Citations sur Jaloux (28)
Le temps avait beau être calme, il savait qu'au loin, quelque part, la tempête rassemblait ses forces et se chargeait d'humidité, aspirant l'eau de la mer avant de la déverser sur terre.
— Comme d'habitude, Parker force le trait, répondit le vieil homme. Mais je dois admettre qu'il y a là une part de vérité. Si vous grattez un peu, vous découvrirez, chez toutes les familles implantées depuis longtemps dans le Sud, au moins un ecclésiastique, un fou, un hors-la-loi et assez d'alcool pour mettre à flot une armada.
Une relation s'établit sur certaines fondations. Une fois détruite, il est ensuite malaisé de la reconstruire sur de nouvelles bases sans détruire en même temps la relation première.
Et les histoires de vengeance, c'est bien connu, donnent toujours lieu à des rebondissements.
Le talent, vous naissiez avec ou vous naissiez sans. Mais le talent seul ne suffisait pas. Il fallait fournir des heures et des heures d'efforts pénibles pour l'éveiller et l'exercer, pour écrire cette fameuse « phrase essentielle » qui semblait si évidente lorsqu'on la lisait.
Simplicité trompeuse. On ne parvenait pas à un tel niveau en claquant des doigts. L'écriture était une activité exigeante, solitaire et éreintante. Un écrivain explorait les galeries de son cerveau comme un mineur celles de sa mine, utilisant les mots en guise de pioche. Une semaine de labeur ne rapportait parfois qu'une maigre pépite, et vous pouviez alors vous estimer heureux et verser des larmes de gratitude.
— Sa muse s'est envolée.
— Je n'irais pas jusqu'à des considérations aussi mystiques. Je dirais plutôt qu'il fait sa tête de mule, comme d'habitude. Et comme toutes les mules, il a besoin d'un bon coup de bâton.
Comme la plupart des habitants du Sud à l'époque. Femmes, enfants, Noirs, Blancs, tous luttaient pour survivre. La faim ne fait pas de discrimination.
Les jeunes n'avaient pas le temps de penser à la mort. Ils étaient trop occupés à vivre. A étudier. A gérer leur carrière. Se marier, divorcer. Lever leurs enfants. Ils n'avaient que faire du terme de tout cela. C'était un concept qu'ils gardaient en réserve pour un avenir lointain. De temps à autre, il pouvait leur arriver d'y songer et d'en ressentir un certain malaise, mais leur attention se tournait bien vite vers d'autres problèmes liés à la vie, et non à la mort.
Impossible de se focaliser sur ce qu'il venait d'écrire. Les phrases lui faisaient à présent l'effet d'un incompréhensible embrouillamini. Dans un effort pour leur attribuer un sens, il se força à relire chaque mot. Mais il avait beau se concentrer, rien n'y faisait. C'aurait aussi bien pu être du sanskrit.
Combien ne supporteraient pas d'être tournés en ridicule par les critiques, combien ne pourraient endurer les revirements constants des lecteurs, la pression de devoir répondre à leurs attentes, le fait de se dire qu'ils n'ont aucun talent et qu'ils en trouveraient la confirmation dans les articles de presse ? Combien d'écrivains sont des alcooliques finis ? Combien, même, se font brûler la cervelle ?