aminat, ma petite-fille, toi qui es la fille de ta mère Sulfia, si tu ne te lèves pas tout de suite et tente de combler quelques-unes de tes lacunes, tu ne deviendras jamais un médecin célèbre. Tu n’auras jamais de cabinet étincelant de propreté et fleurant bon le désinfectant, ni de carnets de rendez-vous surchargés.
- Je m’en fiche », a dit Aminat.
Du coude, j’ai écarté Sulfia : « Mais moi, je veux que tu sois médecin !
- Si c’est si important pour toi, tu n’as qu’à devenir médecin toi-même », a dit Aminat et elle s’est replongée dans son album.
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J’ai essayé de comprendre ce que Dieter était venu faire dans notre ville.
C’était le premier étranger à qui j’avais affaire. Sulfia a expliqué qu’il était
plus ou moins journaliste et qu’il écrivait plus ou moins un livre.
“Un livre sur quoi ?” ai-je demandé. J’avais déjà entendu parler de
journalistes étrangers, mais jamais en bien. Ils pénétraient sans autorisation
dans nos orphelinats ou nos prisons et écrivaient des articles sur la prostitution ou l’épidémie de sida.
Sulfia a expliqué que Dieter écrivait sur les cuisines.
“Sur quoi ? ai-je demandé.
— Sur les traditions culinaires”, a dit Sulfia. Il avait déjà parcouru le Caucase et projetait maintenant de visiter les villages de l’Oural à la recherche des vieilles recettes de notre nation pluriethnique.
“Des recettes ?” ai-je demandé, perplexe. Cela faisait belle lurette que nous avions tous les mêmes recettes, ici : pâtes au beurre, saucissespommes de terre, porridge et compote de la veille, thé accompagné de pain d’épices rassis. Quand on n’avait pas de relations, on devait se contenter de ces seules denrées
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Je portais toujours des talons hauts. Sulfia n’en portait jamais. Ce dimanche-là, elle avait aux pieds une paire de croquenots qui tenaient à la fois des pantoufles et des tennis. Et c’était mon gendre, nous a-t-elle expliqué, qui lui avait rapporté ces chaussures des États-Unis. Des ÉtatsUnis ! Est-ce qu’on portait vraiment des horreurs pareilles, là-bas, ou est-ce que c’était ce qu’il avait trouvé de moins cher ? Si mon mari m’avait offert des chaussures aussi laides, je lui aurais interdit pendant plusieurs semaines l’accès au lit conjugal.
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“Et où en est votre travail ?” ai-je demandé à mon gendre qui avalait bruyamment sa chulpa. — Là où je l’ai laissé”, a-t-il répondu en éclatant de rire. Je ne savais toujours pas que penser de lui. Il mangeait pour quatre et faisait sans arrêt remarquer à Sulfia que ce qu’elle servait n’était pas aussi goûteux que les spécialités tatares que j’avais préparées. Il voulait qu’elle lui fasse aussi de la cbulpa. Ou même n’importe quelle autre soupe.
“Elle ne s’est jamais beaucoup intéressée à l’art culinaire, ai-je dit. — J’avais remarqué.” Mon gendre a ri. Aminat l’a imité. Je les ai tous deux gratifiés d’un regard sévère. Se moquer de Sulfia, moi seule en avais le droit. “C’est qu’elle a d’autres centres d’intérêt, voilà tout, ai-je dit. J’ai encouragé chez ma fille d’autres talents… comme…” J’ai regardé Sulfia en me demandant quelles qualités pourraient justifier qu’elle soit une si mauvaise femme d’intérieur, mais je n’ai rien trouvé. La vérité, c’était qu’elle avait toujours été tire-au-flanc, comme son père.
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